Un chantier titanesque pour sécuriser l'accès de centaines d'usagers à l'eau potable vient d'être achevé en Haute-Loire
L’eau si précieuse n’est pourtant pas le bien le mieux partagé. Mais cela devrait changer vu la situation climatique. L’année 2024 particulièrement arrosée n’a pas freiné les projets, si l’on en croit Jean-Pierre Morvan, directeur de la délégation Allier Loire amont de l’Agence de l’eau Loire Bretagne.
Le syndicat des eaux de la région de Tence et celui de Montregard (Dunières, Montfaucon, Raucoules, Lapte et Grazac) viennent pour leur part de mener à bien un gros chantier pour assurer la sécurisation de l’alimentation en eau potable de plusieurs communes en cas de sécheresse. Il s’agit de Tence, Chenereilles, Le Mas-de-Tence, ainsi qu’une partie des localités de Montregard, du Mazet-Saint-Voy et de Saint-André-en-Vivarais, en Ardèche.
Jeudi, élus, représentants des entreprises ayant participé à la réalisation du réservoir de la Collange (Montregard) et Fabrice Bonicel, sous-préfet de l’arrondissement d’Yssingeaux, ont inauguré les structures qui doivent assurer cette sécurisation pour les 2.700 abonnés des localités qui sont jusqu’ici approvisionnées par deux ruisseaux du Mas-de-Tence : le Crouzet et le Chaudier. Les deux cours d’eau en question ont connu un niveau critique en 2003. « Nous étions à la limite des autorisations de prélèvement », admet Olivier Broussard, président du syndicat tençois.
Le réservoir est situé à la sortie de Montfaucon, en bordure de la route de Saint-Bonnet-le-Froid. Un peu plus de 2 millions d’euros ont été nécessaires à sa construction et celle d’une canalisation. L’Agence de l’eau a apporté la plus grosse contribution. L’État au titre de la DETR et le département ont également participé, soit au total près de 77 % de subventions. « Depuis la sécheresse de 2003, il y avait pour nous l’obligation de trouver une solution pour diversifier notre ressource en eau potable », indique Olivier Broussard, président du syndicat tençois. Des différents scénarios étudiés, l’interconnexion avec le syndicat des eaux de Montregard est apparue la plus pertinente, d’autant plus que celui-ci dispose en plus d’une vingtaine de captages, d’une connexion avec le barrage de Lavalette, immense réservoir de 55 millions de mètres cubes.
Le projet entre les deux syndicats, « qui devrait faire école », estime le sénateur Olivier Cigolotti qui participait à l’inauguration, a été validé en 2022, pour la création du réservoir de tête de 800 m³. Une convention d’achat d’eau a été signée fin de 2022. Les travaux ont débuté en 2023.
Une canalisation de près de 10 km a vu le jour entre la station de traitement des Hostes (Le Mas-de-Tence) et celle de la Collange (Montregard). Le chantier du réservoir lui-même s’est achevé au mois d’octobre de cette année. Bernard Souvignet en convient : « L’idée de fournir de l’eau à Tence n’a pas été admise immédiatement. » Le maire de Raucoules et président du syndicat de Montregard souhaite désormais que cette eau soit achetée régulièrement par le syndicat de Tence (celui-ci s’y engage) car il faut bien penser désormais à amortir la structure. Une eau qui est facturée 77 centimes au sortir de la station, au même prix que pour les communes adhérentes au syndicat de Montregard. Pour les habitants, qu’importe le fournisseur. L’important n’est-il pas surtout d’éviter la rupture d’approvisionnement !
Philippe Suc