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Январь
2024

Polémique Oudéa-Castéra : l’école à l’épreuve de la fragmentation sociale

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C’est ce qu’on appelle un faux départ. A peine nommée, la nouvelle ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, aura réussi à se mettre la majeure partie de la communauté éducative à dos. Le 12 janvier dernier, cette ancienne cadre dirigeante du groupe Axa et de Carrefour, qui fut également magistrate à la Cour des comptes, a confirmé avoir scolarisé ses enfants à Stanislas, l’un des temples de l’élite parisienne. Une décision personnelle qui lui appartient. Mais la nouvelle hôte de la Rue de Grenelle a enchaîné sur les raisons de son choix, mettant en avant "les paquets d’heures non remplacées" dans le public. Ce qui a immédiatement provoqué l’ire d’une partie du monde enseignant dénonçant un motif fallacieux.

Les motivations avancées par les milliers de familles qui se tournent chaque année vers le privé sont diverses : convictions religieuses, recherche d’un cadre accueillant, d’un climat serein, évitement des écoles ou collèges "ghettos", adhésion à certaines méthodes éducatives… Mais, contrairement à certaines idées reçues, l’enseignement dispensé n’y est pas forcément meilleur que dans le public. L’un des "avantages" des établissements sous contrat est surtout de pouvoir sélectionner ses élèves comme ils l’entendent. Les collèges en question scolarisent moins de 17 % d’élèves d’origine sociale défavorisée et concentrent 40 % d’élèves très favorisés. Tandis que dans le public, les proportions s’inversent. Des disparités d’autant plus questionnables que le privé sous contrat est financé à 75 % par les collectivités et l’Etat.

Cette fragmentation sociale, qui encourage l’entre-soi et alimente une école à deux vitesses, met à mal la promesse de l’école républicaine qui est d’offrir les mêmes conditions d’apprentissage à tous les élèves. Au point d’alimenter une nouvelle guerre scolaire ? Aujourd’hui près d’un parent sur deux a recours au privé à un moment ou un autre de la scolarité de son enfant, on comprend donc pourquoi les politiques de droite comme de gauche abordent ce sujet hautement explosif avec des pincettes. Mais continuer de faire l’impasse sur la question cruciale de la nécessaire mixité sociale et scolaire fragilise chaque année davantage un système qui peine à lutter contre les déterminismes sociaux. Cette spécificité bien française est régulièrement pointée dans les classements internationaux.