ru24.pro
World News in French
Январь
2024

Oudéa-Castéra, la bonne élève qui a raté sa rentrée

0

Proche du président de la République, avec qui elle a fait l'ENA, celle que l'on surnomme "AOC" s'est mis à dos la communauté enseignante dès son premier jour à la tête de l'Education nationale.

Elle a justifié la scolarisation de ses trois fils à l'école privée catholique Stanislas à Paris en raison de "paquets d'heures" non remplacées à l'école publique, alors qu'en réalité seul l'aîné de ses enfants y a fait un bref passage de six mois en petite section de maternelle et que son institutrice dément avoir été absente, a révélé ensuite le quotidien Libération.

Cette femme de 45 ans, jamais élue, a bénéficié d'une promotion éclair en obtenant, en plus des Sports et des JO, le ministère toujours très sensible en France de l'Education, mais elle est depuis pilonnée par les syndicats enseignants et oppositions politiques.

Alors que son année et demie aux Sports et aux JO est saluée par des interlocuteurs qui louent cette tête bien faite, Sciences-Po-ENA-Essec, qui a aussi été championne de tennis junior, elle est brocardée depuis plusieurs jours comme un symbole de certaines élites françaises mariant la politique et les mondes de l'argent et des médias, pratiquant l'entre-soi scolaire et affichant sans complexe leur mépris de l'école publique.

Fille du directeur du groupe de communication Publicis et d'une directrice des ressources humaines, "AOC" est mariée à Frédéric Oudéa, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et ex-banquier en chef de la Société générale devenu président du géant pharmaceutique Sanofi.

L'été dernier, à la tribune du Grand Palais éphémère, lorsque LVMH annonce son partenariat avec les JO de Paris, elle tutoie ostensiblement le fils de Bernard Arnault, Antoine.

Elle est aussi la nièce des journalistes politiques Alain et Patrice Duhamel et Nathalie Saint-Cricq, et la cousine du journaliste de BFMTV Benjamin Duhamel.
"Question de classe sociale"
Née en 1978 à Paris, elle-même a étudié à l'école publique dans les arrondissements chics de la capitale, aux lycées Victor-Duruy dans le VIIe arrondissement et Jean-de-la-Fontaine dans le XVIe. A sa sortie de l'ENA, elle rentre à la Cour des comptes, puis bifurque dans le privé, chez Axa et Carrefour, avant de devenir directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT).

Le député LFI François Piquemal l'avait taclée récemment à l'Assemblée, quand elle avait été interropée sur son salaire à la FFT lors d'une commission d'enquête sur le sport : "Comprenez qu’on puisse s'interroger au niveau du sport amateur qu’une dirigeante de fédération touche 500.000 euros par an alors que je vois dans ma ville de Toulouse on a plein de clubs qui sont exsangues".

"Je comprends très bien que 500.000 euros puissent paraître élevé au regard des standards de vie des Français", avait-elle rétorqué.

En tant que ministre, "si je rapporte ma rémunération actuelle au volume d'heures que chaque semaine je m'enfourne, en bossant jours, nuits, week-ends, je ne suis pas bien payée", avait-elle complété, se disant cependant "passionnée".

Aux Sports, son entame avait été acrobatique car elle avait dû affronter le fiasco de la finale de la Ligue des Champions.

Elle a ensuite géré avec une certaine habileté, aux dires de bien des observateurs, une crise au comité d'organisation de la Coupe du Monde de rugby, puis avec Noël Le Graët, patron de la puissante Fédération française de foot ainsi qu'avec le bouillant Bernard Laporte à la fédération de rugby.

Son côté "bon élève" en agace certains, qui l'accusent de pratiquer le "micro-management" et de se mêler de tout. Ses relations avec la maire PS de Paris Anne Hidalgo sont notoirement mauvaises. "C'est une question de classe sociale", décrypte un conseiller.

"Dans trois ans, plus personne ne parlera d'elle", avait pronostiqué jeudi un Bernard Laporte volontiers revanchard. Depuis sa nomination et ses faux pas répétés, "AOC" a en cinq jours gagné en notoriété.