Jours fériés en Europe : où se situe la France par rapport à ses voisins ?
"Il faut faire partir Bayrou", a fustigé Jean-Luc Mélenchon. "Aucun député RN n’acceptera", a, de son côté, affirmé Jordan Bardella. D’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique, la proposition a fait l’effet d’une bombe mardi 15 juillet. Le Premier ministre François Bayrou a suggéré de supprimer deux jours fériés en France, citant en "exemples" le lundi de Pâques et le 8-Mai. L’objectif : stimuler la production de richesse et accroître les recettes de l’Etat.
Si cette mesure se concrétisait, la France passerait alors de 11 à 9 jours chômés, devenant ainsi le pays le moins généreux en la matière parmi ses voisins européens. Un changement qui, selon le ministère du Travail, serait "applicable à tous", salariés du privé comme fonctionnaires.
Dernière place du classement pour la France
Dans l’Union européenne, un salarié bénéficie en moyenne de 11,7 jours fériés par an, si l’on ne prend pas en compte les spécificités régionales. Mais les écarts restent importants d’un pays à l’autre. Chypre arrive en tête avec 15 jours chômés, tandis que l’Espagne, Malte, la Slovaquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie en affichent 14 au compteur. Juste derrière, l’Autriche, la Finlande, le Portugal, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la République tchèque se partagent la troisième place avec 13 jours fériés. L’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas ferment, quant à eux, la marche avec seulement 9 jours.
La France, avec ses 11 jours fériés, se situe donc aujourd’hui dans la moyenne et partage son rang avec l’Estonie, le Luxembourg, la Suède, la Grèce, la Hongrie et l’Italie. Mais en cas de suppression de deux jours, elle rejoindrait le groupe du bas du classement, se retrouvant derrière la Belgique et l’Irlande qui en comptent 10.
En revanche, cette annonce relance aussi le débat sur le temps de repos des Français. Puisqu’en additionnant les congés payés aux jours fériés, la France atteint un total de 36 jours de repos, ce qui la place en huitième position au sein de l’Union européenne. Elle reste tout de même loin des champions des jours chômés : l’Espagne et Malte, qui culminent à 44 jours non travaillés, suivies par l’Estonie (39 jours), l’Autriche (38) puis la Finlande et le Luxembourg (37).
Les jours fériés célébrés en Europe
La question des jours à supprimer reste délicate. Le Premier ministre a évoqué deux dates : le lundi de Pâques et le 8 Mai. Des jours qui font polémique de par leur symbole. Le lundi de Pâques, férié depuis 1886, n’est plus marqué par de grandes célébrations religieuses en France, même s’il reste hérité de traditions chrétiennes anciennes, rappelle l’AFP. Il serait le vestige de l’"Octave de Pâques", période de huit jours où les fidèles répétaient chaque jour les mêmes prières après la fête pascale. Dans l’Union européenne, il est férié dans 23 des 27 Etats membres.
Quant au 8 mai, il célèbre la capitulation de l’Allemagne nazie en 1945. Devenu jour chômé en 1953, il a connu un parcours mouvementé : travaillé à partir de 1968, rebaptisé "Journée de l’Europe" en 1975, il ne redevient férié qu’en 1981. Une date qui ne fait pas l’unanimité : le projet de François Bayrou de la supprimer provoque une levée de boucliers, de la CGT au Rassemblement national. Cette commémoration n’est d’ailleurs chômée que dans deux autres pays européens : la République tchèque et la Slovaquie.
Les Etats voisins célèbrent, en revanche, d’autres jours. La Bulgarie fête par exemple la journée de l’armée et du courage le 6 mai, tandis que la veille, le 5 mai, les Pays-Bas marquent la Fête de la libération. Le 9 mai, c’est le Luxembourg qui célèbre la fête de l’Europe, et le 27 avril la journée de la résistance contre l’occupation allemande et italienne a lieu en Slovénie.
Le projet de suppression des deux jours fériés sera intégré aux prochaines discussions budgétaires. S’il aboutit, celui-ci tournera une page historique du calendrier français.