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Ноябрь
2025

On empêche la licorne Doctolib de grandir

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Doctolib appartient au club très fermé des licornes françaises, ces startups non cotées en bourse et valorisées au moins 1 milliard de dollars (Md$). Elle n’est pas encore sur la liste des décacornes (licornes ayant atteint au moins 10 Md$ de valorisation) mais s’en rapproche avec une valorisation autour de 6 Md$. Ou plutôt s’en rapprochait jusqu’au 6 novembre 2025, jour où l’Autorité de la concurrence lui a infligé une amende de 4,665 millions d’euros (M€) qui risque bien de la dévaloriser aux yeux des investisseurs.

La licorne est condamnée pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché de la prise de rendez-vous médicaux en ligne et celui des téléconsultations. Derrière cette décision se cachent en réalité deux motifs différents.

Le premier reproche, qui constitue l’essentiel de l’amende (4,615 M€), est d’avoir imposé « jusqu’au mois de septembre 2023, dans ses contrats d’abonnement avec les professionnels de santé, une clause d’exclusivité, combinée à une clause dite “anti-allotement” permettant à Doctolib de suspendre ou résilier le contrat. Ces clauses interdisaient aux professionnels de santé, ou dissuadaient ces derniers, de recourir à des services de prise de rendez-vous médicaux ou à des solutions de téléconsultation concurrents de ceux de Doctolib. » Par ailleurs, l’entreprise avait mis en place un système de « ventes liées » qui imposait aux clients de souscrire à Doctolib Patient pour pouvoir accéder à Doctolib Téléconsultation.

Nous ne prendrons pas position sur cette première condamnation et laissons la justice faire son travail, puisque Doctolib a décidé de faire appel avançant des arguments qui peuvent s’entendre.

En revanche, nous critiquons vivement la seconde amende. Beaucoup moins élevée que la première (50 000 €), elle sanctionne Doctolib pour avoir « racheté la société MonDocteur, son principal concurrent, dans le but de verrouiller le marché national des services de prise de rendez-vous médicaux en ligne ».

 Cette décision est doublement contestable. Premièrement, elle condamne Doctolib pour le rachat d’une société (qui équipait seulement 2% des soignants) en 2018, envoyant un message d’instabilité juridique inquiétant. Plusieurs fonds auraient déjà indiqué qu’ils gelaient leurs opérations de fusions-acquisitions dans l’attente de clarification du cadre légal.

Deuxièmement, elle remet en cause tout le modèle économique des startups qui consiste à croître rapidement, racheter des concurrents et structurer leur marché pour s’imposer. Comme l’a dit Maya Noël, directrice générale de France Digitale, « Comment voulez-vous faire émerger de nouvelles entreprises qui révolutionnent le quotidien des Français […] en condamnant ainsi Doctolib ? La consolidation est notre seul moyen d’accélérer la croissance des jeunes entreprises tech européennes face aux géants US et asiatiques disposant de capitaux quasi illimités. »

Par sa décision, l’Autorité de la concurrence envoie le signal, aux investisseurs et aux entrepreneurs, que la France n’est pas vraiment une terre propice pour faire naître les futurs géants de la tech.

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