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Июнь
2025

Placements : cinq pistes pour investir dans le non-coté

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Belles histoires d’entrepreneurs et performances alléchantes : investir au capital d’entreprises non cotées en Bourse comporte une part de rêve. L’épargnant vit au rythme des succès – et parfois des échecs – de l’entreprise dont il est copropriétaire, qu’il s’agisse d’une start-up de quelques salariés ou d’une entreprise réalisant 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. "Il s’agit d’un investissement décorrélé des actifs cotés, qui a toute sa place dans un portefeuille diversifié", précise Catherine Baudeneau, porte-parole d’Altaprofits.

Les fonds de private equity couvrent de nombreux secteurs et zones géographiques.

Autrefois réservé aux grandes fortunes, le non-coté se démocratise depuis une dizaine d’années, notamment grâce à des réglementations favorisant son intégration dans les dispositifs d’épargne longue (assurance-vie, épargne retraite, épargne salariale).

Depuis octobre 2024, la loi Industrie verte impose ainsi une part minimale d’unités de compte de private equity au sein des contrats d’assurance-vie et des PER en gestion pilotée. Mais ce n’est pas parce qu’un investissement est accessible à tous qu’il convient à tous les patrimoines. "Il s’agit de placements risqués, peu liquides et dotés d’un horizon d’investissement de huit à dix ans, rappelle Frédéric Zablocki, fondateur d’Entrepreneur Invest. Ces contraintes sont compensées par des objectifs de performance à deux chiffres." Le taux de rendement interne (qui mesure la performance du produit sur l’ensemble de sa durée de vie) du capital investissement ressort à 13,3 % par an sur dix ans à fin 2023 d’après France Invest, l’association professionnelle des acteurs du non-coté. Voici un tour d’horizon des différentes solutions à disposition des particuliers.

Devenez business angel

Le scénario est classique : à l’occasion de la vente de son entreprise, le fondateur réinvestit une partie de son argent dans une ou plusieurs sociétés. Il apporte non seulement du capital mais aussi son expertise et son carnet d’adresses. Le plus souvent, il s’agit d’intervenir dans un secteur d’activité ou un territoire qu’il connaît bien en raison de son activité précédente, ou alors de prêter main-forte à son cercle familial. Le ticket d’entrée est compris entre 10 000 euros et plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’euros, en fonction de l’entreprise cible.

Il existe une cinquantaine de réseaux de business angels permettant de partager son expérience selon l’association France Angels. "Ce type d’investisseurs apprécie de voir son impact concret sur l’entreprise, contrairement à ce qu’il se passe avec une action du CAC 40. Mais il s’agit d’une activité par nature très risquée, avec parfois de mauvaises expériences côté performances, souligne Mayo Kaba, responsable du private equity chez Neuflize OBC. Investir via un fonds permet de répartir les risques en déléguant ce placement à des experts tout en préservant un lien fort avec les entrepreneurs."

Souscrivez un fonds grand public

Plusieurs types de fonds permettent d’investir dans le non-coté : les fonds communs de placement à risque (FCPR), les fonds professionnels de capital investissement (FPCI), les fonds professionnels spécialisés (FPS), la société de libre partenariat, etc. Chacun est soumis à des contraintes spécifiques, sur les investissements éligibles, le niveau de contrôle réglementaire ou encore le ticket d’entrée. "La grande majorité des produits ouverts aux particuliers sont des FCPR avec des minimums d’investissement pouvant démarrer à quelques centaines d’euros – contre 100 000 euros pour d’autres types de fonds", indique Alexis Dupont, le directeur général de France Invest.

Traditionnellement, les fonds de private equity sont ouverts pendant une période de souscription comprise entre un et deux ans. Ensuite, l’équipe de gestion investit la somme levée dans différentes entreprises, pendant quatre à cinq ans. Puis, intervient progressivement la phase de cession des participations, pendant trois à quatre ans, jusqu’à la liquidation finale du produit et son remboursement après huit à dix ans. Mais il existe aussi des produits dits evergreen, ouverts en permanence, donc sans fenêtre de commercialisation ni clôture définitive, et assortis de possibilité de sorties régulières. "Ces fonds se développent depuis deux ou trois ans : 25 produits sont aujourd’hui proposés dont neuf créés en 2024, principalement dans le cadre de l’assurance-vie et de l’assurance retraite", précise Alexis Dupont.

Avantage : l’épargnant peut souscrire à n’importe quel moment. Revers de la médaille : ces fonds sont souvent moins performants. "C’est un peu la quadrature du cercle : les fonds evergreen doivent assurer un minimum de liquidité sur un actif qui ne l’est pas. Pour y parvenir, ils injectent une dose de monétaire ou d’actifs cotés, mais cela pèse sur la performance : on vise en moyenne 6 % à 7 % par an, contre 13 % à 14 % pour les fonds fermés détenus en direct", résume Catherine Baudeneau chez Altaprofits.

Souscrire un fonds de private equity au sein d’un contrat d’assurance-vie permet par ailleurs de bénéficier des avantages fiscaux de cette enveloppe notamment en termes de transmission. Les FCPR souscrits en direct, en dehors de l’assurance-vie, sont soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30 %. Il existe cependant des FCPR "fiscaux" permettant de bénéficier d’une exonération d’impôts sur la plus-value (les prélèvements sociaux de 17,2 % restent dus). Ils doivent répondre à certaines conditions, et le porteur doit conserver ses parts au minimum cinq ans.

A noter que certains fonds permettent aux chefs d’entreprise réinvestissant le produit de la vente de leur société de bénéficier d’un report d’imposition sur la plus-value – sous conditions, en vertu de l’article 150-0 B ter. C’est le cas par exemple du FCPR Eurazeo Entrepreneurs Club 3. "Ce produit est accessible à partir de 10 000 euros et est ouvert jusqu’en avril 2027. Il investira aux côtés de nos fonds institutionnels, dans des valeurs technologiques européennes, avec des tickets compris entre 20 millions et 100 millions d’euros par entreprise", relate Luc Maruenda, directeur d’Eurazeo Wealth Solutions.

Investissez dans un fonds professionnel

Les épargnants pouvant investir au minimum 100 000 euros bénéficient d’un choix de produits beaucoup plus large. De nombreux acteurs conçoivent en effet des produits dédiés aux clients fortunés, directement investis dans des fonds de capital investissement destinés aux clients institutionnels.

"Ces derniers ne sont accessibles qu’à partir de 5 à 10 millions d’euros, pointe Estelle Dolla, la présidente de Private Corner. Nous concevons donc des fonds donnant accès à ces stratégies à partir de 100 000 euros. Cela permet aux particuliers d’accéder à une gestion beaucoup plus performante que les produits grand public puisque les fonds dédiés aux institutionnels visent des taux de rendement interne compris entre 15 % et 20 % et sont beaucoup moins chargés en frais."

Private Corner gère au total une trentaine de supports, dont neuf sont actuellement ouverts à la souscription, proposés à travers des partenariats de distribution avec des banques privées, des conseillers en gestion de patrimoine ou des family office. "Ils sont investis chez Partners Group, Committed Advisors, Pictet, Tikehau Capital, EQT, CVC et Merieux Equity Partners", précise Estelle Dolla. De grands noms du private equity auxquels un particulier ne pourrait accéder en direct.

De son côté, Eurazeo propose aussi des produits accessibles à partir de 100 000 euros directement investis dans ses fonds institutionnels, en plus de ses véhicules grand public. Même principe pour Altaroc, avec Odyssey 2025, un fonds investi dans six à sept fonds internationaux. Il cible principalement le secteur des logiciels et des services technologiques, ainsi que la santé. Il est notamment commercialisé par Yomoni. "Nous proposons donc deux types d’investissements complémentaires dans le non-coté à nos clients : via l’assurance-vie, dès 1 000 euros en gestion libre, avec une certaine liquidité ; en direct, à partir de 100 000 euros pour des fonds plus purs, moins liquides mais affichant des objectifs de performance supérieurs", résume Gauthier Haem, directeur du développement de la fintech.

Achetez un FCPI ou un FIP

Très en vogue dans les années 2000, les fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) et les fonds d’investissement de proximité (FIP) sont en perte de vitesse. Il est vrai que certains produits ont affiché des pertes sévères par le passé.

Les FCPI sont investis au capital de PME innovantes tandis que les FIP ciblent des acteurs régionaux. Contrairement aux autres fonds de private equity, ils sont dotés d’un avantage fiscal à l’entrée. L’épargnant peut déduire 25 % de sa souscription de son impôt sur le revenu (30 % pour un FIP Corse ou investi outre-mer), dans la limite d’un investissement de 12 000 euros pour un célibataire, le double pour un couple. A la sortie, seuls les prélèvements sociaux sont dus. "Les contraintes d’investissement propres aux FCPI et au FIP sont trop importantes, à la fois sur le type d’entreprises et le calendrier des prises de participation. Cela pèse sur leurs performances, qui reposent principalement sur l’avantage fiscal", considère Mayo Kaba.

La société de gestion Entrepreneur Invest ne commercialise plus de FIP mais propose toujours des FCPI. "Ils coinvestissent avec nos FCPR sur les opérations éligibles, indique Frédéric Zablocki. Nos FCPI affichent un objectif de taux de rendement interne de 6 %, contre 8 % à 10 % pour nos FCPR en raison de contraintes de gestion plus strictes, contrepartie de la réduction d’impôt à l’entrée."

Réalisez un coinvestissement ou un club deal

Cette solution consiste, pour un client particulier, à coinvestir en direct au capital d’une entreprise aux côtés de fonds de private equity. Avantage : "Les intérêts du client et des fonds sont alignés, et le cadre est sécurisé puisque les due diligences (la procédure administrative intervenant en amont de l’investissement) sont réalisées par le fonds", indique Mayo Kaba.

Le coinvestissement est toutefois réservé aux très gros clients des banques de gestion de fortune ou aux family offices. "Il faut pouvoir se décider très rapidement et mobiliser l’argent dans la foulée. C’est pourquoi nous proposons le coinvestissement seulement à quelques très grands clients privés, généralement pour un ticket minimum de plusieurs millions d’euros", ajoute Luc Maruenda.

Le principe est identique pour le club deal : une société de gestion ou une banque regroupe plusieurs de ses très gros clients particuliers pour investir plusieurs centaines de milliers d’euros chacun sur une opération.

Faire le bien, ça peut rapporter gros

Il est aussi possible d’investir dans des titres de capital (actions, parts sociales ou titres coopératifs) d’une entreprise solidaire. L’objectif ? Soutenir un projet à impact tout en bénéficiant, souvent, d’un coup de pouce fiscal. L’opération ouvre en effet droit, sous conditions, à une réduction d’impôt sur le revenu de 25 % de son montant, plafonné à 50 000 euros pour un célibataire et le double pour un couple.

Le souscripteur doit conserver ses parts cinq à sept ans, et l’entreprise remplir certaines conditions : il lui faut être agréée Esus (entreprise solidaire d’utilité sociale) et avoir moins de 10 ans ou agir dans le cadre d’un service d’intérêt économique général (Sieg). L’avantage fiscal constitue une forme de rémunération, et parfois même la seule car les entreprises solidaires ne versent pas forcément de rendement, et la part n’est pas toujours revalorisée régulièrement.

Au total, l’argent collecté par des entreprises solidaires a atteint 1,1 milliard d’euros en 2023 d’après Fair, l’association gérant le label Finansol. Ce dernier a été attribué à une cinquantaine de structures solidaires ouvrant leur capital au public, parmi lesquelles Feve, Habitat et Humanisme, Terre de Liens, Vasco ou encore Villages Vivants.

Un article de notre dossier spécial Placements, publié le 19 juin.