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Январь
2024

Face au mouvement des agriculteurs, les élus de Haute-Vienne presque unanimes : « Il faut leur rendre leur dignité »

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« À titre amical », parce qu’il « en connaît un certain nombre », le président de Limoges Métropole Guillaume Guérin est l’un des premiers dirigeants politiques à s’être rendu à la rencontre des agriculteurs, mercredi soir, à La Croisière.

« Il y a une multitude de facteurs qui expliquent cette situation, détaille-t-il : économiques, humains et financiers. La question du GNR, par exemple, serait facile à régler et constituerait un signe d’apaisement. Nous faisons aussi face à une surtransposition des normes européennes. Mais la principale raison de leur mal-être, c’est que les agriculteurs sont mal rémunérés et ne dégagent pas suffisamment de marge. Et pour cela, il faudrait que le gouvernement mette la pression sur les industriels et la grande distribution. »

 

— Guillaume Guérin (@GG_Guerin) January 24, 2024

 

Sur ce sujet précis, le retard pris par la future loi de programmation agricole (LOA) ne permet pas, pour l’heure, de répondre aux attentes des exploitants agricoles. Chargée du texte pour l'opposition de gauche, la députée insoumise Manon Meunier décrit les ébauches du texte comme « une petite loi avec des mesurettes ».

« Il était question de la création d’un bachelor pour la formation des agriculteurs et de visites d’enfants dans les fermes, explique l’élue de la très rurale 3e circonscription de Haute-Vienne. Mais il n’y avait pas de mesures intéressantes dont les agriculteurs ont actuellement besoin. »

« La mise en concurrence déloyale des agriculteurs français »

Auteure d’un rapport sur la ruralité, la députée est également corapporteur d’une mission d’information sur les dynamiques de la biodiversité dans les paysages agricoles, dont le contenu a été révélé mercredi.

Avec son collègue Damien Maudet, elle a publié un communiqué appelant à la mise en place de prix-plancher et le retour des quotas d’importation, ainsi que la sortie des productions agricoles des traités de libre échange et éviter ainsi « la mise en concurrence déloyale des agriculteurs français avec nos voisins européens, voire avec les agriculteurs canadiens, chiliens ou néo-zélandais », écrivent les députés insoumis.

 

— L'Union Populaire 87 - LFI (@unionpopu_lim) January 25, 2024

 

Damien Maudet, qui promouvait le “French steak” dans les cantines, en septembre dernier, s’est aussi entretenu avec le président local de la Coordination rurale. Les parlementaires insoumis pourraient rencontrer des agriculteurs dans les jours qui viennent, alors que le président de Région, Alain Rousset, recevra la FNSEA, en début de semaine prochaine.

Du côté des sénateurs, la socialiste Isabelle Briquet fait partie des élus qui réclament « la constitution d’une commission d’enquête sur la question des revenus agricoles et des relations commerciales agroalimentaires ».

« Il n’y a pas de pays sans paysans »

« On parle beaucoup des normes, souligne la sénatrice, mais la question de fond, c’est avant tout une crise économique et commerciale. À un moment où les industriels et les grandes enseignes mènent une guerre des prix, les agriculteurs sont les premières victimes. Il ne faudrait pas que l’aspect normatif cache tout le reste. Elle peut s’améliorer, mais elle est aussi parfois salutaire. Mais c’est plus facile de parler de ce sujet que de s’attaquer aux relations commerciales et aux revenus de la grande distribution. »

 

— Sénatrices et sénateurs socialistes (@senateursPS) January 24, 2024

 

Si les solutions et les visions économiques diffèrent, le soutien des politiques envers les agriculteurs est unanime.

« Il n’y a pas de pays sans paysans, mais quand j’entends certaines propositions, je me dis qu’il faut savoir de quoi on parle, conclut Guillaume Guérin. Les agriculteurs font un des métiers où on se suicide le plus. Il faut leur rendre leur dignité. »

 

Sébastien Dubois