ru24.pro
World News in French
Январь
2024

La place du vélo en débat à Hautes terres communauté

0

hautes terres communauté a débuté 2024 comme elle avait fini 2023 : en selle. Fin décembre, l’intercommunalité avait voté son plan vélo, qui prévoit des mesures en matière de sensibilisation des plus jeunes, la mise à disposition d’équipements, pour l’heure quinze vélos, et la création d’un itinéraire sécurisé reliant Massiac et le Lioran, « dont les deux extrémités, de Massiac à Molompize et de Neussargues au Lioran, soit 33 km, seront prêtes en juin », assurait son président Didier Achalme. Vendredi dernier, l’année était lancée avec une table ronde sur la pratique du vélo, justement.

Un secteur en plein boom

L’occasion de vérifier l’importance de ce secteur en plein développement, en matière touristique comme économique. Sur le premier point, Delphine Chabert, d’Auvergne Rhône-Alpes tourisme, expliquait ainsi que « la Via Rhona a vu sa fréquentation tripler depuis 2017, pour atteindre 2,6 millions de passages cette année. » Sachant que, détaillait Didier Achalme, « un touriste a vélo a plus besoin de service que les autres, et dépense en moyenne 68 € par jour, contre 50 pour un touriste classique. » Au niveau économique, Julien Leyreloup, créateur des Cycles victoire dans le Puy-de-Dôme, un des rares fabricants de vélos « made in France », expliquait que « si les annonces du plan vélo national se vérifient, il y aura un boom du secteur dans les années à venir. »

Le Vercors en vit

Mais, pour l’heure, le vélo reste à développer sur le territoire. En témoigne l’exemple du plateau du Vercors, bien plus avancé en la matière, qu’a décrit le vice-président de l’intercommunalité locale, Thomas Guillet. « Nous avons inauguré notre première voie douce en 2015, pour répondre à une tendance, une envie des gens, mais aussi pour nous diversifier au vu du manque de neige. Puis, après un retour d’expérience, nous avons créé un schéma vélo autour de cette via Vercors, et inauguré une première extension en 2021. Aujourd’hui, cette voie fait 55 km, elle est une colonne vertébrale, reliée à de nombreuses pistes de VTT, et nous l’avons poursuivie en reliant le plateau à la gare de Grenoble en utilisant une ancienne voie de tram. Et aujourd’hui cette voie est partie intégrante de notre paysage, qu’elle met en valeur, comme nos activités. Car elle passe devant des commerces, devant des fermes qui ont ouvert des magasins, elle met donc en avant notre patrimoine comme nos savoir-faire. » Et l’élu de prendre sa casquette de socioprofessionnel (il a un magasin de sport) pour assurer que 

le vélo a lissé notre activité sur toute l’année, on n’a plus de trous. Et lors d’un hiver sans neige, on a quelque chose à proposer : on ressort les vélos. 

Ce qui n’est pas le cas, pour l’heure, à Murat. Cogérant de Bike home, Nicolas Vidal confiait que « l’hiver, notre activité baisse fortement. »Cet exemple du Vercors fait envie à Didier Achalme, qui aimerait le transposer ici, « et c’est possible je pense, car on a les routes et les paysages qui attirent les cyclistes. »

Des écueils

Le président du département, Bruno Faure s’est lui, montré plus mesuré. « Ce n’est pas forcément notre compétence au département, mais il y a des initiatives d’intercommunalités un peu partout, encore faut-il qu’elles soient coordonnées.

Le développement du vélo est intéressant, mais il faut savoir que cela coûte cher aux pouvoirs publics. Un kilomètre de voie verte, c’est 180.000 €, il faut être sûr qu’il y a des retombées économiques derrière pour se lancer.

Et sur les routes partagées, il faut que tout le monde s’adapte aux autres, les automobilistes, mais aussi les cyclistes. On veut bien développer cette activité, mais l’idée n’est pas de baliser tout le département non plus. »

Concertation

Reste aussi, au-delà du tourisme, à convaincre les locaux des déplacements à vélo. « Mais les deux vont de pair, estimait Julien Leyreloup. C’est en voyant les touristes pratiquer que les locaux se disent que c’est possible de faire du vélo. Mais pour attirer les touristes, il faut des vraies itinérances, longues, qu’on peut visiter sur 5 à 7 jours, pas des bouts de pistes ici ou là. » Si Hautes Terres a la volonté, il faudra donc, à l’écouter, changer de braquet. Comment ? « En dialoguant, en mettant tout le monde autour de la table conseillait Thomas Guillet. Au début, dans le Vercors, certains faisaient la moue, ne voyaient pas l’intérêt du vélo. Aujourd’hui, ils en bénéficient, et ne reviendraient pas en arrière. »

Yann Bayssat