"Les larmes sont remplacées par la colère" : à Clermont-Ferrand, les salariés d'Auchan "ne veulent pas se laisser faire"
Le jour d’après. Assommés par l’annonce de la fermeture de l’hypermarché Auchan de Clermont-Ferrand (194 emplois), sans oublier la suppression d’une dizaine de postes dans l’hyper d’Aubière (350 emplois), les salariés puydômois du distributeur ont vécu ce mercredi « un réveil douloureux », raconte Christophe Delay, délégué syndical Force ouvrière.
Ils ont, comme la veille, pu compter au fil de la journée sur le soutien exprimé par de nombreux clients. Mais le brouillard reste toujours aussi épais quant à leur avenir.
L’hypermarché fermerait le 17 mai« On a 1.000 questions et aujourd’hui très peu de réponses », déplore le syndicaliste. Au lendemain de l’annonce nationale, après le coup de massue et la sidération, les représentants du personnel espéraient en apprendre davantage sur l’impact local des décisions nationales prises par le distributeur.
Les deux comités sociaux et économiques (CSE) extraordinaires tenus ce mercredi après-midi dans les hypermarchés d’Aubière et de Croix-de-Neyrat les ont laissés sur leur faim. « Ils n’ont servi à rien, on nous a répété le discours national », déplore Christophe Delay.
Deux grandes précisions, sur le calendrier, leur ont tout de même été apportées : selon les syndicats, l’hypermarché clermontois fermerait ses portes aux clients le 17 mai 2025 et aux salariés le 30 juin. « C’est inhumain, on nous donne ces dates et aucun élément sur l’avenir des salariés », commente le syndicaliste FO.
Droit d'alerte« On n’est pas satisfait de ce compte rendu, on n’a aucune information spécifique sur notre magasin, appuie Nicolas Deluzier, délégué syndical CGT à Auchan nord. On espérait voir les traces d’un dossier spécifique pour la recherche d’un repreneur mais on n’a aucun document qui atteste qu’ils ont commencé cette recherche. Ça fait peur, on a déjà l’impression qu’ils ne veulent pas de repreneur, alors qu’ils sont propriétaires du site. »
S’ils ont exercé leur droit d’alerte afin de demander l’expertise d’un cabinet extérieur sur la situation de l’hypermarché, les représentants du personnel s’en remettent désormais au prochain CSE extraordinaire national, prévu la semaine prochaine, pour en savoir plus.
Une action dès la semaine prochaine ?Parallèlement, la mobilisation prend aussi forme localement :
« Les larmes sont remplacées par la colère. Les salariés ont commencé à relever la tête et ne veulent pas se laisser faire, obtenir le plus possible voire le maintien du magasin. On va construire cette mobilisation avec les salariés mais aussi les clients et les habitants des quartiers nord pour qui Auchan est une institution. »
Un premier grand rassemblement pourrait être tenu d’ici la fin de semaine prochaine, voire le début de la suivante. « On réfléchit aux actions mais il ne faut aussi laisser un peu de temps pour se remettre de cette annonce, c’est encore très difficile psychologiquement pour les salariés », commente Christophe Delay, qui demande aussi « aux pouvoirs publics de prendre position car cette décision a un impact sur tout le quartier, or Auchan a reçu de nombreuses aides d’État ces dernières années?! »
Le préfet « préoccupé »Ces dernières 48 heures, ils ont déjà reçu le soutien de nombreux élus locaux, de tous bords. Signe de la mobilisation locale, le préfet du Puy-de-Dôme Joël Mathurin, qui commente rarement les plans sociaux locaux, s’est dit lui-même « préoccupé par cette annonce et son impact sur l’équilibre territorial clermontois » et « extrêmement vigilant sur l’ensemble des mesures mises en œuvre pour la préservation de l’emploi mais aussi sur les réponses aux obligations en matière de recherche de repreneur », assurant que « si des offres de reprise de magasins se présentent, les services de l’État les faciliteront dans le cadre des compétences qui sont les leurs ».
Arthur Cesbron