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Fatoumata Gueye Ndiaye (AJS) : "Malgré la loi, les violences sexuelles sont en recrudescence"

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Dans le cadre de sa mission de promotion et de protection des droits humains, notamment ceux des femmes et des enfants, l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS), avec le soutien financier de l’Union européenne, met en œuvre un projet intitulé : « Contribuer à l’éradication des violences sexuelles par la sensibilisation, la vulgarisation et l’application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie en zone urbaine et périurbaine ».
Ce projet, déployé dans six régions du Sénégal (Dakar, Thiès, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis et Tambacounda), vise à renforcer la lutte contre les violences sexuelles.

C’est dans cette optique que l’AJS a organisé, les 12 et 13 février 2025 à l’Assemblée nationale, un atelier d’échanges avec les parlementaires et les ministères sectoriels. Cet atelier a permis de discuter des enjeux liés à la gratuité du certificat médical pour les victimes d’agressions sexuelles ainsi que de la prolongation du délai de prescription pour les mineurs victimes de violences sexuelles.

L’atelier a vu la participation de plusieurs acteurs institutionnels et partenaires, dont l’Union européenne. S.E. M. Jean-Marc Pisani, Ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, a rappelé l’engagement de son institution aux côtés de l’AJS : « L'Union européenne soutient les efforts du Sénégal et ceux de l’Association des Juristes Sénégalaises depuis plusieurs années dans leur lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, aux enfants et aux populations les plus vulnérables. Grâce aux boutiques de droits mises en place, les victimes peuvent être accompagnées et orientées. Ces espaces permettent aussi d’engager un dialogue avec les autorités locales et nationales sur les mesures à prendre pour combattre ces violences. » Il a également salué l’implication des parlementaires, soulignant l’importance de leur engagement dans ce combat.

Dr Ismaëla Diallo, premier vice-président de l’Assemblée nationale, a quant à lui affirmé la nécessité d’un engagement parlementaire fort : « En tant que représentants du peuple, il est de notre devoir de prendre cette question à bras-le-corps. Ces victimes doivent être protégées comme tout citoyen. Nous allons scruter les lois relatives à la protection des couches vulnérables pour assurer un meilleur suivi et une évaluation rigoureuse. L’AJS et l’Union européenne ont frappé à la bonne porte en sollicitant notre commission des lois. »

De son côté, Fatoumata Gueye Ndiaye, présidente d’honneur de l’AJS, a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures concrètes : « Nous publions régulièrement les statistiques de nos boutiques de droits. Rien que pour la région de Dakar et une partie de Thiès, 240 cas ont été enregistrés en 2024. Au niveau national, on parle de plus de 300 cas. Malgré la loi criminalisant le viol et la pédophilie adoptée en 2020, nous constatons une recrudescence des violences sexuelles. Aujourd’hui, il est essentiel d’adopter des réformes facilitant l’accès des victimes à la justice, notamment par la gratuité du certificat médical et l’extension du délai de prescription pour les mineurs. »

Les violences faites aux femmes et aux enfants ne doivent pas être reléguées au rang de faits divers. Il s’agit d’un problème sociétal majeur, nécessitant des mesures législatives adaptées. Actuellement, le certificat médical, essentiel pour toute poursuite judiciaire en cas de violences sexuelles, demeure payant, constituant un frein pour de nombreuses victimes, souvent en situation de précarité. L’AJS plaide ainsi pour que les médecins des structures publiques puissent établir ce certificat gratuitement.

Sur le plan pénal, la question de la prescription des violences sexuelles subies par des mineurs reste préoccupante. Actuellement, la prescription de l’action publique court à partir du jour de la commission de l’infraction. Or, dans de nombreux cas, les victimes, contraintes au silence, ne peuvent dénoncer leur agression qu’une fois adultes. L’AJS milite pour une révision du point de départ du délai de prescription afin que ces victimes puissent obtenir justice une fois majeures.

Birame Khary Ndaw