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A Moscou, des Russes surmontent la peur et rendent hommage à Navalny

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Par un temps glacial, plus d'un millier de personnes ont défilé dimanche à Moscou pour se recueillir dans le cimetière où il repose.

"Je ne m'attendais pas à voir autant de gens", dit Anna à l'AFP, une psychologue de 63 ans. "J'aimerais pouvoir tous les prendre dans mes bras".

"La peur est présente chez tous à certains degrés, mais, dans une certaine mesure, nous la surmontons", poursuit-elle, en se rappelant avec chaleur les milliers de personnes, dont elle faisait partie, venues pendant des jours sur la tombe de Navalny après ses funérailles, début mars 2024.

Anna réfléchit puis confie, qu'aujourd'hui, elle n'a "pas peur".

Pourtant, évoquer en public l'opposant ou son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), sans préciser qu'ils ont été décrétés "extrémistes" par la justice russe, expose les contrevenants à de lourdes sanctions.

Cette menace reste en vigueur malgré la mort d'Alexeï Navalny dans des circonstances troubles dans une prison de l'Arctique, le 16 février 2024, et malgré l'exil hors de Russie de la quasi-totalité de ses collaborateurs.
"Comme un humain"
Alexandre, un étudiant de 18 ans, explique qu'il a vaincu sa crainte et est venu se recueillir "pour ne pas avoir honte" de lui-même et "muscler" ses convictions politiques.

Pour sa part, Ivan, un retraité de 65 ans, accompagné de sa fille, raconte qu'il n'était "pas d'accord" avec Alexeï Navalny "sur tous les points".

Mais, face aux souffrances de l'opposant - son empoisonnement en 2020, puis sa mort en prison -, il affirme que sa relation avec lui est devenue "très personnelle". "Je suis venu le voir ici pas comme un homme politique, mais comme un humain", résume Ivan.

Dans la foule, surveillée par une discrète présence policière, il y a l'espoir que son nom et ses épreuves ne soient pas effacés, malgré les persécutions qui visent ses partisans.

"Je suis très heureuse de voir beaucoup de personnes ici aujourd'hui et je suis également très contente que la police ne s'en mêle pas, parce qu'en fait on ne sait jamais en Russie aujourd'hui", témoigne Polina, une traductrice s'exprimant dans un français parfait.

"Ça va rester dans notre mémoire, pour toujours, c'est déjà un nom qui va rester dans l'histoire de la Russie et, je pense, du monde entier", ajoute-t-elle, tout en précisant qu'elle ne soutenait "pas vraiment" Alexeï Navalny et ses activités.

Dans le même ordre d'idées, Anna, une vétérinaire de 30 ans, dit, elle, être venue avec ses deux enfants pour leur montrer "la tombe d'une personne qui nous était très chère".

"Sa mémoire est lumineuse, c'est une lumière qu'il nous a donnée et que nous essayons de préserver, pour qu'il reste au moins quelque chose de lumineux en Russie", dit-elle.

Puis de conclure: "grâce à tous les gens qui sont venus aujourd'hui, la Russie, d'une certaine manière, vit encore".