Donald Trump, Elon Musk et J.D. Vance : Danton, Marat et Robespierre à la Maison-Blanche
A quoi reconnaît-on une révolution ? A l’écroulement d’un ancien régime et à l’avènement de nouveaux dirigeants déterminés à faire table rase du passé en promettant un "New Golden Age", comme dit Donald Trump. Cela, en réduisant à néant les voix discordantes et en écrasant les opposants. Ce genre de mouvement est toujours porté par un orateur charismatique et intransigeant dont la voix puissante électrise les foules. Cette "grammaire" de la révolution est aujourd’hui à l’œuvre aux Etats-Unis, comme elle le fut en Russie (1917), à Cuba (1959) ou au Venezuela (1999).
C’est toujours la même histoire. Les révolutions commencent par une crise de système, comme dans le cas des monarchies finissantes de Louis XVI et de Nicolas II ou encore dans celui de la présidence corrompue du Cubain Batista. La présidence "fin de règne" de l’octogénaire Joe Biden répond au même schéma. Avec Trump 2, nous voici au "point de rupture", généralement porté par une foule mécontente. La populace américaine s’était déjà illustrée le 6 janvier 2021 avec l’assaut du Capitole, dont la ressemblance avec la prise de la Bastille n’est pas exagérée.
La mise en place de nouvelles institutions est une autre figure de style de l’abécédaire révolutionnaire. Hugo Chavez en son temps en avait usé et abusé en remplaçant les ministères de l’ancien régime par des "missions" censées réinventer la manière de faire de la politique, plus proche du peuple. A Washington, le Doge d’Elon Musk, institution chargée de "l’efficacité", doit "tailler dans les dépenses inutiles". Autre classique du genre : le changement de toponymes, à l’image du golfe du Mexique promptement rebaptisé golfe d’Amérique par Trump. Avant lui, toutes les révolutions ont usé du même procédé. L’objectif ? Agir sur les imaginaires et les représentations mentales.
Inévitablement, les révolutions se vautrent dans la terreur. Avec le radical Elon Musk, qui intimide les Américains, et l’intransigeant J.D. Vance, qui épouvante les Européens, l’Amérique a trouvé son Danton et son Robespierre, à la tête d’un comité de salut public made in USA. Quant à Russel Vought, idéologue moins connu mais installé à la tête de l’OMB, le Bureau de gestion et du budget, qui a la faculté de couper des têtes et des financements, il s’inscrit dans la lignée d’un Jean-Paul Marat, qui incitait à la brutalité et même davantage. "Nous voulons que les bureaucrates soient traumatisés, dit-il. Nous voulons qu’ils n’aient pas envie d’aller travailler lorsqu’ils se réveillent le matin parce qu’ils seront considérés comme des vilains." On sait, grâce à Danton, comment ce genre de surenchère idéologique se termine : par des règlements de compte internes. "La révolution finit par dévorer ses enfants", disait-il.