Lucas Larivée, meurtrier présumé de Justine : condamné pour incendie volontaire au terme d'un procès jalonné de dénégations
Rien, des faits criminels pour lesquels Lucas Larivée fait l’objet d’une mise en examen, n’a été abordé lors des débats. Rien, à l’exception de son propre défenseur, Me Labrousse, qui a ouvert sa longue plaidoirie visant la relaxe. « Il serait hypocrite de ma part de ne pas l’évoquer », a-t-il indiqué, profitant de cette courte allusion pour aussitôt tracer une ligne de démarcation entre les deux affaires, celle jugée ce mardi 16 janvier 2024 étant antérieure et délictuelle à celle de Justine Vayrac, criminelle (*).
Et aucun des acteurs de ce procès, conseil des parties civiles, présidente d’audience et procureure de la République, n’a franchi la ligne, se contentant de juger les faits d’incendie et de dégradations de bâtiments agricoles commis volontairement dans la nuit du 2 août 2020 à Saint-Hilaire-Peyroux.
Calmes dénégationsAux questions nombreuses et serrées posées par le tribunal, Lucas Larivée a opposé de calmes dénégations. Y compris lorsqu’il a été placé face à des contradictions. Après, lors de ses premières auditions durant la procédure, avoir affirmé ne pas être passé en rentrant de la fête de Vigeois devant l’exploitation de son patron, il a fini par concéder : « J’avais bu à cette soirée. L’application Waze m’a indiqué qu’il y avait un contrôle de gendarmerie, alors j’ai changé d’itinéraire. »
Pourtant, comme l’a patiemment démontré la procureure de la République, non seulement l’exploitation de son téléphone portable a montré qu’il était bien passé par le secteur où l’exploitation agricole a été incendiée, mais les investigations numériques ont aussi permis de montrer qu’il avait, sur le créneau horaire concordant avec l’incendie, cheminé à pied sur la zone.
Idem, même s’il a réfuté encore ce mardi toute responsabilité, pour les traces de basket qui correspondent à un modèle retrouvé chez lui lors des perquisitions. « Je les utilisais au travail, donc oui, des traces ont pu être retrouvées », s’est-il calmement défendu.
Éléments à chargeMalgré d’autres éléments à charge détaillés par le Ministère public, comme ce système de verrouillage de l’un des cinq silos à grain saccagés que seuls ceux qui travaillaient sur cet élevage connaissaient, Lucas Larivée est resté sobrement rivé à ses positions. Mais la thèse du mobile retenue tôt lors de l’instruction, a continué à prévaloir : celle d’une vengeance du jeune prévenu après la « remontée de bretelles » dont, apprenti agricole sur l’exploitation, il avait fait l’objet quelques jours avant les faits.
« Votre chaussure et votre téléphone traînent là-bas ? C’est vous qui avez craqué l’allumette », s’est plu à caricaturer Me Labrousse, déplorant « un dossier qui n’a de cohérence que l’apparence ».Dessin RIK
Le tribunal, après 1 h 30 de délibérations, a fait partiellement droit aux réquisitions en condamnant Lucas Larivée à deux ans de prison ferme, avec mandat de dépôt. Il devra également réparer les dommages causés aux victimes.
Julien Bachellerie
(*) Pour ces faits, Lucas Larivée bénéficie de la présomption d'innocence.