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Январь
2024

Comment nos enfants aimeraient-ils qu'on leur parle du climat ?

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La protection du climat ou de la biodiversité, faut-il en parler un peu tout le temps aux enfants ou plutôt de façon ludique et détaillée en vraies sessions de sensibilisation?? Ne pas leur laisser vivre une enfance de consommateurs insouciants nous poserait-elle comme adultes déprimants?? La réponse de collégiens est inspirante... Stupéfiante, même quand ils avouent s'en remettre aux médias faute de mieux.

Paco et Mathys, 14 ans, en visite à La Montagne, ne se sentent pas menacés par l’éco-anxiété. Ils ne s'en disent pas moins concernés par le climat ! Et en manque de clefs pour comprendre tout ce qu’ils captent au quotidien.

Leurs propositions en fonction de l'âge

Ils imaginent deux grandes étapes pour parler climat aux enfants.

D’abord éveiller les plus petits à l’impact de leur comportement sur ce qu’ils aiment. "Je pense que jusqu’en primaire, les enfants ne se soucient pas trop des conséquences de ce qu’ils font."

Même si on leur en parle en classe, ça n’a pas encore beaucoup d’impact, sauf si on leur parle des inconvénients pour ce qu’ils aiment bien dans leur vie.

Les deux garçons proposent, à ce stade, des choses simples, comme apprendre à ménager les plantes et les animaux autour de soi. Ou encore des raccourcis qui jouent sur leurs cordes sensibles : "Parler de glaciers qui fondent et d’animaux qui vont mourir ".  

À ma petite sœur, je dis par exemple de faire attention à ce qu’elle jette par terre pour essayer de polluer le moins possible.

Ensuite, au collège, autant parler cash?!

Le monde le fait déjà ! Paco et Mathis associent immédiatement le mot climat à des concepts sans ambiguïté. Ils parlent  "événements météo exceptionnels", "réchauffement climatique ", "températures qui montent ", "disparition d’espèces"…

Le changement, on le voit, et on l’entend partout, à la télé, à la radio… On constate la chaleur qui pèse de plus en plus. Mais, c’est un peu comme si les adultes hésitaient à en parler avec nous.

"Les adultes pensent peut-être qu’on va soupirer et qu’on préfère jouer à des jeux vidéos"… « Ou que ça ne nous intéresse pas de parler du climat avec eux"… "Où qu’on en parle assez à l’école".

Ébranlés, mais foncièrement résilients

Paco avoue tenir l’essentiel de ses informations de la radio, que ses parents écoutent en voiture. "Ce qui m’a le plus interpellé, c’est quand j’ai entendu la hausse des températures depuis les années 2000 et des pics à plus de 40°C. J’ai fait une recherche. Ça m’a secoué." 

"Moi, c’est quand j’ai commencé à entendre que les glaciers se mettaient à fondre. Je me suis dit que ce n’était pas quelque chose de normal", reprend Mathys. 

Les deux garçons estiment qu’à leur âge, peu d’enfants sont victimes d’éco-anxiété, mais ils se disent assez matures pour réfléchir et dégager des réflexions comportementales.

Ils veulent en savoir plus, mais concrètement

Ils sont demandeurs d’explications concrètes pour faire le lien entre leur quotidien et ce qu’ils entendent. " Qu’on m’explique le mécanisme d’autres facteurs qui font augmenter la température".

J’aimerais par exemple qu’on m’explique exactement par quels mécanismes la consommation d’essence participe au réchauffement.

Une fois ces mécanismes identifiés, ils sont aussi preneurs de préconisations concrètes et à leur portée : "Des petites listes d’actions qui ne demandent pas tous les efforts du monde, mais juste quelque chose comme bien fermer le frigo ". Illustration de la banquise arctique, du climatologue Michel Galliot. 

Ils ont enfin besoin d’échanger. Les collégiens proposent par exemple qu'on leur organise des lieux qui pourraient ponctuellement se transformer en espaces rhétoriques pour donner du sens à leur environnement, et notamment à cet univers social et médiatique climato-centré dans lequel ils baignent.

Ils parlent déjà du climat entre eux, mais avec spontanéité. "Les jeunes vont décrocher si on se met à leur faire un cours sur le climat. Du coup, c'’est plus facile d’en parler entre nous, parce qu’on se comprend dans notre manière d'en parler même si on n’a pas les bons mots. Avec les adultes, c’est plus compliqué parce qu’il faut mettre en forme".

Le climat, donc : ils y pensent?! Ils y réfléchissent, ils s’y investissent…  Leur conseil aux adultes : c’est peut-être moins prétendre les informer et "former" à la question climatique que les écouter en parler. Leurs questions sauront guider. 

Anne Bourgesanne.bourges@centrefrance.com