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Où en est l’épidémie de VIH en France ? Nos infographies pour tout comprendre

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"On est dans le dernier kilomètre, remarque Sandrine Fournier, porte-parole du Sidaction, mais pour vaincre cette épidémie, il faut un dernier coup de fouet. On n'a pas le temps de se relâcher." Plus de quarante ans après la découverte du virus, il est aujourd'hui possible de vivre une vie normale quand on est séropositif au VIH, à condition de connaître son statut sérologique et d'être sous traitement. Or en 2023, Santé publique France estime que plus de 10 000 personnes vivent avec le virus en France sans le savoir. Plus que jamais, l'association rappelle donc l'importance du dépistage. Et sur ce plan, les derniers chiffres disponibles sont plutôt encourageants.

Plus de 7,5 millions de recherches sérologiques du VIH ont été réalisées l'an dernier, une très nette augmentation par rapport à l'année 2022, qui avait déjà vu le nombre de dépistages retrouver son niveau d'avant le Covid-19. "Cette hausse est clairement le produit de l'action politique", salue le Sidaction, en référence au décret qui a rendu le dépistage du VIH gratuit, sans rendez-vous et sans ordonnance, dans tous les laboratoires d’analyses médicales de France depuis le 1er janvier 2022. A noter que pour les moins de 26 ans, cette gratuité a été élargie au dépistage de quatre autres infections sexuellement transmissibles (les infections à chlamydia, gonocoque, syphilis ou au virus de l'hépatite B) à partir du 1er septembre 2024.

Mécaniquement, cette hausse des dépistages a entraîné une hausse des cas positifs détectés. Ainsi en 2023, près de 5 500 personnes ont découvert leur séropositivité - c'est à peu près le niveau des infections dépistées avant le Covid-19. Pour Sandrine Fournier, du Sidaction, "c'est encourageant, cela veut dire qu'on rattrape des gens, avant que leur situation ne devienne trop grave."

En effet, le VIH est un virus qui s'attaque à certains de nos lymphocytes (ce qu'on appelle également les "globules blancs") qui constituent notre système immunitaire. En l'absence de traitement, ces cellules touchées se multiplient. L'immunité des personnes infectées non-traitées diminue progressivement, jusqu'a atteindre un stade avancé où elles peuvent alors développer un ensemble de maladies opportunes. On parle alors de syndrome d'immunodéficience acquise - le Sida. En 2023, 43 % des diagnostics ont été réalisés à un stade tardif, comme le pointe Santé publique France.

A l'inverse, lorsque le virus est détecté à un stade précoce, une mise sous traitement rapide permet de réduire la présence du virus dans l'organisme jusqu'à ce qu'il devienne indétectable. Autrement dit, lorsque la personne séropositive réalise ses analyses, sa charge virale a été réduite à un point où les techniques de laboratoire actuelles ne permettent pas de détecter le virus dans le sang. A ce stade, la personne infectée mène une vie tout à fait normale et ne transmet même pas le virus à ses partenaires sexuels. C'est d'ailleurs le message répété inlassablement par les associations ces dernières années : "I = I", soit charge virale indéctable = virus intransmissible. "Je ne sais pas pourquoi, mais ça n'imprime pas", déplore Sandrine Fournier.

L'AME, une arme essentielle contre la prolifération du virus

Aujourd'hui en France, toutes les populations ne sont pas égales face à la contamination. "L'image d'Epinal" de la personne séropositive est souvent celle d'un homme blanc, homosexuel, âgé de 25 à 50 ans, mais dans les chiffres, cette image est de moins en moins vraie. La part des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes parmi les séropositifs a baissé entre 2019 et 2023 (et plus encore si on remonte jusqu'en 2012). En revanche, toutes les catégories de personnes nées à l'étranger sont en augmentation, à commencer par la part des femmes hétérosexuelles nées à l'étranger, qui représentent plus d'un quart des nouveaux cas découverts.

"Il ne faut en aucun cas stigmatiser ces personnes", alerte la porte-parole du Sidaction, en rappelant qu'un peu moins de la moitié des personnes migrantes dont on découvre la séropositivité en France ont été contaminées dans l'Hexagone. Pour Sandrine Fournier, "cela montre bien que la précarité et l'éloignement du système de soin sont des facteurs qui facilitent la prolifération du virus et l'infection de publics fragiles."

Dans ce contexte, les débats au sein du gouvernement sur une éventuelle suppression de l'aide médicale d'Etat inquiètent beaucoup les associations qui craignent un recul des dépistages parmi certaines des populations les plus à risque. Dans le monde en 2023, environ 40 millions de personnes vivraient avec le VIH, d'après le Programme commun des Nations unies sur le VIH-Sida. 1,3 millions auraient été contaminées au cours de l'année 2023.