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Ноябрь
2024

Quand l'internat est aussi une école de la vie, au lycée Jean-Monnet à Yzeure

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Ce serait à refaire, ils referaient exactement la même chose. Pourtant, Ezio et Chloé n’étaient encore que des ados quand ils ont quitté leur famille, leurs amis, leur environnement familier pour partir étudier l’art et les techniques du verre au lycée Jean-Monnet.  Originaire de Maine-et-Loire, Ezio avait 15 ans. Même âge pour Chloé alors solidement enracinée dans son Puy-de-Dôme natal (1). Abrité dans un immeuble de six étages (2) campé dans l’enceinte de la vaste cité scolaire yzeurienne peuplée par 1.500 élèves, l’internat est une espèce de ville dans la ville avec ses 267 pensionnaires.

Une communauté 

Ezio raconte qu’il s’est rapidement senti comme un poisson dans l’eau dans cette presqu’île où tous les habitants se connaissent. L’impression d’avoir trouvé comme une seconde famille?? Il confirme :

C’est une communauté dans laquelle on ne se sent jamais tout seul. Les copains sont toujours là. Le fait de vivre tous ensemble, en dehors de l’école, cela fabrique des liens et des souvenirs forts. J’ai déjà passé cinq ans de ma vie à l’internat et je sais que pas mal d’élèves resteront des amis après.

Chloé renchérit en racontant qu’elle s’est vite fait sa place. Malgré ses légitimes appréhensions initiales : « Parce que je n’avais jamais quitté ma ville, Clermont-Ferrand, j’avais un peu la peur de l’inconnu. Mais, finalement, j’ai facilement trouvé mes marques ». Comme à la maison?? C’est presque mieux que ça :

Tout en m’apportant une certaine forme de liberté de mouvement, la vie en internat m’a responsabilisée et m’a permis de gagner en autonomie, raconte la jeune interne de 17 ans. C’est une belle expérience qui me permet sans doute de grandir plus vite.

Et les cours dans tout ça?? Les deux internes n’oublient pas que s’ils sont exilés loin de chez eux, c’est pour mieux se consacrer à leurs études. Et dans ce domaine-là, Ezio et Chloé s’estiment également « privilégiés ».

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De concert, ils parlent d’un internat leur offrant des « conditions propices » non seulement à leur apprentissage, mais aussi à leur épanouissement personnel. Aide aux devoirs, activités éducatives, sportives, culturelles. Encadré au quotidien par six surveillants (AED) et supervisé par quatre conseillers principaux d’éducation (CPE), l’internat, outre évidemment le gîte et le couvert, leur apporte toutes ces offres sur un plateau. Les objectifs?? Favoriser l’accrochage, la réussite scolaire, le développement des ambitions des élèves, en leur proposant un biotope aux petits oignons. Pour toutes ces raisons, l’internat du lycée Jean-Monnet a été labellisé internat d’excellence par le rectorat. Rien à voir avec l’architecture de son bâtiment contemporain très quelconque ou avec le confort de ses chambrées d’apparence très ordinaire, voire assez spartiate.

Thierry Mathon, le proviseur du lycée Jean-Monnet, explique d’ailleurs que ce n’est pas sur ces critères que l’internat a décroché sa labelisation : « Nous ne sommes pas dans un hôtel cinq étoiles, loin de là, ce n’est pas le grand luxe, souligne-t-il. Notre pierre angulaire, c’est l’accueil des élèves, leur accompagnement, l’aide aux devoirs et toute une palette d’animations et de propositions culturelles, ludiques et sportives tout au long de l’année ». Pour contribuer à orchestrer et à rythmer cette petite musique du quotidien, les assistants d’éducation de l’internat sont recrutés en fonction de leurs profils, de leurs compétences, de leurs centres d’intérêts. Bref, l’établissement ne se présente pas comme une prison où les internes seraient cornaqués par des gardes-chiourmes retors. Thierry Mathon insiste. Car ce professionnel de l’éducation sait que le cliché assimilant les internats à des versions à peine améliorées du milieu carcéral ont encore la peau dure au XXIe siècle dans l’imaginaire collectif. Le message est clair : « Les internes ne sont pas des prisonniers ». Mais des ados ou de jeunes adultes accueillis « de façon bienveillante », voire « familiale ». Avec « la volonté et l’exigence » de les emmener vers le haut. Alors, bien sûr, il y a des règles à respecter entre le réveil le matin à 6?h?45 et l’extinction des feux pour tout le monde à 22?h?30. Plages horaires consacrées à l’étude, aux diverses activités, aux repas du matin et du soir, au temps libre. Tout est calculé, organisé. Et se doit d’être respecté. Mais c’est aussi ça l’apprentissage de la vie en communauté.

À bonne école

À l’internat, les élèves sont à bonne école. Et ce cadre formel et rigoureux favorise leur implication dans leurs études, appuie Thierry Mathon :

 Pour moi, l’internat est clairement un levier de réussite. C’est son essence même, sa raison d’être.

C’est d’ailleurs le ressenti exprimé par Chloé. Forte de ses deux années d’expérience à Jean-Monnet, la jeune interne mesure ses progrès accomplis scolairement.

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Mais aussi humainement :  « J’ai gagné en maturité, en indépendance, en rigueur dans mon travail. Je ne vois pas de points négatifs. L’internat, je le considère comme une chance et une belle aventure pour moi ». 

(1) Ezio est en dernière année de brevet des métiers d’art en décoration sur verre. Chloé est en première année de brevet des métiers d’art souffleur de verre. (2) Les étages de l’internat sont mixtes, mais pas les chambres.