Libération de Boualem Sansal, critique de l’islam
Écrivain admirateur de Camus et Orwell, polémiste apprécié des défenseurs de la liberté d’expression et des critiques de l’islam en tant que système politico-juridique de conquête, le romancier franco-algérien Boualem Sansal a été gracié mercredi après un an en détention dans son pays natal.
La vie de cet ex-fonctionnaire algérien octogénaire devenu un féroce critique du régime algérien avait basculé le 16 novembre 2024 quand il avait été arrêté à son arrivée à Alger en provenance de Paris, avant d’être emprisonné. Boualem Sansal avait été » condamné à cinq ans de prison, accusé d' »atteinte à l’unité nationale » après des déclarations en octobre 2024 au média français Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de régions comme Oran et Mascara, appartenant précédemment, selon lui, au Maroc.
La condamnation de Boualem Sansal avait aggravé les tensions entre la France et l’Algérie et confirmé sa disgrâce dans son pays natal, débutée il y a de longues années. Dès 1999, son entrée en littérature avec « Le Serment des barbares » le voit relater l’influence des intégristes en Algérie dans une société où règneraient violence et corruption. Un autre de ses romans, « Le Village de l’Allemand », est même censuré en Algérie car il dresse un parallèle entre islamisme et nazisme.
La diplomatie française n’avait pas voulu instaurer un rapport de force avec Alger, privilégiant la discrétion et la douceur, sans succès, même si l’exécutif français se targuait mercredi soir de son efficacité. Un rôle décisif semble avoir été joué par l’Allemagne (où le président algérien Tebboune est souvent soigné), dont le chef de l’Etat avait réclamé, lundi, la libération de l’écrivain pour raisons humanitaires. L’Algérie se trouve de plus en plus isolée, hormis le soutien de la Russie, et en difficulté sur le plan géopolitique, notamment avec la menace de chute de la junte militaire au Mali, et que donc la libération de Sansal lui fournit une bouffée de respectabilité bienvenue en Europe, où l’exécutif italien et allemand s’étaient récemment mobilisés sur ce dossier.
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