Profitant du chaos syrien, la Turquie avance ses pions dans le nord du pays
Alors que le gouvernement de Bachar el-Assad a été renversé par une coalition islamiste menée par Hayat Tahrir al-Cham, dans le nord du pays l'Armée nationale syrienne (ANS), constituée de groupes pro-turcs, continue de gagner du terrain.
En plus de son avancée au nord d'Alep, pour pousser la population kurde du quartier de Cheikh Maqsoud à quitter la localité, l'ANS a conclu un accord de cessez-le-feu à Manbij avec les Forces démocratiques (FDS) composées majoritairement de Kurdes et soutenues par Washington. Cette trêve qui a été négociée par la Turquie et les États-Unis.
«Les combattants du Conseil militaire de Manbij se retireront de la zone dès que possible», a déclaré dans la matinée du 11 décembre le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), le général Mazloum Abdi, notamment cité par le média kurde Rojinfo.
Selon la même source, dont la ligne éditoriale est très critique à l'égard de la Turquie, l'aviation et l'artillerie turque auraient frappé la ville kurde de Kobané. Or, cette localité symbolise la résistance des Kurdes contre l'État islamique lors d'une bataille qui a duré près de neuf mois entre 2014 et 2015.
La Turquie veut créer une zone tampon tout le long de sa frontière avec la Syrie
Les forces pro-turques ont l'intention de briser la présence kurde à sa frontière pour éviter la jonction avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ainsi, dans la région d’Alep tout d’abord, notamment à Tall Rifaat où vivent de nombreux réfugiés kurdes d’Afrin, ainsi que dans leurs bastions du Nord-Est syrien, l'ANS mène des opérations pour empêcher l'irrédentisme kurde.
Le pays cherche à creuser une zone tampon de 30 kilomètres le long des 900 kilomètres qui forment sa frontière avec la Syrie et à étrangler le rêve kurde d’autogouvernance dans la zone, précise d'ailleurs un article de L'Orient-Le Jour. Pour ce faire, Ankara n'a pas lésiné sur les opérations militaires.
Depuis 2016, la Turquie a en effet lancé trois opérations dans le nord est-syrien. La première, Bouclier de l’Euphrate, remonte à août 2016. Elle visait à déloger les forces kurdes à la frontière. Ensuite, commencée en janvier 2018, Rameau d’olivier a permis aux forces turques de s’implanter militairement en Syrie en prenant la zone stratégique d’Afrine en mars 2018. Enfin, Source de paix était le prolongement de la deuxième intervention.
Depuis octobre 2019, Ankara entend établir une «zone de sécurité» de 120 kilomètres de long dans le nord de la Syrie, entre Tal Abyad et Ras al-Aïn.