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François Bayrou à Matignon : la "bouée de sauvetage" d'Emmanuel Macron dans la tempête politique

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Depuis que ses opposants ont censuré Michel Barnier qu’il avait nommé à Matignon début septembre, Emmanuel Macron phosphore, consulte, teste. Une semaine et une demi-douzaine de noms lâchés dans la presse plus tard, "la solution à la crise, ou la manœuvre pour stopper l’hémorragie dont souffre […] son mandat s’appelle François Bayrou", écrit El País. Le même qui a permis à l’ancien protégé de François Hollande de "remporter l’élection présidentielle de 2017", précise le journal espagnol, qui compare François Bayrou à une "bouée de sauvetage" censée aider le chef de l'Etat "à surmonter la tempête qui fait rage en France".

En Suisse Le Temps tente une façon plus originale de présenter cet "éternel leader centriste". Admirateur du roi Henri IV au point de lui avoir consacré une biographie au début des années 90, "peut-être que François Bayrou voit un signe en ce 13 décembre, jour de l’anniversaire" de l’instigateur de l’Edit de Nantes, élude le quotidien helvétique qui interroge : le triple candidat à l’élection présidentielle et ancien ministre de l’Education nationale du gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur "saura-t-il aussi rassembler dans une France politique morcelée ?"

Bayrou, sa ressemblance avec Barnier, et sa proximité avec Macron

À l’étranger, tous s’accordent pour souligner la rudesse de la tâche qui attend le nouveau Premier ministre contraint de composer avec une "chambre basse acariâtre", selon la formule du New York Times. "Former un gouvernement pour François Bayrou et trouver une majorité pour le soutenir sera compliqué étant donné que le Parlement est divisé en trois blocs politiques", note le quotidien transalpin Il Post dans le sillage de leurs confrères du Corriere della Sera : "L’extrême gauche et l’extrême droite n’étant pas disposées à faire des compromis, le pays est de plus en plus divisé et la formation d’un gouvernement solide reste ardue." D’autant qu’il "hérite de la même situation que (Michel) Barnier : une Assemblée où il sera difficile de faire passer des réformes ou des lois", observent nos confrères espagnols d’El Mundo.

D’aucuns pointent notamment sa gémellité avec son prédécesseur à Matignon, né comme lui sous la IVe République, en 1951. "Non seulement les deux hommes sont de la même génération, mais ils partagent la même vision centriste et font preuve d’une grande ouverture d’esprit lorsqu’il s’agit de s’adresser au Rassemblement national de Marine Le Pen", fait valoir le titre britannique conservateur The Spectator. Aux mêmes causes les mêmes conséquences ?

Probable, estime The Spectator, qui agite le spectre d’une nouvelle censure. "Il a déjà la gauche contre lui et Marine Le Pen rôde en arrière-plan, prête à bondir si elle juge que François Bayrou n’est que la dernière marionnette du président". Car à l’instar des leaders du Nouveau Front populaire (NFP), plusieurs médias n’omettent pas de rappeler la proximité du Béarnais avec le locataire de l’Elysée. "Emmanuel Macron nomme son principal allié au poste de Premier ministre de la France", titre aux Etats-Unis The New York Times.

La dissolution, éternel fardeau du locataire de l’Elysée ?

La responsabilité du président de la République dans la crise politico-institutionnelle qui asphyxie l’hexagone est d’ailleurs largement pointée du doigt par la presse internationale. "La situation de ces derniers mois est le résultat des dernières élections législatives, au cours desquelles le Parlement s’est fragmenté en trois blocs égaux", estime le quotidien espagnol El País qui souligne l’instabilité politique dans laquelle la France est enkystée depuis l’été dernier : "Avec quatre Premiers ministres en 2024, les titans des crises politiques comme l’Italie font pâle figure."

Aussi, nos confrères du Washington Post s’interrogent-ils sur l’avenir de ce pays qui "alterne les périodes de chaos et de paralysie politiques depuis le mois de juin", et notamment sur la posture que choisira de prendre Marine Le Pen vis-à-vis de ce nouvel exécutif. Selon le quotidien américain, "la question de savoir si elle conservera autant de pouvoir sur le prochain gouvernement dépendra de la capacité de ce dernier à recueillir une base de soutien plus large".

Possible, laisse entendre Le Temps. Car "toléré, critiqué voire rejeté à sa gauche, il demeure une figure capable de moins crisper ses détracteurs". Alors, François Bayrou arrivera-t-il là où Michel Barnier à échouer ? Il le faudrait, presse El Mundo qui étrille une France qui est "à un point où elle ne cherche plus à avancer, mais à sortir de l’impasse". Le fin observateur de la vie politique française et plume du Spectator, Gavin Mortimer souhaite à "Monsieur Bayrou", "bonne chance".