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Union européenne : le casse-tête industriel des droits antidumping sur le dioxyde de titane

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Lemoci 

L’instauration de droits antidumping sur les importations de dioxyde de titane (TiO2), censée protéger les dernières usines européennes, en provenance de Chine n’en finit pas de faire des vagues dans l’industrie chimique européenne et française. Les industriels de la peinture et des encres viennent de monter au créneau pour en réclamer l’abrogation.

Le dioxyde de titane (TiO2) est un cas d’école pour illustrer la complexité des problématiques auxquelles sont confrontées un certain nombre d’industries européennes aux intérêts contradictoires face aux politiques de défense commerciales de l’Union européenne (UE) : indispensable à certaines productions chimiques telles que les peintures et les encres, les industries qui les fabriquent en Europe sont menacées de disparition, laminées par la concurrence massive des fabricants chinois.

C’est pour protéger les derniers sites industriels européens que la Commission a ouvert une enquête antidumping en novembre 2023, à la demande de quelques producteurs européens (Cinkarna, Grupa Azoty, Precheza) et d’industriels américains implantés en Europe (Kronos, Tronox, Venator), puis décidé d’instaurer, en juillet dernier, des droits antidumping provisoires de 11 à 39,7 % pour une durée de six mois. Car le risque est d’accroître la dépendance à la Chine dans une matière première clé pour un certain nombre de produits chimiques, dont les encres, peintures et certains adhésifs.

D’après notre confrère l’Usine Nouvelle, qui cite les chiffres des enquêteurs européens, la production européenne de TiO2 est en chute libre depuis 2020, de 31 % sur la seule période de l’enquête européenne. La demande a certes baissé (-22 % sur cette période) mais la Chine a accru ses volumes et sa part de marché (de 15 % à 22 %) entre 2020 et 2023.  Résultat : les usines européennes asphyxiées ferment, les dernières en date étant le site de Duisburg en Allemagne et tandis que Venator a suspendu ses activité à Scarlino, en Italie.

Les craintes de la Fipec et du Cepe

 

La Commission européenne doit soumettre au Conseil l’adoption de droits antidumping définitifs la semaine prochaine. D’où la nouvelle montée au créneau des filières utilisatrices du TiO2 , qui redoutent cette augmentation des coûts.  Dans un communiqué commun publié le 21 novembre, la Fipec française et le Cepe européen « exhortent les Etats membres à rejeter la proposition1 de la Commission européenne (CE) visant à imposer des droits antidumping sur les importations de dioxyde de titane (TiO2) en provenance de Chine ».

Selon ces organisations, pour les fabricants de revêtements (peintures) et d’encres, le TiO2 représente « jusqu’à 40 % du coût des matières premières et 20 % du coût du produit fini ». Autrement dit, leur infliger des droits de douane supplémentaires d’un montant de 11 à 40 % affecterait l’équilibre financier et la compétitivité de ces filières. D’après la Fipec et le Cepe, le secteur européen des peintures et des encres pèse 33 milliards d’euros et près de 150 000 personnes. En outre, les capacités industrielles européennes restantes dans le TiO2 seraient incapables de couvrir les besoins.

« Si les États membres confirmaient cette proposition, cela aurait un impact important sur le secteur des peintures, l’un des plus grands utilisateurs de TiO2, explique Christel Davidson, directrice générale de Cepe, citée dans le communiqué.La Commission adopte une approche à court terme de la compétitivité de l’Union européenne. Nous craignons que l’impact de ces droits, en particulier sur les PME et les industries connexes telles que celles de la construction ou d’autres comme celles du papier et de la cosmétique, outrepasse de loin l’avantage temporaire dont les fabricants européens de TiO2 bénéficieraient ».

Même son de cloche à la Fipec : « Les fournisseurs européens de TiO2 sont actuellement incapables de répondre à la demande de l’industrie européenne et les importations en provenance de Chine sont donc difficilement substituables, souligne Gilles Richard, son délégué général. En outre, les fabricants européens de peintures se retrouveront dans une situation concurrentielle désavantageuse par rapport à ceux d’autres régions du monde, qui pourront continuer à s’approvisionner en TiO2 en Chine à des prix inférieurs et exporter leurs peintures et encres sur le marché européen ».

A suivre…

C.G

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