"On rentre tout, on se barricade" : comment les Réunionnais se préparent au passage du cyclone Belal
Jusqu'ici tout va bien, mais le ciel s'assombrit de minute en minute. La Réunion se prépare à vivre le passage de Belal, "un cyclone qui pourrait marquer l'histoire de l'île", selon les prévisions de Météo France. L'alerte cyclonique rouge sera déclenchée ce dimanche à partir de 20 heures, heure locale, soit 17 heures en métropole. La population est appelée à se confiner "dans un lieu sûr", a ordonné le préfet Jérôme Filippini. Sur place, c'est le branle-bas de combat.
Le spectre de 1989"J'en ai connu des cyclones. Je sais les dégâts que ça peut causer. Alors, j'ai pris mes précautions." Jean Payet, local de 70 ans, a fermé sa station-service dans l'après-midi avant de se mettre en sécurité dans sa maison au Tampon, au sud-ouest de l'île. "J'ai essayé de protéger mon commerce comme j'ai pu. Chez moi, j'ai rentré les plantes et tout ce qui trainait dehors. On va fermer les volets et se calfeutrer", glisse-il.
Le septuagénaire craint le pire alors que certains météorologues annoncent un cyclone d'une intensité similaire avec Firinga, en 1989, lors duquel quatre personnes sont mortes. "C'était très impressionnant. Ma toiture s'était envolée à l'époque", se souvient Jean Payet.
Des rafales jusqu'à 250 km/hLui aussi a tout prévu. Arrivé à La Réunion il y a un an avec sa femme et ses deux filles, Jean-Yves Couleaud a eu le temps de prendre la mesure du danger d'un cyclone. "D'autant que celui-là a l'air gros", souffle-t-il. En effet, avec "des vents qui pourraient dépasser les 200 km/h sur le littoral et 250 km/h voire plus sur les hauteurs", selon Météo France, Belal pourrait causer "de gros dégâts".
Jean-Yves avec sa femme, Aline, et leurs deux filles. Photo fournie "On a donc ramassé tout ce qui pourrait s'envoler. On a sanglé les poubelles et les vélos. Par précaution, on a coupé les arbres qui sont près de la véranda", raconte Jean-Yves, qui s'apprête à vivre ce "confinement" avec sa famille venue passer Noël sur l'île. Son frère, Pierre, attend d'ailleurs de savoir quand il pourra repartir en métropole après l'annulation de son vol prévu ce dimanche. L'aéroport de Saint-Denis étant fermé jusqu'à nouvel ordre.
Routes désertesEux repartiront dans leur Corrèze natale à la fin du mois de janvier. Comme les autres, Lionel Demiranda, et sa femme Justine, en vacances depuis six mois à La Réunion, "se barricadent" avant l'arrivée de Belal. "On a été bluffés de voir comment les gens ont pris rapidement leurs dispositions après les annonces, dit-il. Ce dimanche, on est remonté jusqu'à Saint-Leu, où nous louons un appartement, après un week-end dans le sud de l’île, il n’y avait personne sur les routes, c’était super bizarre. D’habitude, c’est blindé. On sent que les gens sont déjà tous chez eux."
"Les Réunionnais ne cèdent pas à la panique"Avant de s'enfermer, tous sont passés faire quelques courses pour tenir. "On a principalement acheté de l'eau parce qu'elle devrait être coupée, précise Jean-Yves Couleaud. Mais au supermarché, on n’a pas vu la folie qu’il pourrait y avoir en métropole, comme celle qu'on a vécue pendant les confinements du Covid. Ici, les gens achètent un ou deux packs. On ne voit pas des chariots remplis à ras bord. Les Réunionnais ne cèdent pas à la panique."
Ce confinement devrait durer "sans doute" jusqu'à mardi matin, a prévenu le préfet de La Reunion. "Nous suivons de près l'évolution du cyclone en lien avec Emmanuel Macron et Gabriel Attal", écrit Gérald Darmanin sur X (ex-Twitter).
Thibaut DALEGRE