Eurovision, la douce revanche d’Israël
Samedi, le public a massivement soutenu la chanteuse israélienne Yuval Raphael, rescapée du massacre du festival Nova. Notre contributeur veut voir dans ce vote le symbole d’une prise de conscience en Europe : face à l’islamisme radical perçu comme une menace contre les valeurs occidentales, les peuples se mobilisent là où des élites politiques de gauche ont failli.
Les Européens sont majoritairement nostalgiques de l’époque désormais révolue au cours de laquelle l’Eurovision sacrait des chanteurs aux ritournelles qui n’avaient d’autre prétention que d’apporter un peu de joie en plein milieu du mois du mai. Depuis quelques années, le concours est devenu une foire d’empoigne géopolitique en même temps que l’exposition de ce que l’idéologie LGBT a de plus outrancier. En la matière, Israël avait d’ailleurs été un des pionniers en faisant triompher Dana International, personnalité trans, à la fin des années quatre-vingt-dix.
12 points !
Samedi dernier, contrairement aux jurys dont on devine qu’ils étaient un peu partout composés des habituels donneurs de leçon, le public européen a largement plébiscité Israël, représenté cette fois-ci par une rescapée du pogrom du 7-Octobre. Si la chanson interprétée par Yuval Raphael fut l’une des plus émouvantes de la 69e édition du concours, expliquant en grande partie son succès, il ne fait guère de doute que d’autres facteurs expliquent l’enchaînement de « twelve points » attribués à Israël.
Et si la majorité silencieuse des Européens avait, en effet, également exprimé son exaspération de voir affichés partout le drapeau palestinien, l’antisémitisme drapé dans l’antisionisme, le soutien plus ou moins affirmé au Hamas par des personnalités de gauche et d’extrême gauche, les accusations de génocide répétées en boucle – comme si le fait de marteler érigeait une vérité -, les tags, les slogans et les stickers recouvrant les murs des bâtiments et les sièges des transports publics ? Et si les Français, les Belges, les Espagnols et tous les autres comprenaient inconsciemment que l’Etat hébreu était un avant-poste de l’Occident menacé par l’islamisme ? Je fais partie des Européens qui ont voté Israël pour ces raisons-là, j’en connais même qui ont voté plusieurs fois. Et je tiens à rassurer tout le monde : je n’ai été manipulé par personne.
Les réactions courroucées de ceux qui ont transformé la bande de Gaza en cause ultime de leur engagement sont révélatrices de leur haine et de leur stratégie de manipulation. En France, Rima Hassan y est allée d’un « Money Money Money » que n’aurait pas renié Dieudonné ; en théoricien du complot, Aymeric Caron a quant à lui suspecté Israël d’avoir truqué le concours. En Espagne, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a appelé à exclure Israël lors des prochaines éditions et la télévision publique a diffusé un message de soutien aux Palestiniens avant la retransmission de l’événement.
Enquête en Belgique
Comme souvent, c’est en Belgique que l’on déniche les réactions les plus extrêmes et farfelues. Vooruit, le parti socialiste flamand, a demandé une enquête, rien que ça, sur le vote du public à l’Eurovision. La VRT, radio-télévision publique flamande, qui l’année dernière avait brièvement interrompu le programme pour afficher un message de soutien à la Palestine, remet désormais en cause sa participation au concours qu’il juge… trop politisé – à noter, amis français, que c’est un jury issu de la même VRT qui n’a attribué aucun point à Louane. Dans un article digne d’Edouard Drumont, le média en ligne 7sur7 a donné la parole à Raf Van Bedts, pour qui « il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la communauté juive ». Et voilà comment l’utilisation du terme « lobby juif » est devenue acceptable.
Sans rentrer dans des considérations touchant à ce qui se joue actuellement au Proche-Orient, on devine qu’Israël, exerçant en musique son soft power, couvrant le bruit assourdissant des discours de haine d’une minorité issue de la gauche, tient depuis samedi une douce revanche. Et peut-être que, pour le pays, pour reprendre le titre de la chanson de Yuval Raphael, un « nouveau jour se lèvera ».
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