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Январь
2024

“Les Chambres rouges” : la fascination pour les serial killers au cœur d’un polar québécois

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Au cours d’un très long plan-séquence quasiment inaugural et méthodiquement orchestré dans une salle d’audience, on pourrait croire que débute un nouveau film de procès français francophone, outre-Atlantique cette fois. Celui de Ludovic Chevalier, tueur en série québecois fictif ayant assassiné trois adolescentes au cours de séances macabres filmées et diffusées auprès de riches acheteur·euses anonymes sur le dark web, dans lesdites “chambres rouges”. Obsédée par le tueur en série, une jeune femme veille scrupuleusement à se réveiller chaque matin devant les portes du palais de justice pour s’assurer une place lors de ces plaidoiries hyper-médiatisées.

Si dans ce plan-séquence, une avocate explique aux juré·es la teneur insoutenable du procès à venir, c’est tout autant à nous, spectateur·rices, qu’elle énonce le programme du film que nous allons voir. Pourtant, Les Chambres rouges n’est pas ce film d’instance et de témoignages. Il suit plutôt la grande coulisse ombragée qui relie le monde extérieur à la salle d’audience, et investigue une zone peu fréquentée dans l’écosystème qui satellite autour des serial killers : celle des groupies. Ce fanatisme du morbide prend chair en la personne de Kelly-Anne (Juliette Gariépy), jeune modèle et énigmatique joueuse de poker en ligne qui s’improvise enquêtrice.

Film de chambre

Les Chambres rouges se font ainsi l’exploration sordide d’une attirance qui se déploie dans une géante Montréal glaciale, vide et métallique. Par ses ruptures régulières (les hachements sonores y sont pour beaucoup) dans le rythme et la mise en scène, le film nourrit ce pouvoir de la suggestion : là où la cybercriminalité peut devenir le terreau d’un magnétisme anxiogène. Toujours au diapason de son personnage principal, le polar est tout aussi robotique que vampirique, et ne se laisse guère aller au cœur des choses. Il réussit pourtant à certains endroits, et c’est déjà quelque chose, à mettre en scène Internet et ses navigations avec une folle intensité. Un film de chambre en effet, mais pas forcément celui qu’on pouvait imaginer.

Les Chambres rouges de Pascal Plante, avec Juliette Gariépy et Laurie Babin. En salle le 17 janvier