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Ноябрь
2024

Au Puy-en-Velay, le mythique Michelet rouvre ses portes

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Demain soir, à 18 heures, un nouveau chapitre s’ouvre pour le Michelet. Après plusieurs années de fermeture et son placement en liquidation (en juin 2021, ndlr), le mythique établissement rouvre ses portes. Retour sur l’histoire séculaire de cette institution ponote, dont la renaissance ravive de vieux souvenirs à tous ceux qui l’ont côtoyé.

« La plus vieille maison de la place Michelet »

Ce bar, la famille Ravel, tenancière d’un autre monument de la place Michelet, l’a toujours connu. Lorsque Pierre, la mémoire vivante du quartier, ouvre le bar des Colonnes au début des années 50, le Michelet voisin affiche déjà une belle longévité : au moins un demi-siècle d’existence. Il apparaît notamment sur une carte postale de Margerit-Brémond, datée de 1909, illustrant le départ des autobus, ancienne génération (ci-dessous).Le Michelet autrefois. Le départ des autobus en 1909.

« Le Michelet, reprend Denis Ravel à qui son père a transmis le bar des Colonnes et l’histoire du quartier, c’est la plus vieille maison de la place » - baptisée Michelet à l’issue de la construction du théâtre du Puy, à la fin du XIXe siècle (1). Une demeure accueillante qui a aujourd’hui encore fière allure, malgré un âge avancé qui a parfois posé difficulté. « Le Michelet, témoigne Norbert Sahuc, c’est une boîte d’allumettes. Son ossature est en bois et ses montants en pierres, enduits à la chaux d’Espaly-Saint-Marcel », décrit l’ancien patron de l’établissement qui, avec son associée Nadine Sabatier, garde en mémoire « les gros travaux » qu’il a fallu entreprendre « pour consolider » et restructurer la bâtisse, avant d’accueillir la clientèle, « en mai 2008 ».

Avant eux, plusieurs gérants se sont succédé derrière le comptoir de ce lieu de vie et de convivialité. « À la fin des années 40, c’est Jean Fayolle qui tenait le Michelet », retrace Denis Ravel. Ses deux sœurs, elles, étaient au café du Théâtre (situé en lieu et place de l’actuelle Mie Câline, sur le boulevard du Breuil). Il y a ensuite eu « un nommé Rolland, dans les années 60 » à la tête de l’institution, puis « une famille de Bretons » qui a marqué le Michelet de son empreinte : les Catellier.Sur cette carte postale, conservée par Pierre et Denis Ravel, on aperçoit à gauche, l’ancien cinéma, un café (aujourd’hui le bar des Colonnes), le Central et le Michelet à droite. carte postale dr

Avec elle, l’établissement opère un virage dans les années 80. Il se mute « en piano-bar », une formule à succès. « C’était les grandes années du Michelet, se remémore l’ex-cafetier, Jean-François Exbrayat. L’établissement était le point de chute du Cop football qui évoluait à l’époque en deuxième division (dès 1984 et jusqu’en 1989, ndlr). C’était, commente celui qui occupe aujourd’hui les fonctions d’adjoint au maire, The place to be » ; « Le repère de tous les fêtards, abonde Norbert Sahuc. Ça marchait super bien. Il fermait plus tard que tous les autres bars, vers 3 heures du matin ».

« The place to be »

« Christophe Catellier et sa sœur sont partis en 2007 », après des décennies de fête. Après leur départ, ceux qui leur ont succédé se sont attachés à perpétuer la tradition d’accueil, à toute heure du jour et de la nuit, instaurée par la famille Catellier ; à l’amplifier même. Norbert Sahuc et Nadine Sabatier en ont fait un lieu incontournable de la cité ponote, recevant tour à tour les policiers à l’heure du café, les actifs et pétanqueurs à la pause déjeuner ou encore les oiseaux de nuit jusqu’au petit matin.

« On a vécu des moments inoubliables »… jusqu’en 2016, date du clap de fin pour Norbert Sahuc et son associée. « Toutes les soirées ont été formidables. C’est pour ça que je suis retourné dans le milieu de la nuit », ajoute l’ancien gérant du Michelet. Aujourd’hui à la tête du Babylone à Brives-Charensac, Norbert Sahuc se réjouit de voir rouvrir cet établissement, dont la réputation avait été quelque peu ternie par son successeur (2). Impérissable, elle s’offre demain, un nouveau départ. 

(1) La place du Breuil s’étendait jadis jusqu’au Michelet, jusqu’à ce qu’elle soit physiquement coupée en deux par le théâtre du Puy.

(2) Il avait notamment été cité à comparaître devant le tribunal correctionnel du Puy l’an passé, pour répondre des faits d’escroquerie et de fraude fiscale.

Ophélie Crémillieux