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Ноябрь
2024

"Rien n'avance": un mois après les inondations, la lassitude pointe chez les sinistrés en Espagne

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Catarroja, au sud de Valence, porte encore les stigmates de la catastrophe. Des dizaines de véhicules s'entassent à l'entrée de la ville dans des cimetières d'épaves improvisés.

"Nous sommes fatigués, nous remercions les bénévoles, mais nous sommes très fatigués car rien n'avance", confie Amparo Peris, 35 ans.

"Parfois nous avons l'électricité, parfois non... Certains jours, à l'heure des repas, vous êtes sans électricité et vous vous dites +maintenant, qu'est-ce qu'on mange?+ (...) Nous n'aimons pas cette situation, nous espérons que cela passera bientôt", poursuit cette auxiliaire de vie.

Vendredi soir, un mois jour pour jour après la catastrophe causée par des pluies diluviennes, des rassemblements doivent avoir lieu dans plusieurs des communes touchées, à l'appel d'organisations locales, de syndicats et d'associations.
"Encore énormément de travail"
Ces manifestations pourraient prendre plusieurs formes, certains ayant même évoqué des actions symboliques à 20h11 précises, soit l'heure à laquelle les autorités de la région de Valence - de loin la plus touchée avec 222 victimes - avaient fini par lancer une alerte sur les portables de la population pour l'informer du danger, plus de douze heures après l'alerte de l'Agence nationale de météorologie.

La gestion chaotique de la catastrophe est le principal grief des sinistrés dont certains assurent se sentir encore "abandonnés".

Ce qui "est exigé de nous dans tous les cas, c'est que nous soyons efficaces", a estimé vendredi le président de droite de la région de Valence Carlos Mazón, dont la gestion de l'alerte et des secours est très critiquée: "nous devons être très compréhensifs (...) avec les manifestations".

"Il reste encore énormément de travail à faire, il y a des centaines de garages et de sous-sols inondés, des bâtiments endommagés, des entreprises fermées, des voies coupées, des villages entiers qui n'ont pas encore retrouvé une vie normale", avait reconnu de son côté mercredi le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez devant les députés.

Jeudi, son ministre de l'Economie, Carlos Cuerpo, a énuméré les dommages causés par les inondations à partir de données des assurances: 69.000 habitations, 125.000 véhicules et 12.500 commerces ont été touchés. Les dégâts pourraient coûter jusqu'à 0,2 point de croissance au pays au quatrième trimestre, selon le gouverneur de la banque d'Espagne, José Luis Escrivá.

Peu à peu, la situation s'améliore toutefois dans les villes sinistrées, où les routes principales ont été dégagées.

Mais, même si une fine couche de poussière rougeâtre a remplacé la boue qui recouvrait tout après la tragédie, le retour à la normale n'est pas encore acquis pour de nombreux habitants.
De la boue jusqu'aux genoux
Dans le sous-sol de Lourdes Real, "la boue arrive jusqu'aux chevilles au premier niveau, et jusqu'au-dessus du genou au second", souligne cette coiffeuse de Catarroja, 46 ans, qui n'a toujours pas repris le chemin du travail. "Nous avons perdu deux voitures, la moto, six cartons de vêtements (...) des photos et des effets personnels, que je ne vais pas récupérer", déplore la mère de famille.

"Je nettoie la cour et au moins la cour a l'air un peu propre: même si cela ne dure pas longtemps, ça nous fait du bien que ça sente un peu bon", confie-t-elle encore.

En tout, le gouvernement a promis 16,6 milliards d'euros d'aide et de prêts, et des milliers de soldats, pompiers et policiers sont déployés pour les opérations de nettoyage et de reconstruction, sans parvenir à faire taire totalement les critiques visant les politiques depuis la tragédie.

Cette colère, visant aussi bien le retard dans le lancement de l'alerte avant la catastrophe que la gestion des secours, avait culminé le 3 novembre lors d'une visite à Paiporta du couple royal, Felipe VI et Letizia, accompagnés de Pedro Sánchez et de Carlos Mazón.

Accueillis par des insultes et des jets de boue et d'objets divers, MM. Sánchez et Mazón avaient dû rebrousser chemin, tandis que le roi et la reine avaient été contraints d'écourter leur déplacement.

Signe que le mécontentement reste vif, une nouvelle manifestation doit avoir lieu samedi à Valence, la capitale régionale, où quelque 130.000 personnes avaient déjà défilé au début du mois pour réclamer la démission de Carlos Mazón et dénoncer la gestion jugée chaotique des secours par le gouvernement Sánchez.