La révolution conservatrice accélère la déroute du macronisme
La révolution conservatrice est en marche. En France, les mouvements souverainistes précipitent l’enterrement du vieux monde macronien. Le gouvernement Barnier n’a pas passé l’hiver. La pensée automatique s’effondre, aspirée par le vide. C’est la revanche du réel.
Bonne nouvelle : la droite Hibernatus s’annonce révolutionnaire. La réaction conservatrice déboule enfin. Partie des États-Unis, elle promet d’être contagieuse chez les peuples soumis à la tyrannie mondialiste. Les Français, étouffés par l’État tentaculaire, ont l’occasion historique de se rebeller à leur tour, en amplifiant la première vague des gilets jaunes d’il y a six ans. À eux de se montrer inspirés pour ne pas calquer les outrances de Donald Trump. Reste que son élection haut la main, le 5 novembre, est libératrice : elle a abattu le mur de la pensée obligée, plus fruste que la personnalité du paria. Son succès est le résultat d’une insurrection des esprits, corsetés par trop d’interdits. Les dissidents des démocraties européennes laissent voir, par contraste, leur scandaleuse relégation. La traque du parquet de Paris contre Marine Le Pen en est un des symptômes. Le peuple américain a donné l’exemple, en envoyant paître la gauche, ses prêchi-prêcha, ses censeurs. La révolte de la classe moyenne, humiliée par les brutalités sociales d’un progressisme déraciné, ne fait que commencer. Les agriculteurs en colère ouvrent la marche, en brandissant le protectionnisme au nez des sans-frontièristes déphasés.
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Depuis la victoire de Trump, les timides oubliés sont invités à rompre avec un système ploutocratique asséché. Ce dernier n’aura produit, face à l’indésirable, que la guignolade d’un « retour du fascisme » et les rires gras contre le « clown ». Or, une pensée réaliste et radicale, délivrée des dénis du politiquement correct, peut trouver dans la tornade trumpienne, au-delà de ses vulgarités d’estrade, l’opportunité de se développer dans la complexité et la sophistication du terrain. Comme le constate le géographe Christophe Guilluy (Le Figaro, 8 novembre) : « Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire récente, l’opinion de la majorité ordinaire n’est plus façonnée ni par les médias ni par la sphère politique traditionnelle. Les gens n’écoutent plus les débats télévisés, ni les intellectuels, ni la presse. » Un cinquième pouvoir s’installe, pour le meilleur et pour le pire : celui des réseaux sociaux aux yeux grands ouverts.
La révolution conservatrice, enclenchée depuis des lustres, arrive à son aboutissement. En France, elle pousse les mouvements souverainistes, RN en tête, à précipiter l’enterrement du vieux monde macronien. Menacé par la censure parlementaire, le gouvernement Barnier n’est pas sûr de passer l’hiver. Rien ne dit non plus que le président pourra aller au bout de son mandat. Les premières victimes du grand basculement auront été les anciennes stars de l’audiovisuel qui, comme Christine Ockrent ou Anne Sinclair, se sont montrées incapables d’aborder le phénomène Trump autrement que dans l’outrance. Les clichés auront été resservis pour décrédibiliser un électorat républicain qualifié de sectaire, inculte, sous-développé, sexiste, suprémaciste. La morgue s’est étalée de part et d’autre de l’Atlantique, illustrant la semblable rupture entre les « élites » et les « ploucs ». À l’issue de la victoire de Trump, l’historienne américaine Joan W. Scott écrivait encore dans Libération (9 novembre) : « Toutes les branches du gouvernement sont désormais entre les mains de néofascistes ayant pour objet de démanteler ce qu’il reste de démocratie américaine. » À Washington DC, cocon de l’establishment, Kamala Harris a récolté 92,4 % des voix contre 6,7 % à son concurrent. Ce monde coupé du peuple multiethnique a fait son temps. La pensée automatique s’effondre, aspirée par le vide. Voici la revanche du réel.
Le moindre obstacle à la libre expression va devenir insupportable. Les procès en extrême droite, complotisme, populisme, poutinisme révèlent déjà la vacuité des arguments de l’intelligentsia, abrutie par ses cooptations incestueuses. La déroute de la gauche morale, qui appuyait le camp démocrate, signe la fin des faux gentils. La table rase viendra du nouveau président des États-Unis, sorti indemne des procédures judiciaires et de deux attentats. L’État profond américain et sa bureaucratie vont être dans le viseur de la Maison-Blanche. Le complexe militaro-industriel, faiseur de guerres profitables, et Big Pharma, faiseur de malades qui s’ignorent, vont subir les assauts du président et de Robert Kennedy Jr, nommé à la Santé. Ces bouleversements auront leurs effets sismiques sur le Vieux Continent. Et la promesse d’Elon Musk de libérer la parole sur les réseaux sociaux sera le défi lancé à la volonté des dirigeants de surveiller les opinions. Emmanuel Macron, monarque esseulé, apparaît de plus en plus comme un obstacle au réveil des peuples.
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Rien n’est plus démocratique que la nouvelle vague qui se lève, en lien avec les citoyens désireux de reprendre la maîtrise de leur destin. L’aspiration des gens ordinaires à dire et penser sans entraves porte en elle la détestation des censures et des carcans dogmatiques prétendument émancipateurs. Les déconstructeurs et les wokistes, qui disaient libérer les esprits des stéréotypes, les ont asservis. Leur pente totalitaire explique en partie la défaite de Kamala Harris dans la totalité des sept États pivots. Les progressistes qui hurlent au retour des années 1930 ont raison, à en juger par la chasse aux juifs dans les rues d’Amsterdam et par l’antisémitisme qui s’affiche en France jusqu’au cœur de l’Assemblée nationale. Mais cette régression est portée par l’extrême gauche alliée à l’islam conquérant et non par la droite nationale. Si les juifs ne sont plus en sécurité, c’est à cause de la « société ouverte » qui a voulu abattre les murs et les frontières au nom de l’antiracisme, des droits de l’homme et de l’État de droit. Quand Trump annonce, le 6 novembre : « Je vais me battre pour vous avec chaque muscle de mon corps », il souligne par contraste que, même physiquement, l’homme politique français est devenu chétif.
Reste pour les Français à trouver l’incarnation du chamboulement. Or, 76 % des sondés sont « mécontents » de l’élection de Trump[1]. Sa personnalité éructante, ici, ne passe pas. Il est loisible d’y voir une société qui sait encore se tenir. Mais ce signe est trompeur, vu l’état sinistré du débat. Relire Cioran : « Seuls les monstres peuvent se permettre de voir les choses telles qu’elles sont. » Modérés s’abstenir.
[1] Sondage Le Figaro, 7 novembre.
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