Ce déjeuner entre Bruno Retailleau et Brigitte Macron, Bernard Cazeneuve et Olivier Faure se rabibochent

C’est fou comme la dissolution a vraiment tout clarifié ! Ce second quinquennat est décidément à nul autre pareil. Le gouvernement Attal n’avait déjà pas duré longtemps, et voilà que Michel Barnier est renversé par une motion de censure trois mois après sa nomination. François Bayrou se retrouve à Matignon, mais la crise n’en finit plus, la vie politique entre dans l’inédit.

Marine Le Pen et Jordan Bardella snobent Eric Lombard

Le 31 décembre, Eric Lombard a échangé avec Marine Le Pen au téléphone mais la prise de contact n’a pas été vraiment engageante. "Ni elle ni le président du parti, Jordan Bardella, n’ont donné suite à l’invitation de rencontrer le ministre de l’Economie, lequel a dans ses consultations tout de même reçu deux anciens Premiers ministres", remarque-t-on à Bercy. Une délégation du RN rencontre néanmoins Eric Lombard et Amélie de Montchalin cette semaine.

Jean-Marie Le Pen : le silence de Brigitte Macron

La sobriété du communiqué d’Emmanuel Macron après la mort de Jean-Marie Le Pen a été renforcée par un point : ce n’est pas "le président de la République et son épouse" qui ont exprimé leurs condoléances à la famille du dirigeant d’extrême droite - comme ce fut le cas pour le décès d’Anne-Marie Comparini, l’ancienne présidente de la Région Rhône-Alpes, Jimmy Carter, Maïté, Didier Roustan, Louis Mermaz ou Michel Blanc - mais le seul président. Rien n’est systématique, explique l’Elysée, tout dépend s’il y a "un lien, une communauté". De fait, Brigitte Macron n’était pas citée dans le communiqué rendant hommage à Claude Allègre, mais ses silences en pareilles occasions restent des exceptions.

Le déjeuner de Bruno Retailleau avec Brigitte Macron

Emmanuel Macron et Bruno Retailleau ne se connaissaient pas ou très peu quand ce dernier a été nommé à Beauvau. Si le chef de l’Etat a d’abord observé avec méfiance les premiers pas du nouveau ministre de l’Intérieur, il a très vite apprécié sa droiture et sa rigueur. Quant à Bruno Retailleau, qui a toujours fustigé le "en même temps" macronien, il admet désormais être impressionné par la capacité de travail et la connaissance des dossiers du président de la République. Signe que le locataire de Beauvau compte aux yeux de l’Elysée, il a été invité à déjeuner par Brigitte Macron début décembre. Ont-ils parlé politique ? Littérature, c’est certain, puisque l’un et l’autre sont de grands lecteurs. Une rencontre en forme d’adoubement ?

Bernard Cazeneuve et Olivier Faure se rabibochent

Entre ces deux-là, rien n’allait plus. L’ancien Premier ministre, dont le nom a circulé pour Matignon l’été dernier, n’a de cesse d’en vouloir à son ancienne famille politique. Il a accusé à plusieurs reprises Olivier Faure d’avoir empêché sa nomination "avec jubilation". L’entourage de celui-ci, piqué au vif, lui a sèchement répondu, l’invitant à aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs et notamment au MoDem avec qui Bernard Cazeneuve s’est affiché à plusieurs reprises.

Ces amabilités automnales passées (et Michel Barnier censuré), la stratégie du PS a changé à l’égard de François Bayrou. Les roses, revenues au centre du jeu politique, veulent éviter un chaos institutionnel de plus et négocient durement avec le gouvernement. Une attitude qui a réchauffé (un peu) les relations entre les deux hommes qui se sont téléphoné en décembre. Faure s’est défendu d’avoir fait campagne contre Cazeneuve, tout en lui rappelant qu’il aurait été difficile de le parrainer puisqu’il était l’un des seuls hommes de gauche à ne pas avoir soutenu le NFP. Et Olivier Faure de lâcher : "Tu sais bien que le seul qui ne veut pas de toi, c’est François (Hollande, NDLR)." Lui n’avait pourtant rien demandé…

Valérie Pécresse et le calendrier de Marine Le Pen

Si elle ne le souhaite pas, Valérie Pécresse ne l’exclut pas du tout : une présidentielle pourrait avoir lieu en 2025. Explication : au cas où Marine Le Pen, dans l’affaire des assistants parlementaires du RN, serait condamnée sans exécution provisoire, elle ferait appel et déclencherait ainsi un compte à rebours qui l’inciterait à accélérer les échéances - un nouveau procès aurait alors lieu avant 2027. Son intérêt serait donc de profiter de l’intervalle en mettant une pression maximale sur Emmanuel Macron, quitte à faire tomber ses Premiers ministres successifs.

LR : François-Xavier Bellamy, candidat de David Lisnard ?

Les Républicains, lancés dans une mission de refondation, se cherchent un nouveau visage. A droite, personne ne doute des ambitions du patron des députés Droite Républicaine (DR) Laurent Wauquiez. D’autres prétendants possibles ? D’après plusieurs sources, David Lisnard soutient la candidature de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy. "Il peut mettre tout le monde d’accord, glisse le maire de Cannes. Il a pris de l’expérience, a du talent et se montre réglo avec tout le monde." L’édile prend toutefois soin de citer Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau comme prétendants légitimes.

Marine Tondelier a de la concurrence

La toute-puissante patronne des Verts, candidate à sa réélection interne, aurait-elle finalement trouvé un adversaire au prochain congrès d’avril 2025 ? Pour la motion "Faire gagner l’écologie" - l’aile droite des écolos incarnée par le vice-président de l’Assemblée Jérémie Iordanoff - le nom de Florentin Letissier, maire adjoint à la Ville de Paris en charge de l’économie sociale et solidaire, circule désormais pour briguer le poste de secrétaire national du parti, bien qu’aucune position n’ait encore été officialisée. De son côté, la motion "Verts Unitaires", l’aile gauche du parti, souhaite présenter un candidat face à Marine Tondelier - le choix du challenger est en gestation. "Pas forcément contre elle, mais pour dénoncer un processus centré sur sa personne", souffle-t-on. Nuance !