Pour le général Bitouzet, qui commande les écoles de gendarmerie, la proximité est "la base de l'engagement du gendarme"
Pour la sortie de la 61e promotion des élèves gendarmes, le jeudi 31 octobre à Tulle (Corrèze), le général Laurent Bitouzet, qui commande depuis septembre dernier les écoles de la gendarmerie nationale, a insisté sur les liens étroits que les gendarmes doivent entretenir avec la population, « pour pouvoir la rassurer ».
Vous venez d’assister à la sortie d’une promotion d’élèves gendarmes. La France forme-t-elle assez de gendarmes pour faire face aux besoins accrus en matière de sécurité ?
Oui. Nous formons chaque année entre 12.000 à 13.000 gendarmes, c’est beaucoup et cela couvre les besoins. On dimensionne aux besoins en effectifs notamment pour répondre à la création de 200 nouvelles brigades prévues dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur. Cela répond aussi au remplacement des départs à la retraite. À cela, s’ajoute la formation continue des gendarmes, nous en formons 22.000 par an aux nouvelles technologies, aux avancées scientifiques…La cérémonie de la sortie de la 61e promotion de l'école de gendarmerie de Tulle. /31/10/2024/photo Agnes Gaudin
Vous avez insisté sur la proximité que le gendarme doit avoir avec la population. Est-ce toujours le cas ?
La base de l’engagement du gendarme, c’est la proximité. Il est là pour maintenir l’ordre public et pour cela, la meilleure manière est de bien connaître la population. Un gendarme est logé là où il fait de la sécurité et cela nécessite de bien connaître les gens qui y vivent. Il doit pouvoir parler avec tout le monde, comprendre par exemple les personnes enfermées dans un monde numérique, avoir l’esprit ouvert et bienveillant. Le gendarme est au cœur de la société, il est là souvent pour résoudre des difficultés. Il doit être formé, être robuste pour recueillir la « misère du monde », il a un rôle d’assurance.
Est-ce que les Jeux olympiques, sur lesquels les gendarmes ont été mobilisés, ont changé le regard de la population sur eux ?
Je suis allé aux JO avec des élèves officiers et ils ont été éblouis par les sourires que les Parisiens et spectateurs leur renvoyaient. Les JO ont montré qu’il est possible de faire de la sécurité dans un monde apaisé, que l’on peut produire de la sécurité avec une bonne acceptation des habitants.
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Est-ce que cela ne correspondrait pas à une quête d’une partie de la population : de plus en plus d’ordre ?
Je ne sais pas. Ce que je sais, en revanche, c’est que gendarme est un métier difficile car le public attend une réponse rapide. Mais on ne se rend pas compte de la reconnaissance qu’ont les gendarmes au quotidien, les gens qui les remercient et cela est pour nous une grande satisfaction parce qu’être gendarme, c’est souvent un sacerdoce.La cérémonie de la sortie de la 61e promotion de l'école de gendarmerie de Tulle, le jeudi 31 octobre. Photo Agnes Gaudin
La France vient de prendre la présidence de la FIEP, association de forces de gendarmerie et de police à statut militaire. En quoi cela est un plus pour la sécurité intérieure ?
C’est un plus indéniable. À Tulle, l’école de gendarmerie fait par exemple des échanges de formations avec l’Espagne. C’est un partage de bonnes pratiques, de nouvelles techniques… Cela permet de faire bénéficier aux pays qui participent à la Fiep de ce qui se fait de bien ailleurs. C’est toujours extrêmement enrichissant.
Estelle Bardelot