ru24.pro
World News
Декабрь
2025
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31

A l’Assemblée nationale, une journée décisive pour le budget de la Sécu… et pour Sébastien Lecornu

0

De l’issue du vote, son avenir pourrait dépendre. Sébastien Lecornu tente ce mardi 9 décembre le pari de faire adopter sans majorité le projet de budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, où il s’est assuré du soutien des socialistes mais risque d’être lâché par les siens.

Le texte pourrait être rejeté non pas à cause d’Olivier Faure, le patron du PS, qui a appelé à voter "pour" et avec lequel le Premier ministre a mené la danse des négociations, mais parce que dans son propre camp, Les Républicains et Horizons refusent de soutenir un budget qui, à leurs yeux, fait trop de concessions à la gauche. Le scrutin s’annonce donc extrêmement serré sur la deuxième lecture du projet de loi, dans lequel le chef du gouvernement a concédé la suspension de l’emblématique réforme des retraites.

Et son rejet pourrait précipiter la chute de Sébastien Lecornu, même si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a jugé dimanche qu’une démission "n’aurait pas de sens". Nommé il y a tout juste trois mois à Matignon, le chef du gouvernement a en effet renoncé à recourir au 49.3, qui permet de faire passer un texte sans vote mais expose à la censure. Et défend la méthode des "petits pas".

Edouard Philippe joue les trouble-fête

Il a déjà senti le vent du boulet souffler sur le volet "recettes" du texte, adopté à peu de voix grâce à plusieurs compromis, sur la CSG du capital par exemple ou la promesse d’abandonner l’augmentation des franchises médicales. Mais aussi grâce aux nombreux absents dans l’hémicycle, notamment au Rassemblement national.

Après avoir mouillé sa chemise sur cette partie "recettes", Sébastien Lecornu est reparti à la pêche aux voix pour le volet "dépenses" et surtout pour le vote final sur l’ensemble du projet de loi, prévus tous deux mardi.

Sébastien Lecornu "m’a dit plutôt d’appeler des députés Horizons", raconte une ministre Renaissance. Car chaque voix va compter et celles d’Horizons sont particulièrement courtisées. Lundi soir, sur LCI, le président du parti Edouard Philippe, candidat déclaré pour 2027, a recommandé à ses députés de s’abstenir. Ce texte "n’est pas satisfaisant" mais "je ne suis pas partisan du chaos, je ne propose pas de voter contre. Je n’ai jamais voulu que le gouvernement de Sébastien Lecornu tombe", a ajouté l’ex-Premier ministre.

"L'abstention est une possibilité", a reconnu ce mardi matin la présidente du groupe des Verts Cyrielle Chatelain qui attend dans l'hémicycle un "engagement" du gouvernement sur le fait que "chaque euro voté pourra être dépensé par les soignants". Une assurance donnée quelques minutes plus tard par la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin. En direction des élus d'outre-mer, Sébastien Lecornu a proposé un amendement pour financer davantage la santé de ces territoires.

Le 49.3, "seule voie de passage" ?

Le gouvernement ne cesse d’avertir que si aucun texte n’est adopté, le déficit de la Sécu flamberait à 30 milliards d’euros en 2026, contre 23 en 2025. Selon la ministre de la Santé Stéphanie Rist, il devrait se situer dans le texte final à 19,6 milliards d'euros. En comptant toutefois 4,5 milliards d'euros transférés des caisses de l'Etat pour donner de l'air à la Sécu - ce qui reporte le problème, pointe la droite.

Face aux risques élevés d’échec, beaucoup de responsables politiques demandent de réactiver le 49.3 puisque les socialistes obtiendraient la suspension de la réforme des retraites, et pourraient donc ne pas censurer. "Le 49.3, c’est sa seule voie de passage. Ça nous protégerait bien plus", soutient une ministre.

L’issue du scrutin est d’autant plus incertaine que les votes ne seront pas unanimes au sein des groupes. Renaissance, le MoDem, le PS et le groupe indépendant Liot devraient voter majoritairement pour, quand les insoumis et l’alliance RN-UDR devraient voter contre. Les communistes se dirigent vers un vote majoritairement contre. Les voix des écologistes, qui hésitent entre vote contre et abstention, et même des non-inscrits, pourraient s’avérer cruciales. Chez LR, Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter un "budget socialiste" qui "prépare un crash social". Mais certains élus opposés à la réforme des retraites pourraient voter pour.

Si le texte est adopté, son chemin ne sera pas terminé pour autant : il repartira au Sénat, avant de revenir à l’Assemblée, à qui le gouvernement pourra alors donner le dernier mot.