“Le Canari” : la bédéiste Constance Lagrange explore sa douloureuse histoire familiale
Cette histoire, celle des Juif·ves de France et de la Shoah, a déjà été racontée, sous d’autres formes, avec d’autres protagonistes. Pourtant, alors qu’elle est bien connue, le révisionnisme veut nous la faire oublier. Si Le Canari s’inscrit dans un devoir de mémoire, il s’agit avant tout d’un émouvant récit intime qui débute en 2022, au cimetière.
L’autrice enterre, sans larmes, sa grand-mère Dora avec qui les rapports ont été compliqués depuis l’enfance – son aïeule la surnommait “la petite moricaude”. Mais avant sa disparition, la dessinatrice est partie à la recherche des fantômes qui hantaient Dora, ainsi que la belle-sœur de celle-ci, Simone. Au milieu de cette bande dessinée admirable et tout en retenue, l’autrice se met en scène en proie au doute, s’interrogeant sur la direction qu’elle doit prendre pour aller au bout de son histoire familiale.
Il est heureux qu’elle ait fini par la trouver, tant elle parvient à jouer avec la chronologie sans jamais nous perdre. Son souci de la concision rend également chaque séquence forte. Elle alterne ainsi entre ses propres souvenirs, qu’elle restitue avec des couleurs et un trait réaliste, et ceux de ses aînées, délivrés dans un noir et blanc plus dramatique façon lavis.
Le Canari de Constance Lagrange (Seuil/“Traverse”), 104 p., 19,90 €. En librairie le 26 janvier.