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Emmanuel Macron: «Vers l’infini et au-delà»

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Entêtement. Le président de la République a finalement reconduit Sébastien Lecornu à Matignon, hier soir. Si jamais il était contraint de véritablement démissionner à l’avenir, Causeur vous révèle en exclusivité le nom de son futur remplaçant.


À la perche, il y a Armand Duplantis, intouchable, inatteignable, qui ne cesse, cm par cm, d’améliorer ses propres records du monde. Eh bien, en politique, nous avons désormais son clone, qui s’appelle Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron, perchiste indomptable

Mais où s’arrêtera-t-il ? s’interrogeaient, stupéfaits, les commentateurs sportifs le 15 septembre dernier, alors que le natif de Lafayette (en Louisiane) établissait son 15ème record du monde, en effaçant à son dernier essai une barre à 6m30.

Difficile à dire, évidemment, mais on peut au moins garantir que Duplantis ne dépassera jamais les 7m. Dans le cas d’Emmanuel Macron en revanche, personne, depuis cette semaine, ne peut plus garantir un plafond. Jupiter plane sur le toit du monde, et ne prévoit plus de redescendre sur terre.

2025, nouvelle année miraculeuse ?

L’année 1905, qui voit la publication par Einstein de quatre articles scientifiques révolutionnaires, est souvent qualifiée d’année miraculeuse de la physique.

Citoyens bénis que nous sommes, nous avons vécu, pour notre part, une semaine miraculeuse de la politique. Grâce à Jupiter, secondé par son fidèle Ganymède, nous avons ainsi découvert d’abord le concept de gouvernement supra-luminique, un gouvernement qui va plus vite que la lumière. Sitôt créée, l’entité mystérieuse a toutefois aussitôt disparu, avant même qu’un accélérateur de particules ait eu le temps d’enregistrer sa trace. Mais ce n’était qu’une préparation ; car notre duo génial tenait à partager avec nous une seconde de ses trouvailles, inspirée par l’expérience de pensée de Schrödinger : la notion de Premier ministre quantique, dont l’état politique (démissionnaire ou de plein exercice) varie suivant les opérations de mesure. Mort lundi, le chat Lecornu émerge ainsi vivant ce vendredi. Mais attention à ne pas refermer la boîte, car son état redeviendrait inconnu…

De la politique aux moulins à vent

Alors que la gauche attendait Matignon comme Vladimir et Estragon attendent Godot, que la droite s’enthousiasmait pour Jean-Louis Borloo, ressorti du congélateur, Emmanuel Macron, dans sa dernière foucade, a donc décidé de nous entraîner un peu plus profondément en Absurdie. Plus le temps passe depuis la dissolution, et plus Jupiter, dans son obstination à nier le réel, à maintenir la même ligne et recycler les mêmes ministres, fait penser à don Quichotte, criant sus à ses moulins à vent. Lui non plus, on ne le fera pas démordre de ses convictions ; au contraire, toute remise en cause semble comme l’enhardir. Il a décrété que sa ligne restait majoritaire, que Lecornu serait Premier ministre, il en sera ainsi ; autant vouloir convaincre don Quichotte que ses moulins à vent ne sont pas des géants. Et Lecornu-Panza aura beau estimer que son maître souffre de visions, écarter un temps toute perspective de rempiler, il finira néanmoins, comme l’entendait Cervantès, par se conformer aux hallucinations de don Quichotte.

Une seule ambition : l’absence d’ambition

Sancho Panza, toutefois, a obtenu pour cela d’immenses concessions d’Emmanuel de La Mancha, et d’abord celle-ci : son gouvernement ne devra plus compter de ministres ayant une ambition présidentielle. Cette dernière épithète paraît d’ailleurs très superflue, car on imagine mal quelle ambition saugrenue pourraient bien nourrir les futurs élus, en acceptant d’être dépêchés sur un tel radeau de la Méduse. Le casting exact peut donc demeurer inconnu à cette heure, on est assuré que les ministres à venir, à l’instar des précédents, ne feront pas mentir l’étymologie latine de leur titre, que notre langue, fort à propos, fait dériver de la racine « minus ».

La magie du carnaval

Mais Sancho n’a pas arraché que cette promesse à son maître : notre don Quichotte national, en effet, a également consenti à ce que l’épineux dossier de la réforme des retraites soit rouvert. Et comment lui donner tort ? Ce n’est pas comme si le Trésor royal était vide. A cet égard, la gauche a péché par timidité : c’est la suppression de la TVA, et non l’abolition d’une mesurette, qu’il fallait exiger.

En attendant, le carnaval s’approfondit. Car le propre du carnaval, c’est l’inversion des rôles : les serviteurs devenant les maîtres, et les maîtres les serviteurs, les paysans se déguisant en nobles, etc. Dans notre cas, le renversement est limité à moins d’individus, mais reste, sous la houlette d’Emmanuel Macron, tout aussi saisissant. Le monarque républicain, voulu par de Gaulle, se mue ainsi chaque jour davantage en royal bouffon.

Le prochain Premier ministre

Jusqu’au bout cependant, je veux croire qu’Emmanuel Macron a hésité, pour ne reculer qu’à l’ultime seconde devant un choix de Premier ministre plus disruptif. Un Premier ministre qui lui restera fidèle quand tous, suivant l’exemple des Brutus de la première heure – les Philippe, les Attal, les Estrosi même – auront fini par l’abandonner. Un Premier ministre capable de rassembler largement autour de lui, de manière parfaitement transpartisane et même inter-spécifique : Nemo, labrador de son état, mais pétri de convictions politiques, et Marcheur de la première heure. Sébastien Lecornu tient là son successeur, et il le sait ; dans les chenils, l’impatience monte…

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