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Январь
2024

Quel est cet atelier cuisine qui permet de reprendre goût au travail ?

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Pendant que Samanda glisse les cannelés dans le four, Sylvie continue d’éplucher les topinambours. Ce matin de mi-janvier, il y a du pain sur la planche dans la vieille maison située dans la cour du siège de l’Agglo Pays d’Issoire (Api).

Avec le chantier d'insertion, la collecte des biodéchets s'organise à Issoire

Ici, est installé le chantier Hors les murs qui favorise l’insertion professionnelle et sociale de personnes éloignées de l’emploi à travers des activités comme la collecte de biodéchets, des activités potagères, de l’entretien de locaux et de la production culinaire. "La cuisine et l’entretien des locaux sont des prestations plutôt à destination des services de l’Agglo et des communes", précise Delphine Durif, directrice des solidarités à l’Api.

Un service gratuit pour les collectivités

Alors, en ce début d’année, avec les nombreuses cérémonies de vœux et repas organisés dans les collectivités, les prestations de l’atelier cuisine sont particulièrement demandées.Les cannelés, une spécialité de l'atelier cuisine. Buffet pour 150 personnes à Saint-Yvoine, collation pour 60 lors du don du sang de Coudes ou buffet pour 80 convives à la prochaine cérémonie des champions d’Api…, le tableau situé dans la pièce de vie permet d’avoir un aperçu des menus à mitonner par les salariés en insertion. "Nous réalisons majoritairement des buffets. Ce n’est pas un service payant. Mais, si on se sert en grande partie des légumes issus de notre potager, on demande une participation afin d’acheter les matières premières", note Aline Deniau, encadrante technique.

"Le but n’est pas de faire concurrence aux entreprises et structures privées, mais d’apporter un service aux collectivités"

Samoussas, pissaladières, flans au potiron, verrines ou encore mini-savarins, gougères sont ainsi proposés aux collectivités. "Le début d’année fait partie de nos temps forts, comme lors des cérémonies de mai ou de juillet", ajoute Aline Deniau qui constate une vraie montée en puissance du nombre de prestations ces dernières années : de 69 en 2021 à 120 l’an dernier.Des moments importants pour les collectivités, mais surtout pour les salariés en transition professionnelle, majoritairement bénéficiaires du RSA, qui trouvent à travers la cuisine une activité pour remettre la main à la pâte. "On ne recrute pas sur compétence, mais sur l’envie. La cuisine est une activité support. Car l’ensemble des personnes, durant leur contrat de quatre mois renouvelable, tourne sur les quatre activités", insiste Delphine Durif.

Ce matin-là, Jimmy, 21 ans, démarre son cycle cuisine. Une activité qu’il découvre à son rythme. "C’est mon premier job, lâche-t-il timidement. Je suis en train de retranscrire les recettes sur ordinateur."

Regagner en confiance

"Nous travaillons aussi avec des personnes qui n’ont pas forcément de compétences en cuisine. C’est pour cela que nous sommes constamment dans l’adaptation", éclaire l’encadrante.Ces dernières semaines, l’activité en cuisine est dense pour les salariés d’Hors les murs. Épluchure ou découpe des légumes font ainsi partie des activités réalisées dans un premier temps. Mais la cuisine a cet avantage que la montée en compétences peut être rapide.

"La cuisine, c’est ma passion. Je me suis entraînée pendant les vacances à confectionner des cannelés à la maison. Et apparemment, c’était réussi"

Après une première expérience au sein d’Hors les murs, Samanda est de retour derrière les fourneaux pour son plus grand plaisir : "Le service à la personne me plaît. La cuisine aussi, plutôt les pâtisseries d’ailleurs."

Projet professionnel ou simple activité, l’atelier cuisine du chantier d’insertion d’Api offre une belle opportunité à des travailleurs éloignés de l’emploi de développer des compétences transverses, tout en incorporant les codes du monde du travail.Des personnes qui peuvent, en quelques mois, remettre le pied à l’étrier et regagner une confiance indispensable pour (re)trouver une activité. Une formule qui fonctionne : 60 % des salariés passés par le chantier trouvent un emploi durable.

Jean-Baptiste Botella