La chute d’Imane Khelif
La boxeuse Imane Khelif serait finalement… un homme! Une enquête révèle que sa réalité biologique a été soigneusement dissimulée au grand public: porteuse de chromosomes XY et atteinte d’un trouble rare du développement sexuel, elle aurait été protégée pendant des années par les autorités sportives algériennes et son cas particulier soigneusement ignoré par le Comité Olympique International.
On dispose aujourd’hui des éléments permettant de reconstituer l’étonnant parcours d’Imane Khelif, accusée par de nombreux médias et personnalités d’avoir remporté une médaille d’or de boxe féminine aux JO 2024 de Paris par une imposture. Cette accusation semble aujourd’hui étayée par la concordance entre l’enquête du média en ligne, Le Correspondant, dirigé par le journaliste franco-algérien Djaffer Ait Aoudia, et d’autres documents pertinents.
Une petite fille très sportive
La petite Imane naît dans une famille très pauvre d’une ville reculée d’Algérie. Dès l’âge de six ans, elle se passionne pour le sport, jouant d’abord au football avec les garçons de son village, où elle se distingue par sa robustesse. À 16 ans, sur les conseils du frère d’une amie, elle découvre la boxe au club de Tiaret, à 10 km de chez elle, où l’entraîneur cherche à former une équipe féminine.
Lors d’une visite médicale de routine, le médecin féminin Nacera Ammoura observe sa poitrine à la pilosité généreuse, lui demande d’enlever son short. Imane se met à hurler, menaçant de parler à son père et de porter plainte.
Le médecin n’abandonne pas, soutenu par ses collègues de la médecine du sport, et décide de savoir si Imane est un homme ou une femme et veut envoyer un prélèvement de sang en France pour effectuer un caryotype. Khelif refuse, et le personnel médical n’a pas les moyens de l’y contraindre. Seule la Fédération algérienne de boxe avait le pouvoir de la mettre face à ses responsabilités. Le docteur Ammoura saisit donc sa hiérarchie, dans un rapport à la fédération d’avril 2018. Le directeur de la Fédération de Boxe décide, après avoir parlé au ministre des sports, d’écarter… le médecin. Un endocrinologue situé à 400 km de distance rédige en septembre 2018 un simple certificat sans résultat de tests : « Bilan hormonal normal… sexe féminin » (document reproduit par Le Correspondant). Imane continue à s’entraîner et multiplie les stages internationaux, notamment à Las Vegas et en Floride, où elle affronte des boxeuses de haut niveau. Chaque fois qu’on met son identité sexuelle en doute, elle brandit son certificat de complaisance. Le jeu continue jusqu’aux Championnats du monde féminins de boxe amateur de New Delhi en mars 2023.
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Cette supercherie apparemment couverte par le Secrétaire Général du Comité Olympique Algérien et par le ministre des Sports algérien fonctionne pendant cinq années d’ascension de « la boxeuse » : en 2018, Imane remporte la 17e place aux Championnats du monde féminins de boxe amateur à New Delhi ; en 2019, elle participe aux Championnats du monde en Russie et aux Jeux africains ; en 2020, elle représente l’Algérie aux JO de Tokyo, atteignant les quarts de finale ; en 2022, médaille d’or au tournoi Strandja Memorial, première boxeuse algérienne à atteindre une finale mondiale à Istanbul (médaille d’argent), médailles d’or aux Jeux méditerranéens (Oran) et aux Championnats d’Afrique (Maputo).
La controverse naît donc en mars 2023, lorsque Imane est disqualifiée des Championnats du monde à New Delhi par l’International Boxing Association (IBA) suite à un test chromosomique qui se révèle XY (masculin). En fait, l’IBA a disqualifié rétrospectivement Imane Khelif et la Taïwanaise Lin Yu-ting des Championnats de New Delhi sur la base de tests médicaux réalisés au cours de ces mêmes Championnats et lors des Championnats de 2022 à Istanbul. Selon l’IBA, « les deux athlètes ne répondaient pas aux critères d’éligibilité requis et se sont avérées avoir des avantages compétitifs par rapport aux autres concurrentes féminines ». Les détails des tests sont restés confidentiels, mais le président de l’IBA, Umar Kremlev, a confié à l’agence russe, TASS, que les deux athlètes avaient des chromosomes XY. Le média en ligne, 3 Wire Sports, a reproduit un extrait du test de New Delhi.
En août 2023, Khelif est néanmoins autorisée à participer aux JO 2024 de Paris dirigés par le Comité international olympique (CIO) qui estime qu’un passeport suffit à établir l’identité sexuelle. Lors des JO, Imane remporte une médaille d’or, battant l’Italienne Angela Carini (par abandon après 46 secondes), la Hongroise Anna Luca Hamori, la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng, et la Chinoise Yang Liu en finale.
Dans le contexte des JO 2024 de Paris, l’affaire déclenche une polémique où l’on accuse des figures traitées de conservatrices comme JK Rowling ou Elon Musk d’entretenir des rumeurs infondées. Imane prétend porter plainte pour harcèlement moral en raison des attaques en ligne et des fuites présumées de son dossier médical. Le paradoxe est qu’elle est soutenue par les partisans du genre qui en font une star LGBTQ+, alors qu’Imane nie être transgenre et affirme être une femme.
Enfin, la vérité éclate
Le média en ligne Le Correspondant révélera en octobre 2024 qu’un rapport du Professeur Young de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre à Paris, daté de juin 2023 et donc antérieur à la décision du CIO du mois d’août de cette année, avait confirmé de nouveau le caryotype XY et diagnostiqué une anomalie génétique, nommée déficit en 5-alpha réductase de type 2. Ce déficit est une condition génétique rare qui affecte la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT), hormone cruciale pour le développement des caractéristiques sexuelles masculines pendant la vie fœtale et la puberté. Avec un déficit en 5-AR2, les organes génitaux externes peuvent ne pas se développer complètement comme ceux d’un garçon, ressemblant plutôt à ceux d’une fille à la naissance, ou être ambigus.
À la puberté, la testostérone, bien que non convertie efficacement en DHT, peut induire des traits masculins comme l’augmentation de la musculature, mais les caractéristiques sexuelles secondaires comme la pilosité faciale et corporelle peuvent être réduites, et les organes génitaux peuvent rester petits. Un déficit en 5-AR2 affecte donc le développement des caractéristiques sexuelles de sorte que les individus puissent être initialement élevés ou s’identifier comme féminins. Le Pr Young constate en outre l’absence de seins et d’ovaires, la présence de testicules de taille normale dans l’abdomen (produisant un taux de testostérone masculin), un vagin court, pas d’utérus et une hypertrophie clitoridienne.
Il faut souligner le fait que le sexe biologique est déterminé par le caryotype (XX ou XY) et par les gonades (ovaires ou testicules). Les individus souffrant d’un déficit en 5-AR2 sont de sexe masculin, car ils possèdent des chromosomes XY et des testicules fonctionnels. L’aspect physique ambigu ou féminisé à la naissance est une conséquence du déficit en DHT, mais n’affecte pas leur sexe biologique. Le déficit en 5-AR2 relève du pseudo-hermaphrodisme, discordance entre le sexe génétique/gonadique (mâle) et l’apparence externe (ambiguë ou féminisée), due au manque de DHT. Dans le vrai hermaphrodisme on a la présence de tissu testiculaire et ovarien chez le même individu, avec des caractéristiques sexuelles potentiellement ambiguës.
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Le Comité Olympique International a reçu le dossier médical du Pr Young, en juin 2023 – fourni par Imane Khelif lui-même. Les journalistes qui posaient des questions sur la condition médicale d’Imane Khelif ont reçu pour toute réponse : « Le comité de sélection ne se base pas sur des analyses médicales et prend des décisions souveraines ». Pourtant, en août 2024, la boxeuse bulgare Joana Nwamerue, qui a affronté Imane Khelif lors de séances d’entraînement à Sofia, affirmait que Khelif était un homme : puissance masculine, techniques masculines… L’équipe de boxe algérienne (qui connaissait le dossier médical) lui a expliqué : « Imane n’est pas un homme. C’est une femme qui vit dans les montagnes avec sa famille et ses parents. Il se peut qu’il y ait un changement au niveau de la testostérone, des chromosomes, etc. » L’air de la montagne a des effets surprenants…
Imane se brûle les ailes
Mais on ne peut continuer à raconter éternellement des fables. Le 30 mai 2025, la nouvelle organisation mondiale de boxe, World Boxing, chargée d’organiser les épreuves de boxe lors des Jeux olympiques de Los Angeles 2028, a publié un communiqué instaurant une nouvelle règle officielle : les athlètes au caryotype XY seront exclus de la catégorie féminine. Le président de la Fédération précise que la boxeuse algérienne devra se soumettre à un test avant de pouvoir participer à toute compétition, à commencer par la Coupe féminine d’Eindhoven du 5 au 10 juin 2025, où Imane Khelif était inscrite, mais ne s’est pas présentée. Le président de la World Boxing s’est excusé plus tard d’avoir cité nommément Imane Khelif.
Imane, qui était montée trop haut s’est brûlé les ailes comme Icare. La presse, qui a étouffé si longtemps le scandale, continue dans une certaine mesure à le faire. Libération dénonce les « polémiques nauséabondes » alimentées par des spéculations sur le genre de Khelif, alors qu’il ne s’agit pas de son genre, mais de son sexe biologique. Le quotidien britannique le Daily Telegraph a fait preuve de moins d’indulgence, déclarant: « Imane Khelif scandal brings everlasting shame on the IOC » (Le scandale Imane Khelif jette une honte éternelle sur le Comité Olympique International).
L’Algérie semble décidée à arrêter les frais : le ministre des Sports a été remplacé en novembre 2024, et – selon Le Correspondant – on y reproche à l’entraîneur d’Imane Khelif d’avoir facilité la participation de l’athlète aux Jeux de Paris 2024, tout en sachant quelle était sa vraie condition génétique. Il se peut aussi que l’Algérie n’ait pas envie d’entrer en conflit ouvert avec Donald Trump, qui a déjà refusé le visa d’entrée aux États-Unis d’Imane Khelif pour les JO 2028 de Los Angeles.
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