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Crise politique : les trois scénarios sur la table, par Jean-François Copé

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L’image sublime de Notre-Dame ressuscitée grâce au travail de Français courageux et talentueux m’a profondément ému. Mais j’avoue avoir ressenti une gêne en observant le visage tendu de nos responsables politiques assis derrière les personnalités étrangères. Les 3 milliards de téléspectateurs qui ont assisté au spectacle de la plus belle des France savaient-ils que le gouvernement qui accueillait les chefs d’Etat, en fait, n’existait plus ?

D’ailleurs, brillaient par leur absence – sans surprise – les deux extrêmes RN/LFI, qui, trois jours auparavant, n’ont eu aucun état d’âme pour liquider en une après-midi le gouvernement Barnier. Main dans la main et sourires aux lèvres, les deux partis populistes ont donné le coup d’envoi de la descente aux enfers institutionnelle qui attend désormais notre pays. Conséquence immédiate, la France se retrouve sans budget pour 2025, plongeant les ménages, les entreprises et les marchés financiers dans ce qu’ils redoutent le plus : l’inconnu. Marine Le Pen, en choisissant de voter avec Jean-Luc Mélenchon, a brisé le tabou suprême et bénéficie à cet égard d’une incroyable impunité intellectuelle et morale de la part des commentateurs et d’une grande partie de l’opinion. C’est dire à quel point, pour des millions de Français, le rejet d’Emmanuel Macron semble l’emporter sur tout le reste. Désormais, Marine Le Pen, lorsqu’elle le décidera, appuiera une nouvelle fois sans état d’âme sur le bouton de la censure et aura la tête de tout gouvernement, quel qu’il soit.

Il ne faut pas attendre poliment 2027

Dans ce contexte dramatique, nous avons le devoir d’examiner objectivement les trois scénarios qui sont sur la table. Le premier d’entre eux est celui qui consiste à attendre poliment 2027. Cela signifierait que, pendant trente mois, la France s’interdit de faire adopter la moindre réforme puisque, comme nous l’avons vu depuis le 2 octobre, il est impossible d’obtenir une majorité absolue. Impossible, donc, de baisser les dépenses publiques, de faire une réforme sur l’immigration, la délinquance et encore moins sur l’école ou la fonction publique. Dans tous les cas de figure, le seul fait d’impliquer le vote du RN servira de repoussoir aux macronistes et bien sûr à la gauche. Je ne vois pas les Français attendre tranquillement 2027 sans exprimer leur colère si rien n’est fait dans tous ces domaines.

Le deuxième scénario est celui qui pourrait advenir après un deuxième voire un troisième renversement de gouvernement : une nouvelle dissolution, désormais possible à compter du 9 juin prochain. Le risque serait maximal car cela pourrait conduire les Français à réélire une assemblée tout aussi instable. Ce serait alors Emmanuel Macron qui devrait démissionner. Mais le nouveau président élu dans la foulée ne pourrait pas dissoudre avant un an. Il se trouverait donc lui aussi paralysé par une assemblée sans majorité ! Autant dire qu’on peut fermer la maison…

Reste un troisième scénario, que j’ai évoqué au risque de déplaire. Il consiste à poser clairement la question d’une reprise en main du calendrier institutionnel : élection présidentielle anticipée d’abord, élections législatives via une dissolution dans la foulée. A l’évidence, ce scénario ne peut pas fonctionner avant le mois d’avril puisqu’il faut donc attendre le 9 juin avant une nouvelle dissolution. Mais Emmanuel Macron doit entendre que l’intérêt supérieur du pays commande de laisser les Français se prononcer à nouveau sur un projet présidentiel et leur permettre de choisir cette fois en connaissance de cause et non pas dans la panique.

Certes, cela exige que la droite de gouvernement, composée des Républicains, des macronistes de droite et du centre, se regroupe et réfléchisse à la manière de construire un projet qui séduise les Français, au point de les dissuader de se jeter dans les bras du RN. C’est un enjeu historique pour un pays confronté à un risque maximal. Emmanuel Macron, dont la décision de dissolution est à l’origine du drame que nous vivons, doit accepter d’entendre ce message avant qu’il ne soit trop tard. L’Histoire de France n’est pas une page blanche, et tous ceux qui la connaissent ont en tête que les Français se sont toujours montrés à la fois monarchistes et régicides…