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Январь
2024

L'idée des végèteries prend peu à peu racine en Creuse

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Rien ne végète dans les végèteries, au contraire, tout se transforme. Sur le même principe que les déchetteries, les végèteries sont-elles destinées à accueillir uniquement des “déchets” naturels, tonte, coupes de haie, petits branchages pour les valoriser et les recycler, au plus près de leur site.

Valoriser au plus près de là où sont produits les déchets

Si elles se lancent à l’échelon du test en Creuse, elles font déjà partie du paysage dans d’autres départements, notamment le Puy-de-Dôme et la Vienne. Jusqu’à présent, alors qu’il est interdit de brûler ces “déchets” verts en plein air, les particuliers ont deux options : les valoriser dans leur jardin ou bien les acheminer dans la déchèterie la plus proche. Une troisième sera bientôt possible en quelques points de la Creuse : les emmener en végèterie.Patricia Audoux, la maire et son adjoint Marc Lascaux, n'ont pas hésité à expérimenter une végèterie sur leur commune @ Bruno Barlier

« La première raison d’exister des végèteries, qui pour moi est la plus importante, c’est l’idée pour Evolis, de mettre le paquet sur la prévention des déchets, de toujours réussir à soit ne pas en produire, soit de détourner des flux de collecte pour les valoriser au plus près pour éviter de transporter des déchets inutilement »,

La toute première végèterie de Creuse a ainsi vu le jour en avril dernier à Saint-Sébastien, précisément pour trouver une solution hyper locale suite à la fin du partenariat d’Evolis avec la déchèterie d’Eguzon.

« Pour des raisons économiques, on a arrêté notre partenariat avec les déchèteries qui sont hors du territoire (*) donc nos usagers ne peuvent plus y accéder », explique Laurence Da Lage. Il a fallu trouver une alternative, au moins pour les déchets verts, pour ces usagers qui sont parfois éloignés de la première déchetterie du territoire Evolis.@ Bruno Barlier 

Car d’autre part, le syndicat mixte ne met plus à disposition de ses usagers des broyeurs même s’il propose toujours de se déplacer à domicile pour effectuer, en le facturant, votre broyage. « C’est aussi une des raisons pour lesquelles on a pensé à mettre en place des végèteries », ajoute la responsable du service Déchets d’Evolis.

Il en coordonne le réseau et apporter son aide logistique à la mise en œuvre et au fonctionnement de chaque végèterie au sein des communes. Il a notamment obtenu des subventions pour financer les broyeurs qu’elles se partageront et s’occupera de fournir des supports de communications uniformisés pour toutes les végèteries à venir du territoire.@ Bruno Barlier

Un dépôt plus simple qu'en déchetterie

Une autre raison qui pourrait convaincre les usagers d’utiliser des végèteries, c’est tout simplement l’accessibilité. « Le dépôt en déchetterie est plus compliqué en raison des normes de sécurité, relève Laurence Da Lage. On a pas mal de retours des usagers qui nous disent qu’ils ne peuvent pas benner avec leur remorque par exemple. En végèterie, c’est à plat, à même le sol, donc c’est plus facile. »@ Bruno Barlier

Une végèterie devrait être aménagée à Bonnat qui s’est portée volontaire pour tester le concept. « Dans un second temps, si ça marche bien, il est possible que nous allions vers les communes pour développer les systèmes », précise Laurence Da Lage. Si elles sont sans doute amenées à se développer partout où elles permettront de réduire les déplacements, pas d’inquiétude pour autant, « vous pouvez aller en déchetterie comme avant, ça ne change rien, l’usager choisit ce qui lui convient le mieux », explique Evolis, les végèteries, c’est un bonus. 

DépôtsUn dépôt égal un tas : il est recommandé de déposer chaque type de déchet vert en tas différent pour ne pas mélanger les végétaux, pour faciliter ensuite manipulation et valorisation. Les souches et le bois forestier ne sont pas acceptés, ni les déchets verts de professionnels.BroyatCe sont en principe les employés communaux qui seront chargés du broyage des dépôts. Le broyat sera mis à disposition des usagers sur site. En déchetterie, les végétaux finissent aussi en broyat, la plus grande partie est donnée aux agriculteurs ou aux maraîchers du département. Seules quelques déchetteries en mettent à disposition des particuliers. « La demande est assez importante, constate Evolis. La possibilité d’en avoir aussi en végèterie pourra permettre un meilleur accès aux particuliers. »

À Saint-Sébastien, on expérimente depuis avril 2023

La commune de Saint-Sébastien est la première à tester le principe de végèterie. Un peu forcée par le destin mais satisfaite plus de neuf mois après sa mise en service.

Il n’est plus possible pour les habitants de Saint-Sébastien de se rendre dans la déchetterie d’Éguzon-Chantôme, à une dizaine de kilomètres, depuis que son partenariat avec Evolis a pris fin. Il faut désormais aller jusqu’à Dun, à plus de 15 km de là. Alors, pour trouver une solution moins lointaine au moins pour les déchets verts, la commune a voulu tester la végèterie.Patricia Audoux, maire de Saint-Sébastien @ Bruno Barlier 

« On ne trouvait vraiment pas ça cohérent, aujourd’hui, de vouloir essayer de recycler des choses et de devoir, pour ça, prendre sa voiture pour faire 40 à 50 km aller-retour »,

D’autant que la population est plutôt âgée et se déplace peu. Elle craignait aussi de se retrouver de nouveau avec des flambées interdites dans les jardins ou des dépôts sauvages…

En Creuse, qu'allez-vous faire de vos biodéchets ?

Cette végèterie, « c’est une solution pour nos communes qui sont éloignées de tous les services et c’est aussi une expérience pour nous », se réjouit l’élue. Elle et son adjoint, Marc Lascaux, avec un groupe de travail d’Evolis, se sont rendus dans le Puy-de-Dôme pour voir comment fonctionnait une végèterie, les règles qu’il fallait mettre en place.@ Bruno Barlier 

À Saint-Sébastien, le site choisi longe la route qui va à Eguzon, « c’est un terrain communal de remblais qui servait de décharge jadis ». En libre accès, la végèterie est pour l’instant « réduite à sa plus simple expression », composée de cases délimitées par des piquets et de la rubalise, d’une signalétique provisoire installée par la commune et de deux caméras de surveillance.

Les habitants l’ont rapidement adoptée, en témoignent les différentes cases remplies de tonte, branchages, sapins, etc. La municipalité a choisi de passer par une société privée pour le broyage car le coût est « minime ». Une fois par semaine, les agents communaux s’occupent simplement de vérifier la nature des dépôts et de les déplacer à l’aide d’un tracteur, vers un tas général.

(*) Notamment avec les déchetteries d’Aigurande, Eguzon-Channtôme et Masbaraud-Mérignat.

Texte : Julie Ho Hoajulie.hohoa@centrefrance.comPhotos : Bruno Barlier