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Cryptomonnaies: l’actif préféré de Javier Milei et Donald Trump

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Le rappeur Kanye West refuse une arnaque crypto à 2 millions, mais balance tout, prouvant qu’un fou, ça parle vrai ! Pendant ce temps, Trump et Milei continuent de jouer aux influenceurs crypto… et certains investisseurs pleurent déjà. Gabriel Robin nous explique tout.


Lors d’une de ses phases maniaques où il a de nouveau multiplié les déclarations anti juives, se déclarant même « nazi », Kanye West a aussi révélé avoir été contacté pour arnaquer ses fans lors du lancement d’un « memecoin ». C’est l’avantage des fous, ils sont sans filtre et révèlent tout. Il a ainsi déclaré sur X : « On m’a proposé 2 millions de dollars pour escroquer ma communauté. J’ai dit non et j’ai arrêté de travailler avec la personne qui m’avait proposé ce deal ». Le message était illustré d’une capture d’écran avec une demande d’un professionnel des cryptomonnaies proposant à Kanye West 750.000 dollars pour publier un premier tweet de lancement d’un jeton Solana, puis 1.25 millions de dollars supplémentaires après qu’il ait effacé le tweet et déclaré avoir été victime d’un piratage quelques heures plus tard.

Il s’agissait donc d’une opération de « phishing » avec « retrait de tapis » par les créateurs de la monnaie. Appelée « rug and pull », l’opération consiste à pousser les petits investisseurs à faire monter le cours du jeton nouvellement créé avant que ses créateurs ne retirent brutalement leur mise, souvent à l’aide de robots qui automatisent la transaction, ce qui fait revenir à zéro le jeton. C’est un « ponzi » qui parfois ne prend pas plus de quelques heures. C’est exactement ce qui est arrivé… par le biais de deux chefs de l’Etat. L’Argentin Javier Milei et l’Américain Donald Trump.

Chefs d’Etats et influenceurs

À l’image de certains influenceurs, comme les frères Tate, les présidents peuvent aujourd’hui lancer leurs jetons de cryptomonnaies et enregistrer d’importants gains… ou être utilisés comme de banales pop-stars. Javier Milei est, par exemple, visé par plusieurs plaintes après avoir relayé sur X une cryptomonnaie qui s’est effondrée. Il a démenti lundi 17 février avoir « promu » quoi que ce soit, assurant avoir « agi de bonne foi ». « Je n’ai pas recommandé, je n’ai pas promu, j’ai diffusé » un message sur une devise numérique, a déclaré le président argentin. Cynique, il a ensuite dit que les perdants ne se plaignaient pas… après une sortie au casino ou des paris sportifs.

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C’est là toute l’ambiguïté du monde des monnaies numériques. Initialement pensé pour sortir du « système » des monnaies FIAT et du pouvoir des banques centrales, les cryptomonnaies sont en train d’être dévoyées de leur esprit d’origine. D’ailleurs, le nouveau converti Donald Trump n’y comprenait rien et y fut longtemps hostile. « La monnaie de réserve mondiale devrait être le dollar. Et je ne crois pas que nous devrions avoir des bitcoins. Il faudrait que les cryptomonnaies soient régulées de manière bien plus sérieuse. Le bitcoin menace le dollar ! C’est une fraude », avait déclaré Donald Trump en juin 2021 lors d’une interview accordée à Fox News. A cette période, le bitcoin voyait son prix redescendre à 35.000 dollars et causer de nombreuses faillites personnelles d’Américains paniqués qui se débarrassaient alors de cet actif.

La rencontre avec Elon Musk et les « tech bros » a changé le point de vue de Donald Trump, ainsi que les lucratives perspectives qu’offrent certains actifs « toxiques » bien moins stables que le Bitcoin. Le changement de cap de Donald Trump date officiellement de mai 2024, moment choisi par ses équipes pour annoncer que les dons en cryptomonnaies seraient acceptés pour le financement de sa campagne. Premier signe de ralliement des « cryptobros » autour du panache blond du New-yorkais, cette annonce a été suivie par de nombreuses décisions fracassantes. Ainsi, The Donald a déclaré il y a quelques mois que les bitcoins saisis par l’administration américaine pourraient être utilisés afin de constituer… une réserve stratégique en monnaies numériques. Si l’idée se concrétise, il s’agirait d’une première mondiale pour un pays du G20, seul le Salvador de Nayib Bukele ayant à ce jour une réserve monétaire numérique. Ce serait aussi un sceau de respectabilité pour les cryptomonnaies et le signe d’une future démocratisation. Seuls 40 millions d’Américains possèdent de ces actifs, ce qui est encore très peu.

Vers une institutionnalisation des cryptomonnaies ?

Pour l’heure, ces annonces n’ont pas encore été concrétisées par des actes. Nul doute toutefois que l’administration Trump s’attellera à cette tâche, extrêmement populaire auprès de l’électorat masculin mais aussi des minorités ethniques qui investissent plus que la moyenne en cryptomonnaies. La capitalisation totale de l’ensemble des cryptomonnaies s’élève aujourd’hui à un peu plus de 3 trilliards de dollars. Le bitcoin représente à lui seul 2 trilliards de dollars de capitalisation, soit l’équivalent de la valeur cumulée de tout le Cac 40. En août dernier, la capitalisation du bitcoin n’atteignait « que » 1.400 milliards de dollars, soit un accroissement de valeur de 100 milliards de dollars par mois depuis…  Nous n’en sommes pourtant qu’aux balbutiements d’actifs qui pourraient devenir demain la norme. La faiblesse structurelle de ces monnaies numériques est aussi leur force : elles ne sont adossées sur rien d’autre que l’énergie. Elles sont indépendantes des Etats, contrairement aux monnaies FIAT dont les valeurs fluctuent en fonction de l’économie de pays ou de groupes de pays – comme c’est le cas pour l’euro -. Il est néanmoins suggéré aux investisseurs de rester prudents, tant sur des portefeuilles de long terme que pour des opérations spéculatives de court terme. Extrêmement volatiles, les monnaies numériques ont un fort potentiel de croissance mais peuvent aussi faire perdre des fortunes…

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Le milieu est gangréné par les « insiders » qui contrôlent les échanges, mais aussi les plateformes telles que Binance ou Coinbase. Dans une telle jungle, le petit épargnant peut se trouver dans une situation très compliquée. Car la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. Les propriétaires des plateformes ne sont pas des banquiers, ce sont des traders. « Pile, je gagne. Face, tu perds » est leur mantra.


Les cryptomonnaies pour les nuls
Les monnaies cryptographiques sont des actifs numériques émis de « pair à pair » sans s’appuyer sur des banques centrales ou des intermédiaires. Elles sont représentatives du web dit « décentralisé » répondant aux idéaux libertariens et à la volonté d’une part croissante des populations de s’affranchir du contrôle des institutions. Le bitcoin est la cryptomonnaie de référence et la première d’entre toutes. L’émission des jetons de bitcoin se base sur la « blockchain » qui est cryptographiée. Les transactions et échanges se font aussi par le biais de ce système.
En plus du Bitcoin, monnaie numérique de référence, existent des monnaies utilisant des chaînes alternatives. Elles sont appelées « altcoins ». Les principales sont l’éthereum et le solana. Ces « alts » sont aussi utilisés pour l’émission de « jetons » ou « memecoins ». Ce sont des actifs lancés sur des écosystèmes préexistants, parfois sur des plateformes qu’on pourrait apparenter à des casinos numériques où tout un chacun peut créer sa propre monnaie, citons notamment PumPFun où en quelques jours à peine des petits jeunes ont pu devenir multimillionnaires grâce au jeton meme P-Nut représentant l’écureuil tué par les autorités vétérinaires durant la campagne électorale américaine • GR

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