Une deuxième halte relais dans l'Allier pour accueillir aidants et malades d'Alzheimer et "rompre avec l'isolement"

Ce jeudi 11 janvier après-midi, le brouillard hivernal a envahi la commune de La Celle. Alors que la température a encore chuté, quelques flocons commencent à tomber. Pourtant, à l’approche de la salle des associations de cette petite commune bourbonnaise, une certaine chaleur se fait sentir. De la lumière s’échappe des fenêtres. Et de l’extérieur, les rires d’un groupe se font entendre.

Dans la salle, l’ambiance est joyeuse. Une quinzaine de personnes - animateurs et participants - est rassemblée. Et, par groupe de trois ou quatre, tous sont attablés pour participer à différents jeux, avec, en fond sonore, un morceau de Sheila. Un moment de vie, et de répit, qui tranche avec le quotidien des participants. Car tous sont confrontés à la maladie.

Malades d’Alzheimer et aidants

"Aujourd’hui, nous avons six couples composés d’un malade et d’un aidant familial qui sont venus à la halte relais", compte Jean-Claude Chabassier, président de France Alzheimer Allier. La majorité d’entre eux vient régulièrement depuis que ce dispositif a été mis en place à La Celle en mars 2023. Dans ce lieu, aidés et aidants familiaux peuvent participer, ensemble, mais aussi séparément, à différentes activités.

"On commence toujours par se réunir. Chacun, aidé et aidant, raconte ce qu’il a fait dernièrement. On fait ensuite des jeux individuels ou collectifs, de la gym douce. Il y a des animations à l’extérieur, comme du jardinage, quand la météo le permet. On va se balader. Cet automne, par exemple, nous sommes allés à l’étang de la Prade. Il y a toujours un goûter aussi."

L’objectif étant que les participants, aussi bien aidés qu’aidants, prennent "plaisir à se rencontrer et à échanger".Différentes activités sont proposées, notamment de la gym douce.

Jean-Claude Chabassier précise : "On essaye de séparer un peu aidants et aidés pendant les activités pour qu’ils puissent évoluer chacun de leur côté." Sans être très loin de leur proche, les aidants peuvent alors discuter, créer des liens… Tout comme le malade.

"On se rend compte que certains aidants se téléphonent en dehors de la halte relais. De vrais liens se créent entre eux. Cela permet de rompre un peu leur isolement. Car c’est le problème avec la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées : le malade s’isole et l’aidant s’isole avec lui. Il y a un phénomène d’enfermement."

Il existe actuellement deux haltes relais dans le département de l’Allier. L’une à La Celle, mise en place depuis mars 2023, et l’autre à Diou, en fonctionnement depuis janvier 2009. Leur objectif est le même et il est double : permettre au couple aidant-aidé de sortir un temps de son isolement en participant à des moments de convivialité, avec notamment différentes activités, mais aussi apprendre à l’aidant à passer le relais et à accepter progressivement l’aide extérieure. Avec en ligne de mire la prochaine étape : l’accueil de jour pour permettre à l’aidant de souffler pendant quelques heures.

"Il faut être bien entouré pour tenir"

Ce phénomène d'enfermement, Gisèle et Chantal, présentes ce jeudi après-midi, le connaissent bien. Toutes les deux sont devenues aidantes pour leur mari. Un quotidien lourd. Alors, la halte relais leur apporte un peu de répit.

"Cela permet de voir autre chose, d’entendre autre chose", soutient Gisèle. "C’est un moment de détente. On oublie un peu les difficultés. Et cela permet de voir du monde." Chantal confirme : "On sort un peu de notre isolement. On change de contexte. Toute la journée, il faut tout faire, penser à tout, gérer une certaine agressivité parfois."

"Là, à la halte relais, pendant un temps, on n’est pas fixé sur notre proche malade. On se retrouve avec d’autres aidants. Il y a une bonne ambiance, on est bien accueilli, c’est convivial. C’est important, parce qu’il faut être bien entouré pour tenir le coup."

Les deux femmes sont également conscientes du bien que cela procure à leur mari. "Tout seul, il ne viendrait pas. Mais là, il sait que je suis là et qu’il y a des gens qu’il connaît. Il peut faire des activités, des jeux…", note Chantal.

"Et même quand ils ne participent pas aux activités, ils sont ici. Ils sortent de chez eux…", ajoute Jean-Claude Chabassier. "Cela permet au couple aidant-aidé de faire quelque chose qu’il n’a plus l’habitude de faire, car la maladie d’Alzheimer est une prison dans laquelle ils sont enfermés." Une prison de laquelle la halte relais permet, au moins le temps de quelques heures, de s’échapper.

La halte relais (dispositif gratuit pour les aidants et aidés qui doivent adhérer à l’association France Alzheimer) a lieu les jeudis après-midi, tous les quinze jours, de 14 h 30 à 17 h 30, à la salle des associations de La Celle. Renseignements auprès de France Alzheimer Allier au 04.70.48.51.28.

Une seconde halte relais France Alzheimer va voir le jour dans l'Allier

Texte : Laura Morel

Photos : Florian Salesse