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Январь
2024

“La Tête froide” : un thriller sur fond d’immigration clandestine trop convenu

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Un premier film mêlant immigration clandestine, survie économique et déchaînement des éléments, mais qui peine à sortir de ses gonds et se décentrer de son programme préétabli.

Rien à perdre, À plein temps… Le film de mère-courage fait florès ces derniers temps, égrenant une collection de titres assez interchangeables tournant généralement autour du champ lexical de la détermination, de l’endurance, de la fatigue, accolés à des pitchs eux-mêmes un peu prémâchés.

Le personnage de Florence Loiret-Caille dans La Tête froide est le dernier exemple de cette tendance : dans ce film qui traite du sujet brûlant de l’immigration illégale, cette mère célibataire, qui vivote dans une zone transfrontalière des Alpes, va se risquer à arrondir ses fins de mois en aidant des clandestin·es à passer le col. Mère d’une fille étudiante, mais qui se fiche un peu d’elle et passe la voir à reculons, elle devient aussi celle d’un flux croissant de laissé·es-pour-compte – et donc de l’humanité entière, ce que souligne ironiquement son prénom, Marie.

Réseau de tropes

On peine, devant ce premier long-métrage de fiction du documentariste Stéphane Marchetti, à se détacher du sentiment de voir à l’œuvre une machine, un système de production de thrillers aux personnages, aux situations, à l’écriture et à la mise en scène déjà débroussaillés par d’autres films du même créneau, et qu’il ne ferait qu’appliquer.

Procès sans doute injuste au vu de ses indéniables qualités de fabrication, dispositifs de tension scénaristique (Marie ment à tout le monde, tout va bien finir par péter, et le film se plaît à mettre à chaque scène un petit coup de canif dans le fil retenant l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête) et mises à l’épreuve des limites physiques des corps (la neige, le froid, l’étroitesse des caravanes, des coffres). Injuste aussi sans doute à l’aune de la sincérité du projet.

Mais il y a dans La Tête froide une incapacité à s’envisager autrement que comme un réseau de tropes, qui lui donne l’air de se maintenir à la surface des représentations archétypales de son sujet (Marchetti dit en interview qu’il ne pouvait pas imaginer quelqu’une d’autre que Loiret-Caille pour le rôle, que c’était forcément elle – sans nier le talent de l’actrice, on peut trouver cela un peu symptomatique d’un film où tout est “forcément”), et donc in fine mal l’habiter.