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Январь
2024

Comment s'en sortir convenablement en production laitière ? La Corrèze veut croire dans cette filière

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« La crise des années 2010 a tout changé pour les exploitations laitières corréziennes », analyse Régis Destruel.

Ce fils d’agriculteur, conseiller technique à la Chambre d’agriculture, a connu l’avant et l’après 2010 et la dégringolade du prix du lait. « Entre les cours du lait en baisse et l’augmentation des intrants, des aliments, on a perdu 80 exploitations. D’autres exploitations ont dû se restructurer, se diversifier. »

Avant 2010, la plupart des exploitations corréziennes vivaient avec 30 ou 35 bêtes sur 30 hectares. Et ça suffisait. Ce schéma n’est plus viable aujourd’hui. Pourtant, le lait a un bel avenir en Corrèze. En tout cas, la Chambre d’agriculture y croit : « Il y a une demande forte sur le lait depuis plusieurs années, le marché cherche du lait », affirme Régis Destruel. Pour preuve, la présence sur le département de sept coopératives qui collectent la centaine d’exploitations laitières restantes. « Les producteurs ont même le choix de savoir à qui ils vendent leur lait. » Un luxe. 

Mais l’avenir du lait en Corrèze passe par une nouvelle organisation : « Nous incitons très fortement à s’installer à plusieurs, au moins deux mais idéalement trois. Les producteurs peuvent tourner sur les week-ends, prendre des congés et la semaine est globalement plus légère… et avec une bonne gestion, on retire un salaire plutôt correct », plaide le technicien.

Des arguments qui font mouche, comme, par exemple, lors d’une journée professionnelle organisée en novembre dernier par la Chambre à Laroche-près-Feyt. Aujourd’hui, des éleveurs bovins pensent à se reconvertir. Des candidats à l’installation « en lait » sont présents sur le département. Les prochaines années pourraient bien voir le lait redevenir une vraie force en Corrèze.

Le lait peut redevenir rémunérateur

Une vie de travail trop contraignante, pas de congé possible, des gestes répétitifs qui grignotent la santé… La pénibilité n’est plus ce qu’elle était et tant mieux. La robotique est venue depuis quelques années adoucir les conditions de travail. Le principal outil à la ferme, c’est le robot-traite. C’est lui qui dispense d’un effort physique important et des gestes répétitifs « qui vous tuaient les épaules, se souvient Régis Destruel, jusqu’à devoir se faire opérer passé 50 ans ».

Le "fameux" robot traite en place depuis quelques mois chez les Couderc, à Servières-le-Château. 

Les producteurs peuvent aussi compter sur des robots qui repoussent le fourrage vers les bêtes et encore sur le robot racleur pour évacuer les effluents.« Il y a aussi des chariots électriques qui empêchent de porter des charges lourdes toute la journée… Vraiment, ça a changé ».  Des investissements plus importants, des surfaces et un cheptel plus important… « Mais on reste quand même sur une agriculture extensive comme ça l’a toujours été ici », relativise Régis Destruel.Le technicien estime qu’aujourd’hui, si on s’installe à deux avec 80 ou 100 vaches laitières, sur 120 ha, on peut garder une cohérence entre investissement et rentabilité et dégagé deux salaires d’environ 2.000 euros.

Reste que les conditions d’exploitation ne sont pas les mêmes dans le sud ou la haute Corrèze. La qualité du fourrage, le besoin ou non de compléter les rations jouent sur les charges et les volumes de lait produits.Il n’empêche, le lait redevient rémunérateur. Parmi les 104 exploitations laitières en Corrèze, 44 sont en fait des exploitations moitié lait, moitié viande.  De quoi donner des idées d’évolution, pourquoi pas.Arnaud Besnard