Ce collectif construit une "halle de la liberté" à Arronnes, pour que tout le monde puisse en profiter
Ils font ça juste « pour le plaisir » et « pour que tout le monde puisse en profiter ».
Le bourg d'Arronnes se visite tel un musée à ciel ouvert
Deux architectes bénévoles pour le conseil, un entrepreneur créatif pour la découpe du bois (du chêne ancien), et surtout une vingtaine de volontaires motivés pour les bras : c’est le joyeux équipage arronnais qui construit actuellement, de ses mains et sans visseuse, une halle d’inspiration romane face à l’église clunisienne du village de 400 habitants.La nouvelle halle fait face à l'église clunisienne.
Aucun détail du bourg ne leur échappeIls n’en sont pas à leur coup d’essai : le jardin botanique, près de l’église ; l’ancien restaurant, racheté par la mairie et en cours de rénovation ; et même le caniveau qui longe la rue de la mairie : chaque détail du bourg est peu à peu embelli par des habitants volontaires, uniquement motivés par l’amélioration de leur cadre de vie, et par l’envie de « faire ensemble ».François Szypula, maire d'Arronnes, et Dominique Guglielmini, adjoint, sont tous deux impliqués dans le projet.
Mais ce nouvel édifice, qui sera terminé dans les semaines à venir (en fonction de la météo) aura fait l’objet d’un travail particulièrement minutieux. « On a repéré la halle d’un séchoir qui était en train d’être démontée au Mayet-de-Montagne, explique François Szypula, maire d’Arronnes et instigateur du projet. C’était il y a cinq ou six ans. Et on a demandé au propriétaire si on pouvait la récupérer. »
À l'ancienne : aucun boulon dans la structure, assemblée avec des tenons et des mortaises.
Ce dernier accepte, mais la halle ne pourra être remontée en l’état : les bois sont trop abîmés. « On a récupéré toute la structure, on l’a numérotée, et on s’en est servi comme modèle pour construire une nouvelle halle. »Michel Gérard, scieur à Lavoine, a apporté une aide indispensable au projet. « On a cherché des sections de chêne ancien, et j’ai mis trois semaines à les retailler, d’après le modèle. »Michel Gérard a également vieilli les liteaux, pour qu'ils adoptent la teinte du chêne ancien.Gérald de Salins, architecte spécialisé dans le bâti ancien, a conseillé le collectif, et même mis la main à la patte. Une ancienne statuette de Saint-Jacques, patron des marcheurs, a été installée dans une niche vitrée au sommet de la halle.
Onze mille tuiles, 70 m² et 5,50 m de hauteurTuiles des années 1850 (11.000 exemplaires !), dalles de Volvic pour le sol, et même chapiteaux en pierre sculptés sauvés d’une ruine : les bénévoles ont mis trois ans pour sourcer tous les matériaux anciens, locaux et récup’dont ils avaient besoin pour bâtir les 70 m² de cette halle, qui culmine à 5,50 m. Avec un soin tout particulier apporté à l’esthétique et à la méthode de construction, traditionnelle.Des chapiteaux en pierre sculptée servent de base aux piliers en chêne. Ils viennent d'une ruine du Puy-de-Dôme.Seule aide "moderne" au chantier : un tracteur installer la charpente et la toiture, et bien sûr des casques pour la sécurité.
« Elle servira pour les marcheurs, pour les associations, pour des concerts, notre cinéma en plein air l’été… Et même pour des apéros si les gens le souhaitent !, se prend à rêver le maire. C’est un espace de liberté. Notre halle de la liberté. »
Texte Sandrine Gras
Photos François-Xavier Gutton