ru24.pro
World News in French
Январь
2024

Réseaux sociaux : un rapport alerte sur les contenus anti-avortement

0
Réseaux sociaux : un rapport alerte sur les contenus anti-avortement

Après la campagne d’autocollants anti-avortement apposés sur des Vélib’ à Paris, la diffusion de contenus trompeurs sur les réseaux sociaux ? La Fondation des femmes a publié, ce mercredi 17, un rapport qui révèle la stratégie et l’argumentaire des mouvements anti-IVG sur les plateformes en ligne.

Etaient ainsi analysés les quatre principaux réseaux - YouTube, Facebook, Instagram et X - par l’intermédiaire de l’Institute for Strategic Dialogue (ISD), un think tank spécialisé dans la désinformation et les mouvements extrémistes.

Ainsi, "l’ISD a constaté que la mobilisation anti-avortement se présentait essentiellement sous la forme de fausses informations, d’affirmations trompeuses sur l’avortement et de contenus choquants et dissuasifs", peut-on lire dans le rapport. Et de poursuivre : "une grande partie de ce contenu semble destinée à décourager les utilisateurs de recourir à l’avortement et à semer le doute sur la sécurité des traitements médicaux utilisés lors d’un avortement."

L’entrave à l’avortement sanctionnée

Pour rappel, l’entrave à l’avortement est un délit inscrit dans le droit français, passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans et d’une amende pouvant atteindre 30 000 euros.

En 2017, un nouveau texte de loi a étendu cette sanction à tout internaute cherchant à faire obstacle à l’accès à l’avortement en dissimulant ses intentions, notamment les pages présentées comme "neutres" mais diffusant des discours hostiles à l’avortement.

Ce texte a considérablement réduit le nombre de sites trompeurs, très présents sur Google et "qui redirigeaient les femmes en quête de renseignement sur l’IVG vers des centres d’appels "neutres" mais visant à les dissuader d’avorter", rapporte Le Monde.

Manque de politique claire des réseaux sociaux

Problème : si les réseaux sociaux ont chacun leur politique en matière de désinformation, tous ne précisent pas explicitement les fausses informations en matière d’avortement. Dans les faits, seul YouTube interdit les contenus qui "contredisent les recommandations des autorités sanitaires locales ou de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la sécurité de l’avortement médicamenteux et instrumental". Facebook, quant à lui, se contente d’une politique de désinformation en matière de santé, sans mentionner la santé reproductive.

Toutefois, cela n’empêche pas la diffusion de vidéos anti-avortement sur YouTube - la Fondation des femmes regrettant une politique appliquée de manière "incohérente". Certains clips, ajoute le rapport, n’affichent pas de "panneau d’informations", comme le prévoient les règles de la plateforme. Demeurent également en ligne des vidéos promouvant des procédures potentiellement nocives, comme l’administration de progestérone pour annuler les effets d’une IVG médicamenteuse.

De fait, sur ces plateformes, les contenus trompeurs se multiplient. Sur Instagram, pour une utilisatrice qui signale son intérêt pour la thématique de l’avortement, "l’ISD a constaté que les algorithmes recommandaient des Reels comportant des informations erronées sur l’avortement", alors même que l’internaute n’avait jamais visionné de contenu similaire.

Des contenus diffusés par l’extrême droite

Par ailleurs, l’étude révèle que ce type de désinformation était diffusée par des comptes "liés à la mouvance tradwife" (un mouvement en ligne prônant le dévouement des femmes à la domesticité et à la maternité). Plusieurs de ces comptes décrivent la maternité comme un "devoir" de la femme.

En outre - et sans surprise - l’ISD montre une forte activité des militants chrétiens, royalistes et d’extrême droite. "L’ISD a ainsi constaté que des pages et groupes Facebook (non officiels) de soutien au parti Reconquête ! d’Éric Zemmour ont joué un rôle clé dans la diffusion de contenus anti-avortement", est-il précisé dans le document.

Certaines de ces organisations financent des publicités visant les jeunes femmes, selon les données de l’ISD. Ainsi, Meta, maison mère de Facebook, a généré environ 43 750 euros grâce à 199 publicités anti-avortement sur le réseau social entre mai 2022 et juin 2023. Ces publicités ont été vues par 9,4 millions d’utilisateurs, souligne le rapport.