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Январь
2024

Prime covoiturage prolongée : un convoi à suivre pour les trajets du quotidien depuis Brioude

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Prime covoiturage prolongée : un convoi à suivre pour les trajets du quotidien depuis Brioude

De plus en plus d’habitants de Haute-Loire passent par le covoiturage pour leurs différents trajets. Une habitude prise depuis bien longtemps par Charlotte et Enya.

Au déclin du soleil, les phares s’allument et prennent la direction de la sortie de Brioude. La majorité des voitures voyagent sans passager à bord. Enya, comptable à Brioude, patiente dans cet engorgement dû à la sortie du boulot. L’Issoirienne est inscrite sur l’application de covoiturage BlaBlaCar Daily depuis un an et demi.

Elle se retrouve souvent seule au trajet retour. Ce n’est plus le cas à aller. En effet, la jeune femme a déniché "son binôme" avec qui elle voyage deux à trois fois par semaine les matins. "On s’est habituées, sourit Enya. Et, quand on veut décaler le rendez-vous, on envoie juste un message. L’organisation devient plus simple quand on connaît la personne."

 Le covoiturage me paye quasiment tout mon voyage

Avec plus de 100 trajets en covoiturage à son actif, Enya n’est plus éligible à la prime covoiturage (lire ci-dessous). La jeune comptable avait déjà perçu un bonus de l’application. Toutefois, même sans prime, elle s’y retrouve financièrement. "Les passagers payent 3 euros pour le trajet. Le covoiturage me paye quasiment tout mon voyage", assure Enya.

Même constat chez Charlotte, plus habituée aux longues distances. L’Ardéchoise n’est pas concernée par le covoiturage du quotidien, donc par la prime. Elle travaille de chez elle. Mais, la quasi-totalité de ces longs parcours sont effectués en covoiturage. "C’est un peu ridicule de rouler toute seule dans une voiture avec quatre places à l’intérieur. On a la sensation d’être dans sa petite boîte avec plein de vide dedans, je trouve ça dommage."

Le covoiturage : une organisation bien rodée

Sur le parking de la gare de Brioude, Charlotte ne passe pas inaperçue dans sa Peugeot 206 rouge. Une dame âgée est déjà installée côté passager. Elle rejoint sa fille à Arvant. La conductrice profite de cet arrêt pour se dégourdir les jambes. "Je viens d’Ardèche, à côté de Valence (Drôme). Je conduis depuis 5?h?10 et je vais jusqu’à Châteauroux (Indre)", partage-t-elle entre ses gorgées de café. Charlotte relance le chauffage, règle le volume de la musique et demande si tout le monde est bien installé. Jusqu’à Arvant, elle suit les indications – plus ou moins claires – de la passagère. La première personne de son trajet est déposée, la deuxième l’attend à proximité de l’aérodrome d’Issoire.

Charlotte fait un point sur les messages reçus avant de reprendre la route. Un passager qu’elle doit récupérer au Brézet s’inquiète. "Il me demande où on se retrouve", partage l’Ardéchoise qui doit prendre un autre passager à Montluçon avant d’arriver à Châteauroux.

Enya peut géolocaliser les passagers sur son application de covoiturage pour faciliter l’organisation.  

"Un covoiturage ne s’organise pas à la dernière minute. Il faut prévoir du temps pour bien faire les choses, comme appeler la personne en amont et fixer ses règles", énumère Charlotte. La conductrice utilise l’application Blablacar depuis 2015 et effectue entre 5 et 10 trajets par an. Elle a appris à éviter les mauvaises surprises.

"Si on ne sonde pas les personnes pour connaître leur souplesse et leur organisation, on prend le risque de passer des moments désagréables. Mais, globalement, ça se passe bien", tempère l’Ardéchoise qui gère elle-même ses réservations afin de décliner les demandes trop loufoques. "Pas plus tard qu’hier, une dame m’avertit que le covoiturage de demain ne sera pas pour elle, mais pour son fils de 12 ans. J’ai décidé de refuser. Je n’ai pas envie de me faire contrôler avec un gamin de 12 ans ou encore d’avoir un accident", avoue-t-elle.

Les applications de covoiturage donnent aussi la possibilité de filtrer les profils des passagers. Enya partage certaines de ses conditions lors des longs trajets. "Je ne prends pas d’hommes plus âgés, parce que je ne suis pas assez confiante". Elle coche alors la case "voyage qu’entre femmes". Les hommes n’auront pas accès à sa proposition de covoiturage. L’Issoirienne se dit satisfaite des applications de covoiturage. Que ce soit sur les critères, la localisation et le remboursement d’une partie du trajet en cas d’annulation au dernier moment. Maintenant, la jeune comptable tente de convaincre ses collègues plus âgées de se mettre au covoiturage.

De belles rencontres sur les trajets

Les points positifs du covoiturage ramènent à bénéfice écologique et économique. Toutefois, le vecteur de bonnes rencontres de ce moyen de transport est négligé. Charlotte, qui a des bons contacts avec les gens, passe toujours des trajets très agréables. La conductrice se souvient d’une anecdote lors d’un covoiturage effectué entre Grenoble et chez elle.

Les cinq infos à savoir avant de faire du covoiturage

"J’avais organisé un trajet avec trois autres personnes. Sans le savoir, deux d’entre elles avaient réservé le même covoiturage. Elles se rendaient à un village à côté de chez moi pour un anniversaire de mariage. Elles étaient super contentes de se retrouver dans la voiture et elles m’ont dit “oh venez ma copine est super sympa”. J’ai participé à leur petite fête et j’ai bu un pot avec eux. C’était un super moment?!"

Et, pour Enya, elle va continuer les courts trajets avec son binôme. "Maintenant, que j’ai pris cette petite habitude avec cette personne, je me sens même mal quand je ne mets pas mon trajet", avoue celle qui a pris l’habitude de raconter ses journées avec cette passagère.

Le covoiturage en chiffres : En Haute-Loire, la plateforme Mov'ici(*) enregistre 1.313 utilisateurs, dont 170 nouveaux inscrits en 2023.

En Haute-Loire, 370 annonces ont été créées sur Mov’ici en 2023 avec une grande majorité de trajets courts.

Selon le gouvernement, covoiturer au quotidien, au lieu d’être tout seul dans sa voiture sur un trajet de 30 km, permet d’économiser 2.000 euros/an.

Comment bénéficier de la prime covoiturage ?

 "En 2024, la mesure covoiturage du Fonds vert est reconduite afin de continuer à accompagner de nouveaux projets en faveur du covoiturage sur l’ensemble du territoire", a annoncé, à l’AFP, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, en décembre dernier.

Toutefois, cette prime de 100 euros, lancée l’an passé pour encourager la pratique, est limitée aux courts trajets (distance inférieure à 80 km). Cette mesure vise les trajets du quotidien qui peinent à se développer comme le domicile-travail. "70 % des déplacements domicile-travail sont réalisés avec des véhicules individuels et on estime à seulement 3 % la part du covoiturage quotidien", partage le ministère de la Transition énergétique. Le plan national covoiturage du quotidien est fixé à trois millions de trajets en covoiturage à l’horizon 2027.

70 % des déplacements domicile-travail sont réalisés avec des véhicules individuels et on estime à seulement 3 % la part du covoiturage quotidien

BlaBlaCar Daily, Mov’ici, Karos, Klaxit, Mobicoop, la Roue Verte… De nombreuses plateformes en ligne se spécialisent dans les trajets du quotidien en covoiturage. Toutes mettent en avant "Ma prime de 100 €".

Cette somme est versée de manière progressive au conducteur. Au minimum, 25 € le sont lors du premier covoiturage, et le reste, lors du dixième. Afin de bénéficier de la totalité de la prime, il faut effectuer ses neuf trajets dans les trois mois suivant le premier trajet.

La gratification est délivrée par la plateforme de covoiturage sous forme monétaire ou en bon d’achat pour des produits de consommation courante. "Si vous avez bénéficié de chèques carburants ou de cartes-cadeaux dans le cadre d’opérations CEE chez les opérateurs Blablacar, Klaxit et Karos dans les trois dernières années, vous n’êtes pas éligible", précise le ministère.

Commencer par un coup de pouce financier pour motiver ceux qui hésitent encore à passer le cap du covoiturage. Trouver un binôme de covoiturage au fil des trajets. Puis, faciliter le développement du covoiturage au sein des entreprises. Grâce au forfait mobilités durables (FMD), les déplacements domicile-travail peuvent être pris en charge par l’employeur. Jusqu’à 800 € par an pour un employé du secteur privé et 300 € cumulable avec le remboursement de l’abonnement transport en commun pour un agent de la fonction publique.

Félix Mouraille