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Январь
2024

Les sept questions que pose la relance du projet de déviation de Varetz, près de Brive

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Après la mise en service de la déviation de Malemort, en mars 2022, et quelques semaines avant le début des travaux du contournement de Lubersac, le Conseil départemental suit la feuille de route de son plan route 2030.

Il ressort du carton un projet élaboré au début des années 2000 : dévier la RD 901 dans sa traversée de Varetz, l’axe routier le plus fréquenté de la Corrèze.

Mardi 16 janvier 2024, une réunion publique était organisée, première étape d’une concertation publique mise sur pied par le Département. L’Espace Colette, à Varetz, était plein à craquer et le débat parfois vif, après la présentation de six tracés possibles. On tente de faire le tour des enjeux du dossier.

1) Le projet se fera… ou pas

Rapidement mis à l’épreuve, le président du Conseil départemental a tenu à être clair sur deux points. D’abord, l’élu balaie l’idée selon laquelle tout est ficelé : " À l’issue de la concertation, le Département a trois solutions : abandonner le projet, parce que personne n’en veut ; retenir une variante, avec ensuite une enquête publique qui donnera un avis favorable ou pas ; ou bien prendre encore le temps de la réflexion, parce que certains paramètres n’ont pas été pris en compte".

Ensuite, Pascal Coste l’assure :

Si le Conseil départemental présente ce projet, c’est qu’il est capable de le financer entièrement.

Les estimations pour chacune des 6 variantes s’étalent de 58 millions d’euros (HT) à 83 millions d’euros, soit 8,5 à 12 millions d’euros du km. 

À titre de comparaison, la déviation de Malemort, longue de 1,9 km, a coûté 16 millions d’euros au Département.

Concertation. Le public peut consulter le dossier complet en mairie de Varetz, Saint-Viance et Allassac, ainsi que sur le site internet du Conseil départemental. Chacun peut déposer ses observations. Cette étape sera close au printemps 2024. La décision de lancer ou pas cette déviation, se fera lors de la session publique du Conseil départemental du vendredi 5 juillet 2024. Si le projet est validé, les études détaillées seront lancées, ainsi qu’une enquête publique, à l’horizon 2026. En cas d’avis favorable, le démarrage des travaux pourrait avoir lieu l’année suivante.

2°) Pourquoi  maintenant ?

Sous l’ère François Hollande, le Département avait obtenu, en juillet 2002 et malgré l’action en justice d’associations, une Déclaration d’utilité publique (aujourd’hui à renouveler) pour contourner Varetz.

Les acquisitions foncières avaient été faites (pour 700 à 800.000 euros), mais les travaux n’ont jamais été lancés, pour ménager les finances de la collectivité, à l’époque en grande difficulté.

" Je ne suis pas comptable de ces décisions », a commenté Pascal Coste. Il nie un quelconque "calcul électoral", mettant en avant des objectifs classiques pour ce genre de dossier : délester la traversée du bourg de Varetz, notamment des poids lourds ; sécuriser les trajets Brive-Objat, réduire les temps de parcours des habitants de l’Yssandonnais (Ayen, Saint-Robert, Perpezac-le-Blanc…).

3) Le premier projet est-il repris ?

Oui, et c’est même celui qui a le plus d’avantages sur le papier. Les acquisitions foncières sont faites "à 99 %" ; c’est la liaison la plus directe (en gros entre le bourg de Varetz et la rive droite de la Loyre), avec un temps de trajet le plus court.

Mais parce qu’il entame une concertation, le Département présente d’autres tracés possibles, passant par la RD 148 (rive gauche de la Vézère) et parfois à proximité du bourg de Saint-Viance.

4) Les premiers opposants...

Des habitants de Saint-Viance ont clairement fait entendre leur opposition à ce que le projet passe par chez eux, alors qu’ils subissent aussi une forte fréquentation de la RD 148.

Sans surprise, les commerçants de Varetz sont aussi montés au créneau. Pour eux, la déviation et les travaux vont forcément engendrer une perte d’activité. Le cas de Larche a été évoqué, mais aussi un contre-exemple, Donzenac.

Sur ce point, Pascal Coste semble d’accord pour lancer une étude d’impact plus poussée.

5) ... et les « pour »

On ne les a pas beaucoup entendus lors de la réunion publique. Ce riverain de la barrière Saint-Laurent a pris la parole :

Il me tarde que cette déviation se fasse. Aux heures de pointe, le matin et le soir, c’est juste infernal. Des files de voitures qui s’accumulent…

Selon Pascal Coste, les pro-déviation constitueraient " une majorité silencieuse" qu’il invite à s’exprimer pendant la concertation.

6) Transition écologique et voiture individuelle

C’est la préoccupation d’aujourd’hui "entre fin du monde et fin du mois". Deux interventions ont été applaudies pendant la réunion de Varetz.

Pourquoi ne pas remettre en état la voie ferrée entre Brive et Objat (*) ?, a lancé une personne dans l’assistance. Ce projet de déviation est compréhensible, mais il faut envisager des alternatives plus écologiques, à l’heure où l’on parle de limiter l’artificialisation des sols.

"Il faut des trains, des bus, a indirectement répondu Patricia Buisson, vice-présidente du conseil départemental, en charge de la transition écologique. Mais dans un territoire rural comme le nôtre, je doute que cela change d’ici à dix ans. La mobilité passe par la voiture, qu’elle soit électrique ou thermique." 

L’occasion d’une passe d’armes entre l’élue écologiste briviste Chloé Herzhaft et Pascal Coste. "Ce projet est hors du temps, en complet décalage. Il ne faut ni dévier, ni encourager le trafic routier, il faut le faire diminuer", a estimé la première, invoquant la préservation des paysages.

"Je ne suis pas pour un modèle décroissant, a répondu le second. Et je suis en capacité de vous prouver qu’il y a trois fois plus de biodiversité aux abords de la déviation de Malemort aujourd’hui, avec des habitats et des refuges aménagés pour la faune."

7 ) Le risque inondations

On l’a vu en novembre et décembre 2023, la Vézère sort souvent de son lit entre Saint-Viance et Varetz. Les conséquences d’une nouvelle route, large de 10,5 mètres, sur ce risque sont revenues plusieurs fois lors de la réunion.

Pascal Coste a rappelé les obligations légales : un impact limité à 5 cm maximum sur le niveau de l'eau. Une personne a émis l’idée d’aménager une « route inondable ».

(*) Une relance de l’offre TER est en cours sur cette ligne SNCF. Par ailleurs, l’organisation des transports ferroviaires relève de la Région et non du Département.

Périmètre d’étude. Le projet de déviation cherche à relier le giratoire de La Nau, sur la commune de Saint-Viance, à celui de la barrière Saint-Laurent, situé sur la commune d’Allassac. Il s’agit de contourner le bourg de Varetz et de traverser les vallées de la Loyre et de la Vézère.Trafic. Entre Brive et Varetz, la RD 901 constitue la route la plus fréquentée de la Corrèze. La moyenne s’établit à 11.000 véhicules/jour (dans les deux sens) à la sortie du bourg de Varetz en direction d’Objat ; jusqu’à 14.000 véhicules/jour, côté Brive. Le trafic est aussi chargé sur la RD 148, avec quasiment 5.000 véhicules/jour aux entrées du bourg de Saint-Viance. Pour autant, le Conseil départemental estime que le trafic moyen  "reste relativement stable depuis 2013".Les contraintes. Elles sont assez nombreuses, d’abord à cause de la topographie du secteur. On y compte quatre cours d’eau (la Vézère, la Loyre, le Coufy, la Manou), avec de nombreuses zones inondables. La Vézère et la Loyre sont séparées par un petit relief, un coteau, assez marqué. Des zones bâties (bourgs, hameaux) sont dispatchées. Enfin, le secteur est traversé par une ligne électrique haute tension.