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Accusé de viols, le curé de Massiac devant les assises du Cantal : "J’ai voulu satisfaire une jouissance personnelle"

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Il est libre, sous contrôle judiciaire. Depuis son interpellation en 2018, Philippe Pouzet, l'ancien curé de Massiac, a été incarcéré, deux ans, puis placé dans une abbaye et enfin dans un appartement du diocèse, chez lui, à Angers.

Derrière lui, la famille des plaignants est unie. Entre 2011 et 2017, quand le prêtre est en poste à Massiac, elle est décrite comme isolée dans le village. La mère est malade, le père est actif à la paroisse, les sept enfants vont à l’église. Le curé est poursuivi pour des agressions sexuelles sur trois d’entre eux, âgés au moment des faits de 12 à 17 ans, et pour des viols dénoncés par un quatrième, alors âgé de 14 ans.

Il est proche de la famille. Il fait des cadeaux, met sa voiture à disposition de l’un, paye l’abonnement téléphonique de l’autre. La rumeur enfle sur les bords de l’Alagnon, alors que les enfants dorment parfois au presbytère.

Entendus une première fois, ils nient tout attouchement de la part de l’ecclésiastique. L’affaire ne décolle qu’en septembre 2018 : une lettre du pape est lue à la messe par le successeur du père Pouzet. Elle évoque la pédophilie à l'église : l'un des enfants s'effondre, en larmes, devant l'assemblée.

Interpellé, le père Pouzet confirme les agressions sexuelles et des fellations qu’il aurait prodiguées à deux garçons. Il nie les pénétrations que dénonce difficilement le garçon de 14 ans.

Discours convenu

Entendu par la cour d'assises du Cantal, ce mercredi 6 novembre, il dit « reconnaître toute sa responsabilité d’adulte. J’étais égoïste, j’ai voulu satisfaire une jouissance personnelle ». Au cours de l’instruction, il a échoué à faire passer ce message, regrettant « s’être laissé piéger par des enfants en recherche d’eux-mêmes. »

Depuis, il s’est rappelé avoir été victime d’une agression sexuelle, à ses 13 ans, par un ecclésiastique de 40 ans. Il évoque une « dissociation » : « Je n’avais pas conscience que je faisais du mal. Comme on me l’avait fait, j’étais autorisé à le refaire. » Le père des plaignants fait un bond, choqué. L’avocat général Paolo Giambiasi rappelle qu’aucun expert n’évoque ce phénomène.

L'accusé est intelligent, et « votre intelligence interroge », l'excuse son avocat, Me Frédéric Franck. Philippe Pouzet est sur le gril, invité à s'expliquer, mais il peine dès que les questions deviennent concrètes, reste général, dans un discours attendu. Il s’excuse. « J’ai encore besoin d’avancer. » Un souffle se fait entendre. La famille des victimes a soupiré.

Pierre Chambaud