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Январь
2024

Clermont-Ferrand : l'après-midi très chère payée du jeune vendeur de stups

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Il ne s’en cache pas : ce jeune homme de 28 ans est venu exprès de Côte-d’Or (il réside dans une commune située entre Autun et Dijon), le 13 janvier, pour faire le guetteur sur le tristement "célèbre" point de deal de la rue Sévigné, dans le quartier Saint-Jacques, à Clermont-Ferrand.

Mais rien ne s’est passé comme prévu.

Cette "offre d’emploi" pour venir renforcer l’équipe des petites mains du réseau, il l’avait repérée sur la messagerie cryptée Telegram. Il avait postulé et sa candidature avait été validée par les recruteurs. Ni une, ni deux, il décide de se rendre dans la capitale auvergnate avec son cousin. Mais une fois sur place, il n’est plus du tout question de faire le guet, mais bien de "charbonner", autrement dit de vendre des stups, avec la promesse de se faire "entre 250 et 300 euros" sur la journée. L’objectif qu’on lui assigne est simple : il doit vendre tout le contenu de la sacoche qu’on lui confie.

Près de cent clients entre 12 h 30 et 18 heures...

Il s’attelle à la tâche, même s’il avoue n’avoir "jamais fait ça" jusqu’à présent. Régulièrement, un mineur circulant à vélo joue au coursier, venant l’approvisionner en stups et récupérer au passage l’argent du deal. Et le point de vente semble tourner à plein régime : entre 12 h 30 et 18 heures, le jeune homme servira ainsi près de cent clients, ce 13 janvier.

Mais tout se corse, en fin d’après-midi, lorsqu’un équipage de police, en surveillance depuis un certain temps, le stoppe dans sa belle dynamique commerciale. Il est interpellé en possession de 40 g de coke, 18 g de résine de cannabis, 76 g d’herbe, mais aussi… 34 g de bicarbonate de sodium. Car ce vendeur au pied levé, outre sa volonté affichée de se faire « un petit billet » en se rendant à Saint-Jacques, avait aussi envisagé, sans rien dire à personne, de remplacer la cocaïne par ce produit de coupe. Et de garder ensuite pour son cousin la "vraie" drogue…

"Il ne semble pas avoir conscience qu'il participe, à son niveau, à un trafic d'ampleur".

Ce lundi 15 janvier, face au tribunal correctionnel, où il était jugé en comparution immédiate, Yohann Marquès a expliqué, dans une franchise assez désarmante, que "les guetteurs sont deux fois mieux payés à Clermont qu’ailleurs" et que les stups "y sont aussi moins chers".

Dix-sept mentions au casier

Ancien héroïnomane, il a déjà été condamné à dix-sept reprises depuis 2014, essentiellement pour des vols, et a passé, au total, quatre ans en détention (sa dernière sortie de prison ne date que de juin dernier).

Un lourd parcours pénal qui s’expliquerait, selon son avocate, Me Pauline Bredon, "par son ancienne addiction aux drogues dures et la nécessité, lorsqu’il était encore accro, de financer sa consommation en commettant des délits". Elle a estimé que "sa place n’est pas en détention, qui n'est pas le lieu où il pourra continuer à combattre ses addictions".

Le tribunal n’a pas été de cet avis et l’a condamné à dix-huit mois de prison, dont six assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec interdiction de paraître dans le Puy-de-Dôme. Il a été aussitôt placé sous mandat de dépôt (*).

Christian Lefèvre

(*) Le ministère public avait requis dix-huit mois de prison, dont cinq assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans.