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Декабрь
2024

Le  besoin d’un gouvernement de techniciens

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Le gouvernement de Michel Barnier vient de tomber, et nous avons besoin maintenant, très probablement, d’un gouvernement de techniciens. Il est temps, en effet, de se soustraire à la nécessité de céder aux pressions politiques des uns et des autres, et d’aller à l’essentiel. Il faut cesser de biaiser avec la réalité et avoir le courage de dire aux Français la vérité : notre économie est incapable de leur procurer le niveau de vie qui est le leur aujourd’hui. Chaque année le gouvernement est contraint de s’endetter pour procurer à la population un niveau de vie supérieur à ce  que l’économie du pays est capable de fournir, et c’est pour cela que depuis cinquante ans maintenant l’Etat recourt chaque année à la dette pour boucler  son budget. Nous sommes parvenus, à présent, au terme de ce que cet expédient auquel on a  eu recours régulièrement est capable de produire : notre dette est devenue supérieure au PIB, elle nous coûte de plus en plus cher, et nos partenaires de la zone  euro exigent que nous rentrions enfin dans le rang.

 

On se souvient que, déjà, en 1976, Raymond Barre, qui venait d’être nommé premier ministre par Valery d’Estaing, avait déclaré, aux Français : « La France vit au dessus de ses moyens : il faut que nous remettions notre économie en ordre». Cet avertissement resta sans effet, et on continua à s’endetter, chaque année. Aussi, trente ans plus tard, en 2005, Thierry Breton, ministre de l’Economie dans un gouvernement Raffarin, a-t-il lui aussi, à son tour, dit aux Français la vérité : « La France vit au dessus de ses moyens : il faut remettre les Français au travail ». Et ce nouvel avertissement, à nouveau, est resté sans effet, et l’on a donc continué, chaque année, à s’endetter.

On doit  donc s’interroger pour savoir d’où vient le mal français ?

Une économie apathique, dépourvue de dynamisme

L’INSEE a publié, en 2020, une étude sur les niveaux de vie en Europe et il les a chiffrés en euros, et en PPA (Parité de pouvoir d’achat). Si l’on fait  une corrélation entre les niveaux de vie des pays et leur PIB/capita, on voit que nous nous trouvons très sensiblement au dessus de la droite de corrélation, comme le montre le graphique ci-dessous :

L’équation de la droite indique que notre niveau de  vie est 17,6  % supérieur à ce que l’économie du pays est capable de générer. D’où, la nécessité de s’endetter, chaque année. L’économie française, en effet, est  apathique, et elle manque de  dynamisme. C’est ce qu’a montré la Division des Statistiques des Nations-Unies qui a publié, en 2019, une étude qui fait apparaitre comment évoluent les économies des pays dans la longue période. C’est, en effet, la tendance de fond qui est significative, mais les grands dirigeants des pays ne s’y intéressent pas car ils sont jugés sur des variations à court terme.

Nous indiquons, ci-dessous, les résultats de ces travaux pour quelques pays, en Europe, en prolongeant les séries jusqu’en 2021 :

PIB/tête  (US dollars  courants )

                                    1980              2000           2021       Multiplicateur

           Espagne          6.141           14.556       30.103             4,9

            Suisse            18.879           37.937        91.991             4,9

            Danemark     13.881           30.734        68.007             4,9

            Allemagne    12.091           23.929        51.203            4,2

            Pays-Bas       13.794           20.148        57.767             4,2

            France           12.669           22.161         43.659            3,4

                                                                                    (Source : ONU, Statistics Division)

On voit que la tendance de fond de l’économie française est à une croissance faible. Nous avons montré, dans d’autres articles, que ce phénomène résulte entre autres raisons de la grave désindustrialisation du pays pendant que nos dépenses publiques n’ont cessé d’augmenter.

                                         Dépenses publiques/habitant (en 2023)

                                                                   (En US$)

                                        Grèce           11.538

                                         France                  25.529

                                         Allemagne           25.959

                                         Suède                   27.047

                                         Pays Bas               27.150

                                         Finlande               29.821          (Source : BIRD)

 

Nos dépenses publiques, calculées par habitant, sont de même importance que celles de nos voisins, mais il s’agit de pays bien plus riches que nous ! C’est notre PIB qui est en retard.

La fin d’une période faste :

On entre donc, à présent, dans une ère nouvelle où il va falloir faire fonctionner l’économie sans recourir à de l’endettement : cela signifie donc une baisse du pouvoir d’achat des Français, et ce n’est pas, là, une décision facile a faire admettre par la population, d’autant que l’opinion  publique n’y est pas préparée.

Notre taux de dépenses publiques se situe à 57,3 % du PIB, alors que la moyenne européenne est à 49,4 % seulement, soit, selon cette norme, 187 milliards d’euros de dépenses en trop. Si nous en étions à la norme européenne en fait de dépenses publiques, nous aurions en 2024 un budget  national légèrement excédentaire, alors que nous allons enregistrer un déficit d’un peu plus de 150 milliards d’euros.

Il faut, pour le moins, nous mettre au taux européen moyen de dépenses publiques, c’est-à-dire économiser, sur la base des données actuelles, 187 milliards d’euros. Dans un article sur IREF-Contrepoints en date du 24 octobre 2024, intitulé « Pour un coup e tronçonneuse dans les dépenses publiques », nous avions, selon une autre approche, chiffré à 169 milliards d’euros les économies à effectuer, dont 104 milliards sur les dépenses sociales.

Ces réductions de dépenses sont urgentes car si l’on continue à s’endetter, il arrivera qu’un jour doive intervenir, pour mettre nos comptes en ordre, la fameuse Troïka : BCE,  FMI, et Commission Européenne. Le Fonds Monétaire voit déjà  la dette de la France atteindre 124,9 % du PIB en 2029 !  Ce serait une humiliation profonde pour la France, et une très rude épreuve pour la population car le FMI agit toujours avec une extrême brutalité. Le cas de la Grèce est là pour le montrer : il  y eut dans ce pays une réduction des dépenses publiques de 30 %, une baisse des salaires de 15 %, et un abaissement des dépenses de santé de 40 %.

Il paraitrait impensable que notre pays en vienne à connaitre le même sort que la Grèce, et il est donc temps que l’on s’attelle à la réduction de nos dépenses publiques. Seul un gouvernement technique, opérant pour le seul bien de l’intérêt général, peut être actuellement en mesure de le faire.