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JO de Paris, Notre-Dame : et si la dérogation devenait la norme ? Par Eric Chol

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Lundi 15 avril 2019. Le feu ravage Notre-Dame de Paris. Très vite, les flammes détruisent la flèche, les toitures, la charpente. Stupeur et tristesse. Les pompiers se mobilisent comme jamais. Les donateurs aussi. Cinq ans, dit le président, pour reconstruire. Cinq ans ? C’est demain. On rit. Est-il sérieux ?

Mercredi 13 septembre 2017. Cette fois-ci, c’est la bonne. A Lima, au Pérou, la candidature de la Ville Lumière est (enfin) retenue par le Comité international olympique pour organiser les épreuves de la 33ᵉ olympiade, en 2024, cent ans après les Jeux olympiques de Paris. Anne Hidalgo verse une larme, le compte à rebours démarre : il reste six ans, dix mois et treize jours avant la cérémonie d’ouverture. Le casse-tête est logistique, politique, financier et administratif. Les médias annoncent un scénario catastrophe…

Notre-Dame et les JO : les deux grands triomphes français de l’année, qui feraient (presque) oublier la dissolution et la motion de censure. Deux défis impossibles, et pourtant remportés haut la main, grâce à une volonté politique, à une certaine dose de génie et d’ultraprofessionnalisme (merci à Tony Estanguet et à feu le général Jean-Louis Georgelin), à une mobilisation sans faille du pays, mais aussi grâce à deux lois, essentielles, qui ont permis de déroger aux normes existantes, celle de mars 2018 relative à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et celle de juillet 2019 pour la restauration et la conservation de Notre-Dame de Paris.

Les entrepreneurs en rêvent. Sortir du mille-feuille administratif qui entrave la vie du pays. Et si les dérogations devenaient la norme ? Si ce qui a été fait pour les JO et Notre-Dame se généralisait pour faciliter le quotidien des artisans, des agriculteurs, des entrepreneurs ? Le thème n’est pas nouveau : en 1947, une "commission de la hache", convoquée par le gouvernement de Paul Ramadier, rêvait déjà d’une "réforme administrative" et songeait à couper 50 000 postes dans la fonction publique. Du Milei – du nom du très libéral président argentin – avant l’heure, en pleine IVᵉ République. Moins tranchants, les gouvernements Attal et Barnier ont eux aussi mis en haut de la pile des réformes la simplification administrative. Un projet de loi est d’ailleurs tout prêt : il devait passer devant l’Hémicycle début 2025, c’était en tout cas le calendrier prévu avant le vote de la motion de censure… Le programme "France simplification" consiste, lui, à débloquer des projets sur le terrain : il va dans la bonne direction. Face au mur de formulaires et de liasses administratives, reste un échelon de libération à atteindre : celui de la loi d’exception, utilisée pour les JO ou Notre-Dame. Une botte secrète de simplification indispensable pour accélérer l’essor de certains secteurs stratégiques, comme le nucléaire ou l’industrie. Qui peut aussi être confiée aux préfets, en assouplissant considérablement leur pouvoir de dérogation. Un décret signé par Michel Barnier a d’ailleurs déjà été rédigé. Reste à le transmettre. Trop tard ?