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En Géorgie, la présidente pro-européenne ne s’en ira pas avant l’élection d’un "Parlement légitime"

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La présidente pro-européenne de Géorgie, Salomé Zourabichvili, a annoncé ce samedi 30 novembre qu’elle refuserait de rendre son mandat, qui se termine cette année, sans l’organisation de nouvelles législatives. "Tant qu’il n’y aura pas de nouvelles élections et un Parlement qui élira un nouveau président selon de nouvelles règles, mon mandat se poursuivra", a-t-elle déclaré dans un entretien à l’AFP.

La Géorgie est déchirée depuis que le parti au pouvoir, Rêve géorgien, a déclaré sa victoire aux législatives du 26 octobre, que les partis d’opposition pro-UE ont dénoncées comme entachées d’irrégularités. Ces derniers boycottent le nouveau Parlement, et Salomé Zourabichvili a cherché à faire annuler les résultats des élections par la Cour constitutionnelle. "Personne en dehors de la Géorgie, parmi nos partenaires démocratiques, n’a reconnu les élections", souligne celle qui se présente comme la "seule institution légitime du pays".

Le Parlement nouvellement élu, qu’elle juge illégitime, a annoncé qu’il élirait le prochain président le 14 décembre et que son investiture pour un mandat de cinq ans aurait lieu le 29 décembre. La semaine dernière, Rêve géorgien a désigné Mikheil Kavelachvili, ex-footballeur entré en politique à l’extrême droite, comme son candidat à ce poste.

En vertu des changements constitutionnels imposés par ce parti en 2017, le président sera pour la première fois choisi par un collège électoral plutôt que par un vote populaire. Rêve géorgien contrôlant le collège électoral, l’élection de Mikheil Kavelachvili est considérée comme acquise.

"Transition stable"

Mais pour Salomé Zourabichvili, 72 ans, "lorsque les élections ne reflètent pas la volonté du peuple, alors le Parlement n’est pas légitime, ni le gouvernement, ni le président qu’ils doivent élire". Ancienne diplomate française née à Paris, elle annonce avoir mis en place samedi un "conseil national" composé de partis d’opposition et de représentants de la société civile, qui assurera "la stabilité dans ce pays".

"Je serai la représentante de cette transition légitime et stable, a-t-elle dit, lançant ce message à la communauté internationale. Pas de relations avec des représentants illégitimes de ce pays. Faites des affaires avec nous, nous représentons la population géorgienne." "Je suis très optimiste", a-t-elle poursuivi, "car il se passe ici quelque chose que nous n’avons pas vu dans l’espace post-soviétique, c’est-à-dire une société qui prend son avenir en main". Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues depuis un mois pour protester contre la fraude électorale présumée et soutenir les efforts de la présidente pour organiser de nouvelles élections.

"Confiants"

La déclaration jeudi du Premier ministre Irakli Kobakhidzé, selon laquelle la Géorgie, candidate à l’UE, ne cherchera pas à ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Union européenne avant 2028, a déclenché une nouvelle vague de manifestations. Des dizaines de personnes ont été arrêtées. Samedi soir, des affrontements ont opposé manifestants pro-UE et policiers devant le parlement à Tbilissi.

Après le scrutin d’octobre, un groupe d’observateurs électoraux du pays a déclaré avoir des preuves d’un système complexe de fraude à grande échelle. Ce qu’a nié Rêve géorgien. Au pouvoir depuis plus d’une décennie, ce parti est accusé par ses détracteurs d’éloigner le pays de l’UE et de le rapprocher de la Russie.

Bruxelles a exigé une enquête sur ce qu’elle a qualifié de "graves" irrégularités et déclaré qu’elle enverrait une mission à Tbilissi dans les semaines à venir. Cette mission de l’UE doit "nous aider à mettre en place de nouvelles élections", a souligné Salomé Zourabichvili. "Nous sommes très confiants dans le fait que nos partenaires seront là où se trouve la population géorgienne", a-t-elle conclu, en référence à Bruxelles et Washington.