Hyper Weekend Festival : les 6 nouveaux visages de l’édition 2024
Sofie Royer
Si Vienne est sa ville d’adoption, les origines de Sofie Royer reflètent un monde que l’on espère encore ouvert au métissage et à la nuance – ce dont elle ne manque pas. Née en Californie d’une mère autrichienne et d’un père iranien, elle pratique très tôt la danse et le violon.
Après une adolescence passée dans la ville de Freud, où elle joue dans la section jeunesse de la Deutsche Philharmonie, Sofie Royer travaille dans l’industrie de la musique à Los Angeles, notamment au sein du label Stones Throw. Lorsqu’elle retourne à Vienne, au chevet de sa mère malade, elle replonge dans la musique. Son excellent premier album, Cult Survivor (2020), souffre de la pandémie, mais Sofie réitère avec le bien nommé Harlequin (2022), merveille de cabaret pop, traversé de synthés vintage, sous influences Todd Rundgren et Nico. De toute beauté, en studio comme sur scène, le 28 janvier.
Lucky Love
De la chance et de l’amour. Mais aussi un talent pluridisciplinaire mis au service de performances musicales (entre autres) forgées sur la scène du célèbre cabaret Madame Arthur. Luc Bruyère a commencé par danser, enfant, sur les bons conseils de Carolyn Carlson, avant de suivre les cours de l’école d’art Saint-Luc, à Bruxelles.
Apprendre sa séropositivité à l’âge de 19 ans a bousculé tous ses paradigmes et l’a encouragé à vivre intensément ses mots et son chant. Né avec un seul bras, Lucky Love, fan de Patti Smith et Woodkid, habite son corps comme peu d’artistes. Rassemblés il y a quelques mois dans le maxi Tendresse (2023), un mot hélas trop peu souvent employé, ses morceaux electropop interrogent la masculinité, les infinies possibilités d’être au monde et, surtout, d’aimer l’autre. Sexy et fédérateur ! Rendez-vous le 26 janvier.
Solann
Remarquée tant sur les planches que sur TikTok, quelque part entre gravité et espièglerie, Solann a déjà ravi nos cœurs avec l’addictif Petit Corps. Et si la dernière signature du label Cinq7 (Dominique A, Malik Djoudi, Philippe Katerine) a assuré les récentes premières parties parisiennes de Patrick Watson, ce n’est pas un hasard. Du musicien canadien, Solann a hérité l’amour d’un folk savamment ourlé, élégant et sans esbroufe.
D’origine arménienne, elle connaît son Aznavour sur le bout des doigts, habitués au piano, au ukulélé ou à la guitare… Rajoutons-y une appétence pour la chanson française confessionnelle de Barbara, une première personne du singulier assumée et un joli lignage artistique (son père est comédien, sa mère artiste costumière), et Solann s’impose comme l’une des nouvelles voix hexagonales à suivre de près. Sur scène le 26 janvier.
H JeuneCrack
Crack autoproclamé et tellement à la hauteur des attentes qu’on lui retirerait presque son préfixe adolescent pour cause de maturité artistique trop affirmée, H JeuneCrack viendra défendre son rap ultra-référentiel.
Engagé dans un marathon boulimique où il enchaîne mixtape après mixtape, EP après EP à un rythme effréné, il s’est établi comme l’un des meilleurs espoirs du rap français (s’étant fendu de deux Gaîté Lyrique sold out en 2023), en avance sur tous les temps de passage. Une productivité et une vélocité qui n’ont d’égales que son art hypnotique de la punchline, son écriture à débordement qui semble emprunter des trous de ver stylistiques pour mieux enchâsser les idées, et son goût du risque, qui l’envoie s’aventurer sur n’importe quelle production qui pourrait accueillir son rap d’élève surdoué. Attention vrai crack sur scène le 27 janvier.
AnNie .Adaa
Malgré la diversification de l’offre et la course à l’originalité, rares sont les acteurs et actrices du rap français qui semblent faire cavalier seul ou esquivent véritablement toute tentative de catégorisation. Si AnNie .Adaa est personnellement lié à Wallace Cleaver (autre espoir du rap francophone) via le crew HPA MOB ou à quelques producteurs aventureux comme 23wa ou Roseboy666, sa musique chasse sur tous les territoires possibles et imaginables du rap.
La spiritualité et les rythmiques du rap UK, l’horrorcore, l’insondable tristesse autotunée de PNL, les expérimentations bruitistes et électroniques de l’abstract hip-hop ou même une certaine idée de la synthpop, tout se télescope sur son superbe premier album Qu’aujourd’hui ne meure jamais. Un chaud-froid contenu dans son nom de scène qui associe le nom de sa grand-mère à un mantra rageur et revendicateur (“All dogs are allowed”, pour l’acronyme d’Adaa) et qui prend tout son sens sur scène où le rappeur-producteur excelle. La preuve à l’Hyper Weekend Festival le 27.
Marguerite Thiam
Actrice et réalisatrice à seulement 22 ans, Marguerite Thiam a déjà une vie bien remplie, serait-on tenté de dire. Mais voilà – et elle le répète à l’envi –, jouer le texte d’un·e autre ou faire dire son scénario à autrui n’est qu’une version tronquée de soi. Solution ? Poursuivre sa frénésie artistique en rajoutant la corde musicale à son arc. Résultat ? Une pop suffisamment affranchie des carcans pour intriguer l’oreille et une poignée de morceaux qui cristallise pas mal d’espoirs.
En témoigne donc ce Plus rien n’est grave, son plus récent single, qui n’aurait d’équivalent actuel que la musique d’Eloi dans sa manière d’articuler un son et des histoires en clair-obscur et de bousculer une certaine normativité des genres musicaux. Adoubée par Twinsmatic (producteur pour Booba notamment), tout en s’accommodant aussi bien du rock que des musiques électroniques d’outre-Manche, Marguerite Thiam promet tout et son contraire. Et c’est le plus beau compliment qu’on peut faire à sa musique. À découvrir le 27 janvier.