La fromagerie L'artisanale de Ris vient d'être reprise, mais par qui ?
Voici déjà quelques années que Pierre Gevolde voulait passer la main. À la tête de la fromagerie L’artisanale de Ris, sur les bords de la très fréquentée D906 à la sortie de Ris, le patron qui avait repris la structure alors quinquagénaire en 2000, aura donc dû attendre jusqu’en octobre 2024 pour son départ à la retraite. Et n’aura, au final, pas a eu à chercher très loin pour trouver son repreneur. Même si plusieurs avaient candidaté.
Le gaperon, la pièce maîtresseLe nouveau couple de gérants, Anthony Servantie et Aurore Antier, est loin d’être étranger à l’affaire. Entrée dans la structure il y a quinze ans, passée à tous les postes, de la préparation de commandes à la boutique en passant par la fabrication, Aurore fut par la suite promue responsable qualité. En résumé, elle connaît bien son affaire. Il a pourtant fallu l’insistance du conjoint pour se jeter à l’eau.
À l’époque, il y avait déjà un repreneur qui était sur le coup mais Anthony m’a poussée à présenter notre candidature. En tant qu’entrepreneur individuel, il sait comment marche une entreprise. Moi de mon côté, j’aime mon travail, et le fonctionnement de la fromagerie qui reste artisanal sans automatisation. Et je ne voulais pas que la structure soit rachetée par un grand groupe.
Avec ce changement à la tête de L’artisanale de Ris, "rien ne change", insiste Aurore Antier. Ni le nom, ni les horaires, ni le nombre d’employés : "Six salariés et deux gérants." Avec l’envie de poursuivre dans la même direction que le sillon tracé depuis plus de vingt ans par Pierre Gevolde. Aujourd’hui, la fromagerie transforme près de 640.000 litres de lait (500.000 litres de vaches, 70.000 de chèvres et autant de brebis) et affine 28 références dont le gaperon, pièce maîtresse en termes de vente, "de loin", et qui s’exporte dans toute la France, comme à Rungis. "100.000 unités par an pour celui de vaches et nous en fabriquons 1.000 par jour du lundi au jeudi", précise Aurore.Un succès qui ne doit pas en cacher d’autres comme celui du Terre dieu, fromage de brebis, distingué d’une médaille d’or au Mondial du fromage de Tours en 2023. "C’est la première fois que nous présentions un fromage à un concours et nous allons continuer", détaille la repreneuse avec déjà un candidat en tête : le fameux gaperon (de chèvres) vendu à travers la France. Une question de prestige, peut-être, mais surtout un formidable outil de communication : "Le Terre Dieu nous a amené une nouvelle clientèle." Des clients que l’on trouve en boutique pour la moitié, l’autre moitié du côté des grossistes, grandes surfaces et autres crémeries.
Vente en ligneLa vente pour les particuliers pourrait à l’avenir connaître une progression puisque le couple compte jouer la carte du numérique pour doper les ventes. « Certains de nos clients en boutique sont simplement de passage et nous demandent comment se procurer les fromages. Nous allons donc lancer la vente en ligne par internet et accentuer la communication via Facebook. » Concernant la vente aux professionnels, la structure veut être plus présente dans l’Allier ou le territoire de Roanne dans la Loire.Enfin, véritable ADN de la fromagerie artisanale, la création ne sera pas oubliée, mais dans une moindre mesure. "Pierre Gevolde a eu pour habitude de créer un fromage à chaque nouveau petit enfant et il en a eu six ! Moi, je n’en suis pas encore à cette étape (sourire) mais nous aimerions travailler sur une nouvelle création pour débuter, en collaboration avec les employés." Une équipe actuellement composée exclusivement de personnel féminin excepté un salarié à mi-temps.
À L’artisanale de Ris "rien ne change" et c’est tant mieux : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, les meilleurs fromages aussi peut-être.
Yann Terrat